Les saisons disparues
Août au Caire est, comme l'été de Vivaldi, lent et déchaîné :
Il sent la lessive et la cendre.
Ses feuilles vertes ne promettent pas de rougir puisque
Toute l'année elles restent obscurcies par la poussière du Sinaï
Ce qui est à la fois réconfortant et vénéneux
- Comme un sortilège en bien.
Du Moqattam, on contemple le soleil se faire dévorer,
A l'heure où il se couche, par le carbone
D'un toit, les paraboles qui colonisent l'horizon,
Comme une discrète armée de l'ombre
Les bouteilles vides de toute l'eau avalée roulent mollement sur la terrasse
Les fleurs du Grand Duc ont grillé, malgré des soins méticuleux
Le mot arrive jusqu'à la colline où l'apéritif a commencé à l'heure anglaise
Que le couvre-feu serait prolongé jusqu'à une heure avant minuit
Comme dans un conte de fées ou une épopée de collège
Nous traversons la ville dans un carrosse rose et carré
La ville n'a pas su, comme nous, pour le couvre-feu
Ses habitants enfoncés derrière des murs, dans des canapés invisibles
Ses immeubles disparus derrière le vide gargantuesque et l'absolue noirceur