IsabelleGhn (avatar)

IsabelleGhn

Éditrice éclectique transfem

Abonné·e de Mediapart

103 Billets

0 Édition

Billet de blog 1 novembre 2025

IsabelleGhn (avatar)

IsabelleGhn

Éditrice éclectique transfem

Abonné·e de Mediapart

LA TROISIÈME ESPÈCE (chapitre 20 — Sydney)

Alors que le monde est au bord de la guerre, en 1961, trois hommes à la poursuite d'un mythe...

IsabelleGhn (avatar)

IsabelleGhn

Éditrice éclectique transfem

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

LA TROISIÈME ESPÈCE
Chapitre 20
SYDNEY

Alors qu'il sont en route pour leur prochaine étape, Sydney, Einar s'approche de Llewellyn.
— Chère amie, vous avez réussi à y comprendre quelque chose à cette feuille de métal ?
Llewellyn sur son siège, le document posé sur la tablette, lève la tête lentement, toujours absorbée dans ses pensées.
— Plus... ou moins... en tout cas...
Un long silence suit.
— En tout cas... quoi ? insiste poliment Einar, entouré de Théo et Samy.
— Il va nous falloir aller voir quelqu’un...
— Qui ? interroge Théo à mi-voix.
— Tehurua... Tehurua Manuariki Tahuata. C’est un chaman polynésien. Je l’ai connu quand il était professeur à Auckland et que j’étais jeune étudiante en philologie.
— Eh ? interjecte Théo.
— Il m’avait parlé... ça ne me revient que maintenant que j’ai ça entre les mains. Il m’avait parlé d’un livre qu’il possède, fait de feuilles de métal.
Théo perd l’équilibre et manque de tomber sur le professeur Meier qui dort à poings fermés.
— COMMENT ÇA ? Crie-t-il sans même le vouloir.
Le professeur se réveille en bondissant.
— Les nazis... on est foutu !

Ils marchent en direction de leur hôtel, lorsqu'Einar se penche vers Théo.
— Voici l’hôtel où nous allons nous reposer, le professeur n’a pas bien dormi dans la cabine et ce réveil tonitruant l'a un peu perturbé... et moi-même aussi un peu d’ailleurs. D'autant plus que nous devons essayer de contacter ce Tehurua à La Réunion.
— Ça tombe vraiment bien, parce que c’est bien là-bas qu’il faut aller... et même jusqu’aux Kerguelen, assène Théo.
Einar, qui aime bien le vieux monsieur irascible, fronce tout de même les sourcils.
— Et vous pensiez nous informer de cette direction à quel moment ?
Théo Dewez baisse la tête.
— Je suis désolé, avec toutes ces émotions, ces voyages, ces événements... sans compter les coups de feu... j’avais oublié de le préciser ça me semblait normal... mais je m’en étais ouvert auprès de Samy.
Samy regarde Théo d’un air interrogateur.
— Quand ça ? réfléchit-il. Ah, oui ! Ça me revient... à Ixelles, chez vous, cher ami, vous m’aviez parlé, tout comme nous le fîmes auprès de vous... Einar.
Théo se retourne vers le suédois en souriant.
— Oui... le livre de votre ancêtre Einar... “Voyages de recherches paléontologiques sur les traces de James Cook dans les mers australes en 1879-1883”, de Lennart Hallqvist.
Soudainement, c’est Einar qui baisse la tête.
— Effectivement... et il semble logique que vous n’ayez pas précisé qu’il nous fallait aller jusqu’aux Kerguelen... puisque la source apparente de cette histoire se situe là-bas. Nos mémoires sont mises à rude épreuve, j'ai l'impression.
— ¡Vamos ! lance Théo.

L’hôtel non loin de l’aéroport de Sydney est assez simple, un bâtiment de trois étages en béton et briques, un toit de tôles ondulées, un décor spartiate. “Fonctionnel”, comme a dit Samy en le voyant et tapotant l’épaule d’Einar qui n’a pas trop l’habitude de ce genre d'hôtel.
Les volets presque déjà rouillés aux jointures, la douche juste acceptable et le matelas aussi fin qu’un biscuit anglais ne laissera pas un souvenir agréable aussi bien à Einar qu’aux autres.

Alors que tout le monde dort, que le silence est total... ou presque. Soudainement.
— Au feu ! Au feu !
C’est le professeur qui crie, en sortant de sa chambre. Il a à peine le temps de voir un homme passer la porte et se précipiter vers le parking de l’hôtel.
— Que se passe-t-il ? lui répond Einar qui lui aussi sort de sa chambre, en pyjama.
— Là ! Regardez ! Le feu dans la chambre de Llewellyn. J’ai senti la fumée... ça m’a rappelé 1941... Kiev, comme dans l'avion.
Alors que tous les clients du rez-de-chaussée sont dans le couloir, l’air effaré, Einar défonce la porte d’un coup d’épaule.
N'ayant pas trop l’habitude de ce genre d’action, réservant les coups d’épaule à son majordome, il s’étale par terre de tout son long.
— Merde ! Quelqu’un pour m’aider ! gueule-t-il en commençant de se relever.
Juste à cet instant, alors que tout le monde se jette dehors pour échapper au brasier qui s’étend, Théo et Samy, d’un seul homme, se précipitent dans la chambre et sortent le corps de Llewellyn qu'ils portent jusque sur le parking alors que le feu, cette fois, dévore le couloir qu’ils viennent de quitter.
— Elle est morte ? demande le professeur Meier.
Samy, qui a pris le poignet, fait un signe de la tête.
— Oui, prof.

(chapitre 21, 4 novembre 2025 “Auckland”)

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.