Jeanne se retrouve à nouveau dans la Mercedes classe A, pose un léger baiser sur la bouche de Bertrand et boucle sa ceinture :
- J'commence presque à l'aimer votre voiture de nouveau riche, Bertrand!
- Pourquoi? c'est pas bien la Nouvelle classe A?
- Hum! j'sais pas! c'est un peu trop... trop quoi, bref un peu beauf... j'trouve qu'une voiture, ça doit passer inaperçu...c'est juste un truc pour vous transporter d'un endroit à un autre...
- Jeanne, vous avez un don pour mettre à l'aise dès les première secondes!
- Oui, je sais, on me l'a déjà dit! Bertrand, j'aime pas votre voiture... mais j'aime votre gueule, votre voix, votre air amusé, vos dents, vos mains, votre folie et même un truc encore plus intime que j'ai eu la surprise de découvrir...
- Ok, ok! vous vous êtes bien rattrapée, je vous pardonne et...
- Non, non, je suis sérieuse...sans blague...Bertrand, vous m'avez sacrément étonnée en m'envoyant vos photos... j'ai halluciné!
- Ca répondait aux vôtres, Jeanne... en moins subtiles peut-être...vous croyez que j'ai pas "halluciné" aussi? Bertrand imite l'accent un rien snob de Jeanne.
- Dis-donc! Moi aussi, je peux faire des imitations.
Elle prend la voix de Marilyn Monroe.
- J'allais vous dire qu'elles étaient sensuelles et drôles en plus vos photos de cul.
- Jeanne, c'était pas des photos de cul... c'était mon sexe...
Toujours avec la voix de Marilyn :
- Bertrand, c'est fou ce que vous me faites rire!
Bertrand imite Jeanne à nouveau :
- Oui, je sais, on me l'a déjà dit!
Jeanne répond avec la voix de Jeanne Moreau cette fois :
- Bertrand, parlons sérieusement... Ou m'amenez-vous? Dans un lieu étonnant, inconnu, inaccessible?
- Non, dans un endroit merveilleux, beau et très, très tranquille!
- Vous savez qu'on est encore dans les 8 jours de rétractation, alors, rien n'est encore gagné!
- Jeanne, avec vous, je crois que rien n'est jamais gagné! De toute façon, j'ai tellement peur de ne pas vous plaire que je vais droit dans le mur!
Elle reprend sa voix, douce et musicale, et sans le moindre accent cette fois :
- Bertrand, si nous allons dans le mur, ce sera ensemble!
Sur son siège, descendu par Bertrand en position presque couché, Jeanne s'est endormie. Bertrand n'en revient pas. Comme la première fois, il se demande comment il se retrouve en train de rouler vers le Lubéron en compagnie de cette femme surprenante dont il ne sait rien, qui ne sait presque rien de lui non plus. Jeanne ne semble pas anxieuse le moins du monde, l'inconnu ne lui fait pas peur, elle dort tranquillement, confiante. Son visage ensommeillé est encore plus beau, si inoffensif, si abandonné, si fragile. Jeanne est d'une spontanéité étonnante, folle mais elle joue un rôle- elle le joue bien d'ailleurs- et elle frime surtout; c'est une frime amusante, gentillette qui veut me dire : "je suis si détachée, si forte, si second degré Bertrand, rien n'est grave pour moi, j'en ai vu tellement... c'est moi, la plus forte... l'amour, je connais çà... attention! faut pas trop y compter de mon côté... Mais il faut comprendre aussi : Mais, vous, si vous ne m'aimez pas, vous n'avez aucune chance... "
Billet de blog 6 nov. 2013
BLOGUEUSE XIV
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