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Billet de blog 2 mai 2020

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Nous sommes important(e)s dans la vie de la cité

La bibliothèque publique, clé du savoir à l’échelon local, est un instrument essentiel de l’éducation permanente, d’une prise de décisions indépendante et du développement culturel de l’individu et des groupes sociaux. Comment autant de lieux font aussi peu parler d'eux ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Si je vous dis 7100 + 9 200 = 16 300... vous répondez l'opération est juste, vous pourriez aussi dire c'est un nombre élevé... Je lève le mystère, c'est 7 100 bibliothèques et 9 200 points d’accès au livre, soit 16 300 lieux de lecture publique.

Ainsi nous sommes au cœur de mon sujet, de ma préoccupation, de mon questionnement, comment autant de lieux font aussi peu parler d'eux ?

Pourquoi nous les bibliothécaires sommes nous si présentes dans la vie des personnes de ce pays et invisibles dans l'espace public lorsqu'il s'agit de défendre nos conditions de travail.

Un bibliothécaire est au service du public, des lecteurs / lectrices. Il a une mission et celle-ci s'inscrit dans la déclaration des droits de l'homme(1)  et dans celle du Manifeste de l'Unesco(2)

C'est dit, notre mission est essentielle, forte et contribue à l'épanouissement de tous.

Comment comprendre alors que lorsque les politiques parlent de « culture » quasiment jamais ils ne mentionnent la bibliothèque ou la médiathèque ?

La majorité des enfants de ce pays fréquentent régulièrement ces lieux avec leurs enseignants ou leurs familles. Nous sommes donc un acteur culturel de premier plan qui devient invisible dans les discours.

Exemple, lors d'un discours le 23 avril dernier, le ministre de la culture a évoqué les divers champs du monde de la culture, théâtre, festival, cinéma (ce qui est légitime) et devinez quoi.... pas un mot sur les bibliothèques. Si bien que le lendemain de bon matin un petit communiqué tombait sur « les bibliothèques », quelqu'un a du lui faire remarquer qu'il avait oublié un « petit bout » de son ministère ! Précisons que son communiqué sorti d'un contexte n'avait aucun sens...

Aujourd'hui et contre les recommandations(3) de « toutes » les associations de bibliothécaires de ce pays, le premier ministre annonce la réouverture de nos établissements le 11 mai !

Je le répète 7 100 bibliothèques municipales qui maillent le territoire. Il semblait raisonnable que la réouverture se fasse progressivement, compte tenu des spécificités de la profession.

Non, nous allons ouvrir, à l'arrache, le 11 mai, en espérant ne pas être un facteur de contamination.

Les bibliothécaires étaient heureux/heureuses de retourner au boulot avec toutes les précautions, ils/elles avaient pensé, réfléchi pour réamorcer en douceur avec un risque calculé... portage à domicile, sorte de drive (avec commande de livres), enrichir toutes les ressources numériques. Ceci ne remplace pas la « vraie » vie de la bibliothèque/médiathèque mais protège des uns des autres pour les uns et les autres.

Le retour était conseillé, recommandé en 3 phases mais NON direct le 11 mai !

Ce monde que j'aime tant des bibliothèques ne sait pas se faire entendre. Depuis le communiqué des associations de bibliothécaires et son document étayé de recommandations, je suis retournée sur les sites : RIEN !

Je rêve d'un monde où le personnel des bibliothèques se redresse et crie haut et fort :

Nous sommes importants dans la vie de la cité, nous en avons conscience et notre avis est une richesse pour l'élu. Les relations devraient, dans le monde de demain, être collégiale et non plus pyramidale. Le monde de demain est attendu, souhaité, rêvé !

                                                Une bibliothécaire un peu beaucoup en colère

  1. Toute personne, aussi bien seule qu'en commun, a le droit de connaître et de voir respecter sa propre culture ainsi que les cultures qui, dans leurs diversités, constituent le patrimoine commun de l'humanité.

  2. La bibliothèque publique, clé du savoir à l’échelon local, est un instrument essentiel de l’éducation permanente, d’une prise de décisions indépendante et du développement culturel de l’individu et des groupes sociaux. Par le présent Manifeste, 1’UNESCO proclame sa conviction que la bibliothèque publique est une force vivante au service de l’éducation, de la culture et de l’information et un moyen essentiel d’élever dans les esprits les défenses de la paix et de contribuer au progrès spirituel de l’humanité.

  3. http://www.abf.asso.fr/fichiers/file/ABF/prises_position/communique_recommandations_deconfinement.pdf

     

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