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Billet de blog 4 février 2017

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MACRON NE SERAIT-IL PAS UN GOUROU ?

La question peut se poser en écoutant son discours, tellement écrit, tellement téléguidé, tellement marketing, tellement à son apologie devant son parterre d’adeptes.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En écoutant le discours d’Emmanuel Macron, j’ai eu la sensation d’entendre un gourou prédicateur à la mode des Etats-Unis d’il y a quelques années.

A la différence près qu’il ne demande pas d’argent à ses adeptes mais à des donateurs. Les adaptes ne sont pas obligés de donner pour s’inscrire à son parti.

Consigne aux adeptes : on ne siffle personne, on ne parle pas de complot. Nous on avance, on convainc. On est dans la gravité.

C’est malin, c’est pro !

A part cela, il n’y a toujours pas de programme. Toujours des grandes phrases d’ordre général, avec des termes choc pour énoncer tout ce que les citoyens ne veulent plus. Et tous les grands thèmes poncifs sont énumérés : la sécurité, le respect, la liberté, la laïcité, la République, la défense du travail et la dignité choisie.

Alors fonction des thèmes, il va onduler entre un discours plutôt pour les clients de droite, et ensuite, sur un autre thème, plutôt pour les clients de gauche, au travers d’anecdotes autour de ses rencontres dans toute la France.

Et de citer des exemples de réussite.

Mais toujours pas de comment, pas de mesures qui pourraient nous renseigner sur sa libéralité.

Il vient d’abord nous expliquer que cela n’est pas du tout important, puisqu’il lui suffit de réunir les français parce qu’ils sont français et européens et qu’ils ont besoin d’espoir et non plus pour leurs valeurs, leurs convictions idéologiques, leurs visions de la société de demain.

Tout cela noyé dans des références à de nombreuses personnalités pour accréditer sa grande culture et la hauteur de ses réflexions sur ce rassemblement sans appartenance idéologique, sauf de partager sa mégalomanie.

Puis, quelques mesures arrivent, dont celle sur laquelle tout le monde est d’accord, la disparition du RSI, la diminution des cotisations, etc

Plus des mesures dont il parlera plus tard, surtout celles qui vont toucher le RSA et le chômage, pour inciter au retour au travail ?

Tout cela pour l’énorme révolution d’une augmentation du pouvoir d’achat de 100 € pour un SMIC.

Alors-là, on va sortir de la crise et de la pauvreté.

Attaque très virulente sur le revenu universel de Benoît Hamon.

Et pour continuer, de nouveau les grands thèmes de l’avenir, de la modernité, pour l’innovation, pour la création.

Et il poursuit sur un super coup de pub.

Appel solennel à tous les chercheurs, les universitaires, les entreprises qui sont aux Etats-Unis en danger en raison de leur domaine lié à l’environnement, et cela au nom de la France.

Quel illusionniste ! Il y est déjà.

Puis, on survole l’éducation avec des mesures pour dès l’école préparé l’enfant au travail, à la qualification précoce.

Puis tout d’un coup, on revient au chômage qui devient automatique mais toujours soumis à des contraintes qui seront définis ultérieurement.

Heureusement, il nous rassure sur toutes les bonnes initiatives qui seront prises, sur tellement de chose mais surtout sur l’égalité. L’égalité devant tout comme la santé, la formation.

Le combat pour l’égalité est quand même, selon lui, un combat qui est un investissement. C’est tout dire.

Tous les grands thèmes, grands bilans reconnus de tous sont débités pour lui permettre de pointer les mauvais gouvernements d’avant et les mauvais programmes des autres.

Et il parle d’écologie et de fraternité, de responsabilité, de devoir face à l’environnement. C’est le seul programme qu’il poursuit, celui de Madame Royal qui se rallie à lui.

Puis, un petit détour par la francophonie et la culture toujours en lien avec la fraternité sur les territoires ce qui lui permet de revenir à la France, à l’égalité, et au rassemblement des tous et surtout de la ruralité.

Et de la fraternité, il pirouette sur l’Europe, fait une plaisanterie sur la fidélité, et voilà, son idée et son programme est posé.

La paix, la prospérité, le progrès pour l’Europe.

Liberté, égalité, fraternité sont ses combats.

Et, bien sûr, la dignité de la vie publique indispensable.

Une exigence de transparence. Mais pour lui, la transparence semble consister simplement à s’expliquer.

Et pour le reste, il demande de la bienveillance, comme signe d’hygiène démocratique porteuse de la confiance en la probité.

Mais bien sûr, il cite l’obligation d’un casier judiciaire vierge, ce qui vient d’être voté cette semaine, et qui en fera disparaître quelques-uns.

La belle mesure ! Et à qui pense-t-il, comme disparition ?

Et lui, l’illusionniste, s’en prend pour finir à ses adversaires ventriloques, le F.N. qui parlent au nom de leurs aigreurs et pas du peuple.

Et il peut conclure en expliquant qu’il ne parle pas au nom du peuple, lui, mais avec et pour les français à qui il propose de reprendre leurs valeurs anciennes (Ceci après le laïus sur la modernité, mais ce n’est qu’un détail).

Après plus d’une heure de discours, il a conclu sur les 78 jours pour faire ce qui n’a jamais été fait : faire triompher l’espérance.

La victoire est en marche.

Malgré un discours qui devait être plus court que d’habitude, car il a du mal à s’arrêter de parler de lui et a du mal, en plus, à s’arrêter de s’écouter parler.

Alors les sondages vont-ils encore s’envoler ?

Et est-ce que cela va vraiment suffire au français pour lui donner la 2ème place sur le podium, face à M.L.P (dont je doute de la 1ère place) ?

La période qui arrive va être captivante, quand Emmanuel Macron va vraiment entamer sa marche vers les débats.

Pour le moment, il ne fait que des discours.

Il ne confronte rien avec personne, même pas les journalistes qui regardent interloqués, l’ampleur du phénomène Macron.

Quel donneur de leçons sous son petit air de gentil garçon surdoué dont maman est fière.

A suivre.

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