L’année 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée, ainsi que celle où nous avons vu les compagnies d’assurance abandonner leurs clients les plus affectés par les risques climatiques. Le dérèglement climatique, principalement causé par la combustion d’énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) s’accompagne de catastrophes climatiques toujours plus intenses et fréquentes: feux de forêts, inondations, sécheresse, ouragans, montée des eaux… Autant d’événements extrêmes et destructeurs, dont les dégâts s’élèvent à 250 milliards de dollars de dégâts pour l’année 2023. Pourtant, la part de ces dégâts qui ne sont pas couverts par les compagnies d’assurance augmente d’année en année: de 55% en 2022, elle est passée à 69% en 2023. Sur 100€ de dommages climatiques, seuls 30€ sont assurés.
En 2015, Henri de Castrie, alors PDG d’AXA, avait déclaré qu’un monde plus chaud de 4 degrés serait impossible à assurer. Alors que nous découvrons les premières difficultés d'assurance des risques climatiques dans un monde déjà réchauffé de 1.2 degré, ces prévisions semblent sous-estimer cette nouvelle réalité pour le secteur. Depuis janvier 2024, entre 1 000 et 2 000 communes en France, telles que les Sables-d’Olonne, ont étés privées d'assurance à cause des risques climatiques, laissant les communautés extrêmement vulnérables et les valeurs immobilières en chute libre. Les compagnies d’assurances préfèrent répercuter les coûts de la crise climatique sur les communautés et les individus, plutôt que de faire payer les responsables (les compagnies d’énergies fossiles). Au contraire : au lieu d’atténuer les risques, des assureurs tels qu’AXA aggravent la crise climatique en continuant à assurer de nouveaux projets d’énergies fossiles.
Le gaz naturel liquéfié est une fausse solution
Le média d'investigation Disclose a révélé qu’AXA assure plusieurs terminaux de gaz naturel liquéfié aux États-Unis, en France et en Belgique. Bien que qualifié de “naturel”, le GNL est loin d’être une source d’énergie propre ou de transition mais est simplement une nouvelle manière de transporter du gaz fossile, en augmentant les distances et les quantités.
Aux Etats-Unis, l’entreprise française assure par exemple le terminal Tacoma LNG, mis en service en 2021, Freeport LNG, deuxième plus grand terminal du pays, dont les émissions représentent 75 MtCO2/an, soit un quart des émissions domestiques de la France, ou encore Cameron LNG, un des plus grands terminaux du Golfe du Mexique. Un business destructeur mené main dans la main avec TotalEnergies, numéro deux mondial du GNL, détenant en partie Cameron LNG. TotalEnergies entend même augmenter sa production de GNL de 50% d’ici 2030.
L’impact environnemental du GNL est désastreux. Les fuites de méthane tout au long de sa chaîne de valeur (un gaz qui a un effet 80 fois plus fort sur le réchauffement climatique que le CO2), peuvent même faire en faire une énergie plus polluante que le charbon, considéré comme le pire combustible fossile. Le soutien au GNL étasunien alimente également la fracturation hydraulique et le recours au gaz de schiste, méthodes interdites en France du fait de leur impact environnemental.
Les terminaux gaziers européens soutenus par AXA
En plus de verrouiller notre dépendance aux énergies fossiles en permettant le développement de terminaux d’une durée de vie de 15 ans, AXA soutient une industrie qui a des conséquences dramatiques à l’échelle mondiale comme au niveau local. Au Texas, au Nouveau-Mexique et en Louisiane, l’extraction et le transport de gaz liquéfié ont engendré une détérioration de la qualité de l’air, une contamination de l’eau et une augmentation du risque de maladies respiratoires, de problèmes à la naissance et de cancers dans des populations déjà victimes d’oppressions systémiques, pour la plupart racisées, autochtones et à faibles revenus.
En juin 2022, une explosion et un incendie du terminal de Freeport ont forcé sa fermeture. Depuis sa réouverture en mars 2023, il continue de présenter un risque et a subi de nombreuses fermetures en raison de problèmes avec ses tuyaux, ses réservoirs de stockage de GNL et ses moteurs électriques, ainsi que d'autres enjeux de sécurité non divulgués. Les habitants qui vivent à proximité des usines de prétraitement et de liquéfaction du GNL ont été choqués par les relevés récents des caméras optiques de détection des gaz, qui ont montré que des quantités massives de méthane sont constamment émises par Freeport LNG dans les communautés.
En Europe aussi, AXA assure les infrastructures d’importation de GNL. Une activité qui fait d’AXA un soutien de poids pour le premier importateur de gaz russe en Europe, malgré la guerre en Ukraine. AXA assure entre autres Dunkerque LNG en France, deuxième plus important terminal de l’Union Européenne. À quelques kilomètres à peine de ce terminal, qui importe des milliards de m3 de gaz fossile par an, des milliers de personnes ont été frappées par des inondations historiques à répétition cet hiver, renforcées par le dérèglement climatique. La facture est toujours plus lourde pour les assureurs : le coût des inondations entre novembre et janvier derniers dans les Hauts-de-France a été estimé à 640 millions d'euros.
La science est claire : les nouveaux projets pétroliers et gaziers ne sont pas compatibles avec un avenir vivable. À la veille de son assemblée générale annuelle, il est temps pour AXA de cesser d’être un complice de l’industrie fossile, qui nous emprisonne pour plusieurs décennies dans un modèle énergétique destructeur. AXA a su faire preuve de courage et de leadership dans le passé pour inspirer toute une industrie à s’engager contre le développement du charbon. Maintenant, l’entreprise doit protéger ses clients des pires impacts du dérèglement climatique et s’engager à arrêter son soutien aux terminaux de GNL.