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Billet de blog 4 juin 2024

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Le Marché de la poésie déprogramme ,la Palestine invitée d’honneur

Yves Bourdier, président de l’association organisatrice du festival, annule la mise à l’honneur de la littérature palestinienne. La 42e édition du Marché de la poésie, organisée autour de l’anthologie d’Abdellatif Laâbi .

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Littérature - Le Marché de la poésie déprogramme ,la Palestine invitée d’honneur pour 2025

La 42e édition du Marché de la poésie, organisée autour de l’anthologie du poète marocain d’Abdellatif Laâbi ,   revient sur sa décision d’avoir la Palestine comme invitée d’honneur en 2025.

par Charline Guerton-Delieuvin

Son souhait est clair : la 42e édition du Marché de la poésie, organisée en 2025, ne se transformera pas en «scène politique». Yves Bourdier, président de l’association organisatrice du festival, annule la mise à l’honneur de la littérature palestinienne. Il en a informé le poète Abdellatif Laâbi, dont l’anthologie parue en 2022 (1) devait être au centre des festivités, par une lettre écrite fin mai par le délégué général, Vincent Gimeno-Pons. «Cependant (est-il la peine de t’en dire plus ?), la situation tragique actuelle ne permet plus d’envisager ce projet», sous-entendu le pays n’a pas les financements nécessaires. Pour inviter une délégation d’environ huit poètes, «il y a un important travail et budget à engager derrière, précise Yves Bourdier à Libération. Il doit prendre en charge les transports, les frais annexes… Près de 40 000 euros. Est-ce que la Palestine a les moyens de soutenir la manifestation dans ce contexte ?» Outre ce critère, il évoque la difficulté et la crispation autour des rencontres organisées entre des écrivains israéliens et palestiniens. Ces derniers refusent de faire face à leurs homologues «tant que le conflit dure».

Programmer la Palestine était un souhait confirmé depuis juillet 2022 et, le Marché de la poésie travaillait depuis avec Abdellatif Laâbi qui, contacté, n’a pas donné suite à nos sollicitations. Quelques jours après avoir reçu la lettre de Vincent Gimeno-Pons, il a rendu public ses échanges et sa réponse sur son compte Facebook. Il écrit : «J’estime que les raisons que vous invoquez pour justifier un tel revirement sont politiquement biaisées et moralement insupportables. Je m’attendais de votre part à plus de discernement et de courage. […] Votre décision de ne pas laisser libre cours [aux poètes et poétesses palestiniens] l’an prochain fera planer un doute sur votre bonne foi en tant qu’organisateurs du Marché de la poésie, et mettra à mal l’avenir même de ce dernier.» Yves Bourdier regrette et s’étonne de sa réaction : «Il est dans le déni […] comme si le monde était celui du 6 octobre.» Pour autant, pour la 41e édition, organisée du 19 au 23 juin sur la place Saint-Sulpice, à Paris (VIe arrondissement), il ne craint aucune incidence sur le nombre de visiteurs, estimé à 500 000. Pour Abdellatif Laâbi, les poétesses et poètes palestiniens «sont plus humanistes que vous et moi. Leurs voix nous sont indispensables».

(1) Anthologie de la poésie palestinienne d’aujourd’hui. Textes choisis et traduits de l’arabe par Abdellatif Laâbi. Points, 192 pp., 8,90€.

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