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Je suis verte de rage et aussi pour d'autres raisons que je ne maîtrise pas, j'aime bien aussi cette couleur, c'est tout.

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Billet de blog 1 novembre 2024

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Pourquoi tuer le pépé ?*

Hommage aux vieux d'la vieille

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Où il est question de l'assassinat d'un vieux paysan à coups de bâton**.

...

Partager c'est sympa ! Et cette lecture récente m'y incite tant le phrasé et la mentalité de ces anciens (plusieurs générations en 1973) de terroir sont truculents. Cela m'a ramenée à l'époque cinématographique de "ni vu, ni connu", chansonnière de Brassens et BéDéiste d'Astérix et le communiste Georges Marchais. Époque révolue où l'humour était bon enfant au sortir de la deuxième guerre mondiale et non pas saillie cinglante comme aujourd'hui.

La meilleure façon d'en parler est in fine d'en extraire quelques morceaux choisis et par de brefs résumés.

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§ Le décor, un patelin (imaginaire ?) de Loire : Blanzépy et ses habitants dont l'auteur nous interroge sur leur identité par ces répliques (pages 65/66) entre le gendarme du pays, Massieu et son nouveau chef, Chatonnay fraîchement débarqué de Marseille suite à une chouma monstre et qui compte bien se refaire une réputation de gendarme exemplaire :

- Ça y est ! Le juge d'instruction m'a délivré une commission rogatoire. Je suis mon seul maître. On va régler cette affaire en trois coups de cuillère à pot !

Massieu par sa mimique, laissa entendre qu'il ne partageait pas l'euphorie de son supérieur.

- Vous en doutez, Massieu ?

- Vous ne connaissez pas les gens d'ici***, Chef.

- Qu'est-ce qu'ils ont de différent des gens d'ailleurs ? Ce sont des Français eux aussi, non ?

...

§ Il en avait pourtant un petit aperçu quand il est allé interroger sans pincettes Pierre Salagnon où après un bref dialogue ce dernier, neveu du pépé, découvre que celui-ci est mort (pages 47/48) :

- Le pépé est mort ?

- Vous devez le savoir mieux que personne, non ?

- Moi ?

- Dame ! si vous l'avez tué ?

Il y eut un silence au cours duquel on entendit le vent chuinter entre les branches des arbres. Sur le visage de Salagnon, on pouvait lire le cheminement de sa pensée (quéquidi lui ?). Puis brusquement s'il venait enfin de comprendre ce que le Chef avait dit, il se baissa, empoigna sa cognée et allait sans doute se jeter sur Chatonnay lorsque Massieu cria :

- Pierre !

Ce cri qui était aussi un ordre, bloqua l'élan du bûcheron. Livide, Chatonnay n'avait pas bougé. On l'eût cru en catalepsie. Enfin il put articuler :

- Massieu ... il a voulu ... il a osé ...

Le gendarme conciliant, se plaça entre les deux hommes.

- Mais non, chef ... Il a été bouleversé par votre accusation ...

- C'est ce que nous verrons ! Passez-lui les menottes, on l'emmène !

...

§ Où le cadavre du pépé est découvert à l'issue de recherches forestières, sous un buisson, le visage dévoré par les renards (pages 52 et suivantes).

...

§ Le mobile (Pourquoi ?) pour Chatonnay semble évident (beaucoup trop pour Massieu, plus réservé et du pays) et les coupables tout trouvés.

...

§ L'enquête piétine jusqu'au moment où il est question d'héritage du pépé et d'enfant naturel.le inconnu.e qui poussent les villageois à accepter la pire des insultes pour un homme, désavouant leur paternité et en faisant porter la honte sur leur femme les forçant à avouer car résistantes :

Elles ne comprenaient pas très bien et croyaient à une plaisanterie.

- Sacrée coquine ... T'aurais-t-y pas été avec quelqu'un sous les sapins ?

- T'es fou ...

[ ... ]

- Ce que tu vas chercher !

- Tiens tu te confesserais maintenant et tu m'apprendrais que la Josette (ou le Charles ou l'Antoinette) elle est pas de moi, je t'en voudrai pas.

Ça, ça leur dépassait l'entendement

[ ... ]

- Ça aurait été trop beau que tu te conduises en femme intelligente !

Et ce soir-là, dans bien des foyers de Blanzépy, des hommes s'endormir furieux de n'avoir pas été trompés.

...

§ Et qu'une fois convaincues du bien-fondé à se salir, époux et épouses pour la bonne cause, elles en arrivèrent à se chamailler au lavoir comme au marché de Brive-la-Gaillarde (le Chef Chatonnay a eu son comptant sans le voir venir), enorgueillies d'avoir trompé leur époux et quand les hommes se rajoutent à l'échauffourée l'image des Gaulois se baffant à coup de poissons surgit instantanément (pages 151 et suivantes) :

Chatonnay dut tirer deux coups de pistolet en l'air pour arrêter les assauts.

- Vous n'êtes pas fous ? Des gens de votre âge ? Un scandale ! un véritable scandale !

Alberte Taponnat désigna l'Amélie.

- Elle a commencé en prétendant qu'elle avait été la maîtresse du pépé, alors que c'est moi qui l'étais !

Un grondement jaillit :

- Menteuse, vantarde, cul de chèvre !

(Chatonnay ne compris pas très bien cette injure). C'est moi ! Non, c'est moi !

- Assez ! taisez-vous !

[ ... ]

L'épicier protesta :

- Il dit que c'est lui le cocu, alors que c'est moi !

- Menteur ! Crapule ! Tu veux me voler mon héritage, hein ? Le cocu ...

- Silence !

Le Chef était fâché pour de bon. Ils s'en rendirent compte et se turent.

...

§ Rebondissements, jusqu'à l'intervention de la S.R.P.J. de Clermont, témoin du dénouement rapide par la survenue d'un villageois inattendu (page 243).

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Voilà, juste de quoi vous mettre en appétit, bonne soirée à tous.

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Illustration 1

...

* Exbrayat : Librairie des Champs-Élysées - 1220 - 15 mai 1973

** Je ne dévoile rien du résultat de l'enquête puisque la question est "Pourquoi ?"

*** Portent des patronymes homophones (Tupin, Tupins, Tupint) sans être de la même famille. Pas facile pour le Chef marseillais de s'y retrouver dans ce village.

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