MONDE, DIS-LUI

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Monde, dis- lui ta souffrance
Monde, dis-lui ta blessure
Monde, demande-lui pardon
Monde, demande-lui : quel Monde ?
Quelle mondialisation ?
J’ouvre et je ferme
Les battants de ma connaissance
Je coupe et je découpe
Le journal des mes souvenances
Je ne comprends pas
Qui es-tu Monde, dis-moi ?
Toi qui vois l’argent planer en roi
Sur ta planète maltraitée
À l’aube d’un désastre programmé
Je tourne et je retourne
Le wok de ma sagesse
Je me démène à porter
Le sac de ma tristesse
Je ne comprends pas
Qui es-tu Monde, dis-moi ?
Toi qui navigues sur les rivières
Et côtoies les peuples de la Terre
Trop souvent aux rivages amers
Je lave, je relave
L’amertume de mon cœur
Je roule, je déroule
Le parchemin de ma douleur
Je ne comprends pas
Qui es-tu Monde, dis-moi ?
Toi qui pleures partout cette pluie
Où chaque goutte de profit
Doit coûte que coûte arroser nos esprits
Je lie, je délie
Les paroles de ma colère
Je porte, je reporte
Ma veste de mauvaise humeur
Je ne comprends pas
Qui es-tu Monde, dis-moi ?
Toi qui roules dans les torrents
Les galets du temps présent
Vers les barrages du néant
Je crie, je décris
Mon trop plein d’ivresse
Je verse, je déverse
Mon overdose de détresse
Je ne comprends pas
Qui es-tu Monde, dis-moi ?
Toi qui laisses tes mères du Kerala
Se déshydrater, seules dans leur combat
Face au géant du soda
Je pose, je dépose
La corbeille de ma réunionnité
Je tourne, je détourne
Le sentiment de ma créolité
Je ne comprends pas
Qui es-tu Monde, dis-moi ?
Toi qui vis dans l’illusion
D’un paradis plages-cocotiers
Mais ne te poses même pas la question
D’un idéal de fraternité
Je peins, je dépeins
La dentelle de ma timidité
Je bloque, je débloque
Le verrou de ma naïveté
Je ne comprends pas
Qui es-tu Monde, dis-moi ?
Toi qui engendres l’arbre de Vie
Et pourtant le laisses à la merci
Des ouragans de l’économie
Je surveille, je réveille
La virulence de mes frères
Je vois, je revois
Tous les progrès sur la Terre
Je ne comprends pas
Qui es-tu Monde, dis-moi ?
Toi qui finances sans compter
Les voyages interplanétaires
Mais n’arrives pas à propager
Des ondes heureuses pour l’humanité
Je plie, je déplie
L’étole de ma croyance
Je passe, je dépasse
L’horizon de mon espérance
Je ne comprends pas
Qui es-tu Monde, dis-moi ?
Toi qui permets l’existence
De mille et une divinités
Mais ne peux stopper les violences
À travers le monde entier
Je chante, je déchante
Mon trop plein d’espoir
Je mêle, je démêle
Ma toile dérisoire
Je ne comprends pas
Qui es-tu Monde, dis-moi ?
Sans doute toi-même tu ne le sais pas
Sinon tu ne validerais pas
La barbarie de tes États-soldats
Monde, dis- lui ta souffrance
Monde, dis-lui ta blessure
Monde, demande-lui pardon
Monde, demande-lui : quel Monde ?
Quelle mondialisation ?