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Billet de blog 1 septembre 2013

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Chroniques du couvre-feu (5)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les saisons disparues 

Août au Caire est, comme l'été de Vivaldi, lent et déchaîné :

Il sent la lessive et la cendre. 

Ses feuilles vertes ne promettent pas de rougir puisque

Toute l'année elles restent obscurcies par la poussière du Sinaï

Ce qui est à la fois réconfortant et vénéneux

- Comme un sortilège en bien.

Du Moqattam, on contemple le soleil se faire dévorer,

A l'heure où il se couche, par le carbone

D'un toit, les paraboles qui colonisent l'horizon,

Comme une discrète armée de l'ombre

Les bouteilles vides de toute l'eau avalée roulent mollement sur la terrasse

Les fleurs du Grand Duc ont grillé, malgré des soins méticuleux

Le mot arrive jusqu'à la colline où l'apéritif a commencé à l'heure anglaise

Que le couvre-feu serait prolongé jusqu'à une heure avant minuit

Comme dans un conte de fées ou une épopée de collège

Nous traversons la ville dans un carrosse rose et carré

La ville n'a pas su, comme nous, pour le couvre-feu

Ses habitants enfoncés derrière des murs, dans des canapés invisibles

Ses immeubles disparus derrière le vide gargantuesque et l'absolue noirceur

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.