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Billet de blog 15 novembre 2025

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LA TROISIÈME ESPÈCE (chapitre 26 — île Maurice)

Alors que le monde est au bord de la guerre, en 1961, trois hommes à la poursuite d'un mythe...

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LA TROISIÈME ESPÈCE
Chapitre 26
MAURICE

24 mars 1961, les premiers reflets orangés du soleil sur l’océan Indien se font voir, la nuit s’échappe laissant la place à une nouvelle journée sur Terre.
Samy, réveillé depuis peu, une tasse de café sur la tablette en face de lui, se délecte du paysage.
La jeune hôtesse de l’air, Giorgia, une longue brune souriante, prend son plus bel accent italien.
— Messieurs, nous allons atterrir à l’aéroport de Plaisance. Veuillez bien attacher votre ceinture et demeurer assis jusqu’à l’arrêt complet de l’appareil, je vous remercie.
Peu de temps après, l’île Maurice est en vue, et déjà les ombres des cocotiers s’étalent sur les plages. Le train d’atterrissage se fait entendre et l’avion secoue légèrement les passagers encore endormis.
Théo lève la tête d’un coup.
— Que se passe-t-il ?
— Nous atterrissons, cher ami, l’informe Samy, sur le siège de l’autre côté de l’allée.
— On aurait pu prévenir ! dit-il sur ce ton de reproche qui fait son “charme”.
Samy lui sourit, silencieux, alors que l’hôtesse, visiblement, est assise sur son petit strapontin. Elle fixe Théo des yeux, très aimablement.
— D’accord... je dormais.
— C’est cela mon ami. Vous avez fait de beaux rêves ?

Le Christina O est ancré au large. La navette du yacht attend. Le second, Nikos Panagiotou, se lève du bollard où il était assis.
— Bonjour messieurs, je vois que vous êtes plus nombreux que prévu... nous pouvons prendre cinq personnes pour un premier voyage.
Samy, qui regarde déjà de droite et de gauche, appréciant le paysage, les gens affairés et des enfants au loin qui jouent au ballon, est apostrophé par Théo.
— Je prends le premier service, Théo, ça ne vous embête pas ?
Sorti de ses rêves, il répond automatiquement.
— Non, non, pas de souci, mon vieil ami.
Quelques minutes plus tard, le “Tina” vogue vers le yacht majestueux en cette matinée ensoleillée, avec à son bord Einar, le professeur, Théo et Édouard Judel.

Le gigantesque yacht est d’une remarquable stabilité là où il est ancré. Les derniers arrivants rejoingnent le groupe déjà installé sur les banquettes du pont. Ils sont tous à humer l'air du large : Einar, le professeur, Théo, Samy , Réginald Percy, Édouard Judel, Henry Hatford et les derniers, Paul Méchain, Karl von Kirsch et Amar Aït‑Idir.
Un serveur arrive.
— Messieurs désirent une collation ?
Einar, de nouveau dans “son jus”, paraît aux anges.
— Eh bien, oui, pour ce qui me concerne, un whisky, sans glace.
Les autres commandes fusent les unes après les autres. Le garçon, professionnel, enregistre tout de mémoire et repart.

Einar, après le déjeuner qu’ils ont tous pris ensemble sur le pont, vient rejoindre le commandant Jean-Claude Fournier qui profite de cette croisière imprévue il y a peu, pour continuer la formation du second aux manœuvres du yacht.
— Vous désirez ? demande le commandant.
— Rien, rien, je pilote des avions, de temps en temps, j’étais curieux de voir comment ça se passe pour un bateau de...
Le commandant le coupe, très poliment.
— Un navire, monsieur !
— Ah oui, c’est vrai. L’un de mes oncles, capitaine au long cours, me reprenait toujours sur le terme.
Le commandant sourit, civilement.
— Mais sinon, dites-moi commandant, nous serons à La Réunion vers quelle heure ?
— Si la mer est comme en ce moment, aussi calme, avant 18 heures.
— Parfait, parfait... j’en profite, connaissez-vous un bon hôtel à Saint-Denis ?
— L’Émeraude[1], monsieur, L’Émeraude !
Presque surpris de la réponse du tac-au-tac, Einar note le nom.
— Merci.
— Je vous en prie, mais vous savez que vous pouvez fort bien dormir ici, après tout, son excellence Onassis nous a bien recommandé d’être à votre entière disposition.
Einar a un air dubitatif.
— Vous savez, tant qu’à faire, si je peux éviter, je préfère vraiment la terre ferme pour dormir, même sur un... navire ayant un tel luxe.
— Ça je vous comprends fort bien, mon ami, intervient Théo qui arrive sans crier gare... tout pareil !


[1] Autant le dire tout de suite, cet hôtel n’existe pas, si le premier hôtel moderne a bien ouvert en 1961 à Saint-Denis de La Réunion, les sources ne permettent pas dans savoir la date, ni le nom. NdA 

(chapitre 27, mardi 18 novembre 2025 “île de La Réunion”)

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