Inter-réseaux Mémoires-Histoires

Abonné·e de Mediapart

1 Billets

0 Édition

Billet de blog 26 juin 2024

Inter-réseaux Mémoires-Histoires

Abonné·e de Mediapart

L'Histoire contre la haine

Texte d'appel de l'Inter-réseaux Mémoires-Histoires et des réseaux d'acteurs qui luttent sans relâche depuis plusieurs décennies contre toutes les formes de racisme, de discriminations et contre les inégalités dans un contexte de réactualisation violente des fascismes et néo-fascismes et d'une normalisation des idéologies des extrêmes droites en France et ailleurs.

Inter-réseaux Mémoires-Histoires

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Au lendemain du 7 juillet 2024, pourra-t-on continuer à porter démocratiquement nos initiatives citoyennes et nos mobilisations au nom de la vérité historique, de la justice, de la reconnaissance et de la transmission, face à ceux qui voudraient faire taire l’histoire et nos mémoires, nous accabler de suspicions diaboliques et nous obliger à l’amnésie collective ? La force du préjugé raciste et fasciste est de nouveau à l’œuvre, et son instrumentalisation toujours aussi efficace au travers d’une banalisation puis de la normalisation des idéologies de l’extrême droite – xénophobie et racisme, sexisme, homophobie… – relayées et traduites politiquement et médiatiquement à outrance.

Les urnes sembleraient avoir encore parlé ! Nous le savons, à droite comme à gauche, nombreux sont les politiques qui surgissent notamment en fonction de considérations électoralistes étrangères aux exigences d’un accueil sans faille, à la mise en œuvre des principes de la convention de Genève relatifs à l’asile et aux nécessités d’un antiracisme politique sans compromission. 

L'entreprise de légitimation du RN, parti anti-républicain, a conduit à sa supposée normalisation comme on nous le fait croire à chaque fois qu'il remporte une échéance électorale, ou qu'à l'extrême droite d'autres courants politiques, d'autres mouvances identitaires émergent toujours plus violentes, radicales et guidées par cette même boussole à trois directions exploitées déjà du temps du FN : la surenchère anti-migratoire, la surenchère identitaire et la surenchère sécuritaire. De fait, des idéologies et des idéologues en tout genre et de tous bords prospèrent aujourd’hui avec le commerce « des trous mémoire ». Ils surfent sur un voile de méconnaissance, par de nombreux citoyens, des faits historiques et de l’Histoire, pratiquant l’art de l’occultation, du déni, mais aussi de la falsification et de la révision. Avec pour seul objectif : faire croire en l’existence présupposée d’une « identité nationale » mythifiée, essentialisée et racialisée !

La radicalité des discours n’a plus de limite. L’extrême droite mais pas seulement, relayée par un système qui entretient volontairement des confusions reliant histoire coloniale et fait migratoire contemporain, alimente les théories complotistes, racistes, antisémites et islamophobes sur l’existence d’un ennemi de l’intérieur – l’étranger, l’Arabe, aujourd’hui comme hier le musulman, les minorités racisées issues des ex-colonies, les exilés issus du Sud, hier et encore aujourd’hui le « juif » - qui menacerait l’« identité nationale », la « civilisation européenne ». Nous savons l’impact dramatique de ces discours sur notre société, sur les personnes racisées et toutes les autres minorités.

La dédiabolisation comme on l’entend partout est d'abord le signe d’une fascisation du pouvoir :  mise en œuvre d’un État policier détruisant toute forme de contre-pouvoir (ex. dissolution d’associations, de collectifs), vote de lois liberticides et racistes (ex. lois sur le "séparatisme" ou sur l’asile et immigration). Au lieu de s’atteler au chantier de la lutte contre les discriminations et de reconquérir la justice sociale, dans une France où les inégalités se creusent.

Si le RN est aux portes du pouvoir, c’est aussi parce que la République a failli et qu’elle a renoncé à sa devise depuis des décennies.

La lutte contre les préjugés et les comportements racistes est vouée à l’échec si elle ne s’accompagne pas d’une transformation réelle des conditions sociales, économiques d’existence des individus et des groupes. Ce que réclament notamment les habitants des quartiers populaires qui attendent encore et toujours des réponses concrètes aux situations d’inégalités et de discriminations qu’ils vivent. 

Il nous faut contrer toutes les formes de régression sociale, économique, politique et culturelle :  l’histoire de France se conjugue au pluriel contre les rassemblements motivés par la haine des uns ou des autres ! 

Face à la gravité de la situation, l'urgence est à la résistance ! Résistance mais aussi espoir pour reconquérir la dignité et la justice sociale.  Nous appelons à rejoindre toutes les initiatives populaires, politiques, syndicales et citoyennes pour barrer la route aux RN et ses alliés et construire une réelle alternative d’éducation populaire et citoyenne pour contrer toutes les formes de réaction et de régression sociale et politique, au lendemain du 7 juillet 2024.

Premiers signataires de l’Appel l’Inter-réseaux national Mémoires-Histoires

RAHMI (Région Nouvelle Aquitaine), TRACES (Région Auvergne/Rhône-Alpes), Tactikollectif (Région Occitanie), Réseau ANORDIE (Région Normandie), Réseau Mémoires-Histoires en Ile-de-France, ACT/Sociétés Migrantes (Région PACA), Association des Marocains en France/AMF, Les Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, Canal Marches, Au nom de la mémoire

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.