Ipikay (avatar)

Ipikay

Abonné·e de Mediapart

5 Billets

0 Édition

Billet de blog 8 juillet 2025

Ipikay (avatar)

Ipikay

Abonné·e de Mediapart

fini l'animal politque, place a l'animal flic !

Petit exemple banal de la vie quotidienne, sur nos imaginaires imprégnés de pensée raciste qui se concrétise par une attitude de flic.

Ipikay (avatar)

Ipikay

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un matin au travail, je prends un café dans la véranda avec le directeur de ma structure (social) et deux autres collègues.

Je sors sur la terrasse, saluer une personne accompagnée, à ce moment, un camion bleu passe dans la rue avec trois hommes dedans. Une fois devant nous, le camion s'arrête, un des hommes nous lance, " Ça va mon copain ?".

La personne avec qui je suis, leur réponds "ça va et toi ?", il me regarde et me dit "ce sont les cousins". Je comprends qu'il parle de gens du voyage.

Le camion se gare dans le chemin, en face de la véranda, (un tas de gravats se trouve là pour des travaux dans la rue).

Je retourne faire acte de socialisation et me force à écouter jacter de mes collègues. À ce moment, j'entends le directeur, dire "ils viennent faire quoi ? C'est bizarre, ils vont voler quelque chose." ; "il faut prendre la plaque d'immatriculation au cas où".  Le directeur se met à ce moment dans une espèce « de pièce de théâtre » et adopte une « de posture d'enquêteur », (il semble presque prendre du plaisir).

Les deux autres lurons, entre dans la danse avec le pseudo-enquêteur.

Les deux nouveaux acteurs/ éducateur (euh non surveillant pénitentiaire) se donnent à cœur joie à des clichés racistes sur les gens du voyage. L’une d’elle prend une feuille et un stylo, ce tenant prêt à recevoir les ordres de l'inspecteur-chef.

Le chef inspecteur ajuste ses lunettes et dicte les lettres de la plaque d'immatriculation. La collègue, avec son calepin, note méticuleusement les lettres… A comme... (elle paraît faire corps avec son personnage)

À ce moment, un employé de la ville arrive avec son tractopelle, dit bonjour aux gens du camion, et verse des gravats dans leur camion.

Tout le monde repart tranquillement… Mes collègues/acteurs paraissent déçus de l'aboutissement, et reprennent leur vie comme si rien ne s'était passé...

Moi, je reste subjugué par ce que je viens de voir… Je viens d'assister à une pause qui devait être banal, mais qui s'est transformé en enquête de flic théâtralisé saupoudré de préjuger raciste.

Je suis médusé, comment nous pouvons être imprégnés par un imaginaire raciste (les trois acteurs, se défendent bien évidemment d'avoir un imaginaire raciste ou un logiciel de penser raciste).

Mais ce qui est plus surprenant, est comment cette imaginaire, peut structurer nos attitudes/comportement, ce réflexe de se transformer en flic et hallucinant… Il y a quelque chose de foucaldien dedans… La société raciste enrobée de propagande sécuritaire fait de nous un animal flic…

C'est d'autant plus flippant que dans ce monde, ce dirigeant de plus en plus dans le fascisme, que des braves travailleur social, ce pensant si progressiste, peuvent se transformer en une espèce d'animal flic en une fraction de seconde, une espèce de banalité du mal qui ne dit pas son nom...

J’évoquerai dans une prochaine chronique, pourquoi le travailleur social est un flic. La surveillance comme principe fondamental de l’accompagnement.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.