Source " Les univers du livre - ACTUALITE "
Le désastre
Qu'est ce qu'évoque ce livre de recherche historique, signé Ilan Pappé ? Patrick Bobulesco présente : « Il révèle que l'exode des Palestiniens en 1948, ou La Nakba (désastre), était en réalité le fruit d'un plan élaboré bien avant le début des hostilités, et non simplement une conséquence accidentelle de la guerre. Il impliquait notamment la pression, la menace et la destruction de la société urbaine palestinienne. »
D'après les conclusions de l’Israélien, en effet, bien avant le début de la guerre, les dirigeants du mouvement sioniste étaient pleinement conscients que la cohabitation avec la population autochtone serait difficilement conciliable avec leurs ambitions. Selon l'historien, le transfert de la population arabe n'a pas été une circonstance fortuite, mais une composante intrinsèque du projet sioniste dès ses origines.
À la fin de 1947, la Palestine compte près de 2 millions d'habitants : un tiers de Juifs, deux tiers d'Arabes. La résolution 181 des Nations unies décide sa partition en deux États : l'un doit être presque exclusivement peuplé d'Arabes; dans l'autre, les Juifs seraient légèrement majoritaires. Un an plus tard, c'est un État à très forte majorité juive, Israël, qui occupe 78 % de la Palestine.
Plus de 500 villages ont été rasés, de nombreuses villes ont presque entièrement perdu leur population arabe. Et 800.000 Arabes palestiniens originaires des territoires qui font désormais partie d'Israël peuplent des camps de réfugiés hors de ses frontières. A en croire l'historiographie israélienne traditionnelle, cette situation serait la résultante imprévisible, involontaire, des aléas d'un conflit armé : la première guerre israélo-arabe. Mais Ilan Pappé en donne ici une explication bien différente.
À l'aide de documents d'archives, de journaux personnels, de témoignages directs, il reconstitue en détail ce qui s'est vraiment passé à la fin de 1947 et en 1948, ville par ville, village par village. Apparaît alors une entreprise délibérée, systématique, d'expulsion et de destruction: un "nettoyage ethnique" de la Palestine.
En quelques mois, forts de leur supériorité militaire, de leur accord secret avec le roi de Jordanie, de la passivité complice des soldats britanniques et de l'impéritie de l'ONU, les dirigeants du mouvement sioniste ont organisé le "transfert", par la violence et l'intimidation, d'une population arabe plutôt pacifique, sans défense, abandonnée de tous.
À la veille du soixantième anniversaire de la création de l'État d'Israël (Ndr : 14 mai 1948), ce livre passionnant vient rappeler que la résolution du problème des réfugiés doit être la pierre angulaire de toute tentative de paix dans la région.
- Présentation de l'ouvrage par les éditions Fayard.