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Je suis verte de rage et aussi pour d'autres raisons que je ne maîtrise pas, j'aime bien aussi cette couleur, c'est tout.

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Billet de blog 3 septembre 2015

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Brassens, Maman, Papa … entente improbable ...

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Il est difficile de parler de l’homme tant il était pudique et secret, aussi je m’appuierai sur l’un de ses témoignages et de quelques unes de ces chansons qui dans ce billet sont interprétées par lui et différents artistes. Prudent il avoua que celles qu’il écrivait n’étaient pas autobiographiques.

Son père Jean-Louis, un maçon au caractère placide et se fiant à sa libre pensée, était uni par l’amour de la musique à Elvira qui au contraire de lui, toute imprégnée de religion, possédait un tempérament volcanique.  Bien qu’ainsi Georges Brassens se laisse bercé entre un discret anticlérical et une bouillante catholique sans que cela influe sur sa béatitude, il dira : « Je ne crois pas en Dieu. Peut-être parce que je n’ai pas les moyens d’y croire. [ … ] D’un autre côté, c’est difficile de se dire qu’on n’a pas de raison d’être sur terre … », et d’avouer : « Tout ça m’a torturé quand j’étais insomniaque. C’est déprimant de se cogner la tête contre les murs et de voir qu’on n’arrive pas à trouver la clé. C’est peut-être ça aussi la noblesse de l’homme … » *. Il a du en vivre des tempêtes sous un crâne, tiraillé par l’antinomie des croyances de ses parents, avant de faire le choix d’être athée et de le chanter joyeusement, d’abord pour ces amis dans la cour de Jeanne puis devant le public de Patachou.

Illustration 1
Mama-Papa Brassens © Capture Internet

Brassens athée c’est un fait, mais il n’était pas rageur ou méchant quand il usait de malice pour pointer du doigt les petits ou grands écarts des ecclésiastiques et ses affiliés. Comment ne pas ésquisser un sourire espiègle au moment où il nous annonce d’un ton guilleret et sur un air de guitare sautillant que le bedeau avec d’autres gars du village négligeaient carrément leurs tâches pour voir la Brave Margot donner la gougoutte à son chat ? Dans Trompettes de la renommée, il nous fait part de sa bonne entente d’avec le père Duval (il me laisse dire merde, je le laisse dire amen), et nous fait éclater d’un rire franc quand on visualise le moment où il le surprend aux genoux de sa maîtresse (coquin, va !).

Moqueur mais tendre. Et pour cela il nous étonne quand, grave, il salue Marie dans La prière, un poème de Francis Jammes qu’il met en musique. Mais ne nous y trompons pas, sur un air de jazz son complice Jean Bertola nous rappelle qu’il est Le sceptique.

Sans croire en Dieu, il n’est pourtant pas loin des valeurs qu’enseigne Jésus et il nous montre que les croyants n’ont pas le monopole de l’amour du prochain, de la morale et du respect. Il nous attendri le cœur au sujet des prostituées dans La complainte des filles de joie, non pas à coup de battes comme pour un poulpe mais en grattant la corde sensible de notre âme qui est touchée par les conditions de leur vie. Sa chanson se termine avec une morale : Fils de pécore et de minus, Ris pas de la pauvre Vénus, [ … ] Il s’en fallait de peu mon cher, Que cette putain ne fut ta mère, Cette putain dont tu rigoles … . Brassens riait de beaucoup de choses mais semblait ne pas apprécier le rire idiot, (oserais-je dire bête et méchant ?). Il aimait titiller, taquiner,  mais pas blesser. Dans une Chansonnette, il soutenait et conseillait celle qui reste pucelle alors que ces pair-e-s se moquent d’elle parce qu’elle se préserve par conviction.

Brassens est un pont entre deux univers supposés infréquentables l’un pour l’autre, il est le fruit de l’amour de deux êtres si différents qui on su l’élever dans la tolérance. En fait, c’est une enfance harmonieuse que celle de Georges, et pratiquement sans histoires, n’en déplaise aux futurs biographes, écrivait Pierre Berruer.

Aussi à l’heure où beaucoup déplorent le manque de savoir-vivre ensemble, j’exprime le souhait qu’il puisse arriver, dans la mesure du possible, que les opposés soient plus tolérants et essayent de trouver un terrain d’entente plutôt qu’un champ de bataille pour Mourrir pour des idées.

Essayons, bien que … Il n’y a pas d’amour heureux

*Georges Brassens « La marguerite et le chrysanthème » - Pierre Berruer  - Editions Presses de la cité – 1981

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