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Billet de blog 29 mars 2025

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“L'ombre de l'Écarlate” (épisode V) roman policier-fantastique

Un mystère familial en 1902 et en 1963. L'étrange, le surnaturel se composant dans un quotidien prolétaire.

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L’OMBRE DE L'ÉCARLATE (V)
- les cheveux rouges -

Madeleine, face à Tenzin, ne sait trop quoi répondre.
Lui et elle se trouvaient dans une autre époque, un autre lieu. 
— Où étions-nous, demande-t-elle un peu perdue.
— Là où ton esprit nous a mené, je n’ai servi que de “conducteur”, dit-il très aimablement. Alors ?
— Je ne sais pas.
— Ou tu refuses de le savoir ?
Elle se tait et se force à se remémorer ce qu’elle a vue.
— Peut-être. Ça ressemblait à un hôpital. Il y a longtemps, avant même ma naissance. Cette vieille dame avait, me semble-t-il des cheveux auburn, presque rouge, ça m’a frappé. Elle était dans un lit, mal en point.
— Oui, tu la connais cette dame-là ? L’aurais-tu vu, enfant, en photo ?
Madeleine se force à essayer de se rappeler l’album que Colette, sa mère, lui a laissé avant sa mort, en 36.
Elle hésite un moment.
Puis, elle se souvient.
— Oui ! C’était ma grand-mère, Joséphine. Je ne m’en rappelais pas. C’est que petite fille, j’avais reçu la “visite” de son esprit. Ensuite j’ai passé quelques semaines à l’hôpital où ma mère avait une amie. Cette amie avait rompu avec elle, après une vague histoire où maman avait le souvenir de gens qu’elle disait avoir connu, et qui n’existaient pas...
Soudainement elle se souviens de tout.
— Berthe ! Berthe Lelong, elle était aussi ma nourrice, pour arrondir ses fins de mois.
— C’est bien, Madeleine Lamorie. J’ai l’impression d’un traumatisme... je me trompe ?
— Non, Rinpoche.

***

22 décembre 1881, 
Hôpital du Roule, Paris
Une vieille femme, aux cheveux roux, est allongée dans un des lits de cette chambre commune de l’hôpital.
— Alors infirmière, cette patiente, qu’en est-il ?
— Je crains que la blessure reçue ne lui soit mortelle... à son âge. Nous l’avons mis sous morphine pour atténuer ses douleurs. C’est tout ce que le médecin de garde hier soir nous a indiqué quand elle est arrivée chez nous.
Le médecin, en train de faire ses visites pour se mettre au courant de l’état des malades, semble ébloui un instant.
— Fermez les rideaux, je vous prie, mademoiselle, ce soleil est trop lumineux.
— Mais... ils sont déjà fermés, docteur.

***

Gustave, de retour de la gare de Lyon avec l’autre gros bagage de son invité, le curé Simon Applegood, de la paroisse de Meursault, dépose dans son entrée cette grosse valise. Il est un peu fatigué, même si le métro fonctionne bien. Il supporte de plus en plus mal ses soixante-treize ans.
Le prêtre, en train de finir le petit déjeuner que lui avait préparé son hôte, se lève.
— Oh, merci mon fils. C’est tellement aimable de votre part.
— Je vous en prie.
Le serviteur du divin prend en main le bagage et l’emporte dans sa chambre, loué auprès du voisin de Gustave.
Ce dernier suit le prêtre.
— Alors, vous avez bien dormi, mon père ?
— L’agitation des grandes villes m’a toujours semblée être une gêne, cependant, j’avoue que je me suis fort bien reposé.
— Il est déjà dix heures, voudriez-vous déjeuner. Je connais un petit restaurant sympathique et fort abordable.
— C’est une bonne idée, mon fils. Je vais faire un brin de toilette et nous nous y rendrons vers le coup de midi ? Mais, dites-moi, de quoi est morte votre mère ?
— Ah oui... maman... elle est morte en 1936, après les évènements, une crise cardiaque, on n’a pas trop su dans quelle circonstance, puisque c’était en pleine nuit. 
— Intriguant !

***

— Mais, je t’assure, Berthe, Maxence... ont jouaient tous les trois, enfants, à Beaune.
Berthe, d’un caractère irascible, s’emporte.
— Tu m’emmerde, Colette ! Si maintenant tu as des “amis imaginaires” et que tu veuilles m’y faire participer, c’est insupportable. Tu veux me rendre folle de la disparition de ta fille... je vois bien ton stratagème pervers... je te laisse avec tes turpitudes. Adieu.
À cette instant, la porte de l’appartement s’ouvre.

(suite au prochain épisode...)

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