« Une étape historique sur la voie de l'assainissement des relations libano-palestiniennes ». C'est en ces termes que le ministre du travail libanais, Boutros Harb, a qualifié la loi votée mardi dernier par le parlement. L'avancée n'est pas négligeable : cette loi vise à faciliter l'obtention des permis de travail pour les palestiniens vivant au Liban. Une population de 425.000 personnes qui souffre depuis la première vague d'immigration de 1948 d'une discrimination constante en matière de travail et de droits civiques dégradés.
Sans surprise, donc, cette nouvelle étape a suscité des réactions positives : Abdallah Abdallah, le représentant de l'OLP au Liban, déclarait dans L'Orient le Jour que la loi votée cette semaine « ouvre la voie à des relations plus saines et équilibrées entre Palestiniens et Libanais, loin de toute impression de discrimination raciste ». Certains changements législatifs mis en place ces dernières années au Liban allaient dans le même sens : en 2005, un décret ministériel autorisait les palestiniens à travailler dans le secteur privé.
En parallèle, pourtant, les permis de travail restent délivrés au compte-goutte et les obstacles sont légion, faisant des palestiniens du Liban des citoyens de seconde zone. Un rapport accablant de l'Organisation Internationale du Travail (OIT), paru quelques jours après le vote du nouvel amendement, rappelle les conditions de travail actuelles de cette population. Non seulement le nombre de permis de travail délivrés à des palestiniens est resté très bas – en 2005, 278 bénéficiaires palestiniens contre 109.000 non-libanais au total ! Mais en plus, selon ce même rapport, le nombre tend à décliner depuis quelques années.
Par défaut, 70% de la main d'oeuvre palestinienne réfugiée au Liban travaille dans l'économie informelle, principalement dans les secteurs de l'agriculture et du bâtiment. Cantonnée, de fait, à des travaux journaliers et précaires. Sans compter que le droit de propriété pour les palestiniens, supprimé en 2001, n'est toujours pas d'actualité. Ce qui conduit à des situations absurdes : un homme ne peut hériter de la maison achetée par son père sous prétexte qu'entre temps, la loi a de nouveau changé.
Selon une source onusienne, si les palestiniens se retrouvent exclus de professions prestigieuses telles que la médecine ou la pratique du droit, c'est parce que les syndicats de ces corporations constituent des lobbys puissants au Liban. La même source envisage ce nouvel amendement avec pessimisme, y voyant une manoeuvre de communication politique, plus qu'une volonté réelle du gouvernement de faire changer la situation. Et, plus grave, une excuse pour ne rien faire de plus que cette loi insuffisante pendant les dix années à venir.