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Billet de blog 13 juin 2023

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La Révolution Espagnole vu par un Communiste Révolutionnaire ! 3/3

La mémoire de la Révolution Espagnole fut enterrée par les errements du Stalinisme, rendant inaudible l’étude des Révolutions Historiques qui pourraient nous fournir les armes de luttes contre les oppressions que nous vivons aujourd’hui… Il est tant de la réactivé !

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Voici le 3ème et dernier article sur la Révolution Espagnole, merci d’avoir suivit cette première ébauche de mon travail, à MARDI prochain pour un nouveau sujet :)

Nous pouvons tirés de cette révolution avortée, deux grands sujets majeurs :

  1. La guerre et la révolution. La lutte contre la révolution a été menée au nom d’une efficacité plus grande sur le plan militaire. On voit bien que la guerre sans la révolution a abouti à une défaite de la République. Mais la révolution menée jusqu’au bout aurait-elle permis de gagner la guerre ?

→ Nous parlerons de l’Armements du Prolétariat et de la guerre Révolutionnaire, ainsi que de la Question Nationale et de l’Expropriation

  1. Le parti révolutionnaire. La CNT et le POUM ont voulu à la fois soutenir la révolution et le gouvernement de FP. C’était manifestement impossible puisque la révolution a été étouffée puis écrasée par la République. Mais d’autres choix étaient-ils possibles ? Qu’aurait du être la politique d’un parti révolutionnaire ?

→ Qu’est-ce qu’un parti révolutionnaire ? A quoi ca sert ? Que peut-on proposer pour en élaborer un ?

Une des leçons de la révolution russe : on gagne la guerre civile d’abord avec des armes politiques (en faisant basculer les soldats du côté de la révolution), une voie que le gouvernement de Front Populaire n’a même pas voulu explorer…

En effet l’armée de Franco était constituée pour l’essentiel de paysans pauvres et de Marocains (Groupes sociaux faciles à convaincre par les perspectives qu’offre la révolution).

Elle n’a jamais essayé parce que le souci du FP n’était pas de convaincre les paysans mais la bourgeoisie de rompre avec Franco et de revenir dans le camp de la légalité. Il fallait donc donner l’exemple et respecter la propriété privée...

Cela se retrouve également dans sa façon de gérer la demande d’indépendance du Maroc (Qui propose une aide militaire en échange de l’Indépendance, ce que le Front Populaire refuse) → Une attitude qui est en cohérence avec celle de juillet 1936 : plutôt prendre le risque de la défaite que donner des armes à la révolution.

Dans ces 2 situations, la direction révolutionnaire en place élude des questions fondamentales : celle de refuser de s’aliéner la paysannerie en évitant absolument de toucher à la propriété privée (Ce qui n’a que peu été efficace puisque dans ce sens Franco semblait être un meilleur allié), mais qui en plus de cela, a annihilé la possibilité de proposer mieux que la défense de leur propriété privée particulière, c’est-à-dire proposer une solution au problème agraire par la lutte conjointe entre paysans et ouvriers face à leur ennemi commun, tout en garantissant les intérêts de ceci par la perspective de voir leur condition de vie s’améliorer (Troquer la situation précaire de paysan sous domination bourgeoise à l’émancipation au sein du prolétariat après la prise de pouvoir).

L’autre question fondamentale (comme en témoigne encore aujourd’hui l’Indépendantisme Catalan) est la question nationale. L’Espagne étant une puissance colonisatrice à l’extérieur et une nation fragmentée à l’intérieur, cette question nationale a pris une ampleur particulière lors de cette révolution. Outre les invectives nationalistes, elle a exposé clairement les intentions des directions de cette révolution ; ni la CNT, ni le POUM n’ont envisagé de proposer (ou d’accepter) l’indépendance des territoires dominés, et ceux malgré les nécessités immédiates de la révolution. Le droit à l’autonomie a été bafoué, et au delà du simple dégoût morale que cela peut susciter, témoigne d’une stratégie (et au passage d’un objectif) politique qui rentre en contradiction avec ceux des révolutionnaires et de la classe ouvrière.

Quelques Passages de Trotsky sur :

…La nécessité d’une Industrie d’armement Indépendante :

« En un an et demi de guerre civile, on pouvait développer l'industrie de guerre espagnole, en adaptant aux besoins de la guerre une série d'usines civiles. Si ce travail n'a pas été accompli, c'est uniquement parce que les initiatives des organisations ouvrières ont été combattues par Staline comme par ses alliés espagnols. Une forte industrie de guerre serait devenue un puissant instrument dans les mains des ouvriers. Les chefs du Front populaire préfèrent dépendre de Moscou. » Trotsky,

…La nécessité d’une direction politique Révolutionnaire pour gagner la Guerre :

« Si, à la tête des ouvriers et des paysans armés, c'est-à-dire à la tête de l'Espagne républicaine, il y avait eu des révolutionnaires et non des agents poltrons de la bourgeoisie, le problème de l'armement n'aurait jamais joué un rôle de premier plan. L'armée de Franco, y compris les Riffains coloniaux et les soldats de Mussolini, n'était nullement assurée contre la contagion révolutionnaire. Entourés de toutes parts des flammes de la révolution socialiste, les soldats fascistes se seraient réduits à une quantité insignifiante. Ce ne sont pas les armes qui manquaient à Madrid et à Barcelone, ni les « génies » militaires. Ce qui manquait, c'était le parti révolutionnaire. » Trotsky,

En effet, si l’issue dépendait beaucoup de la CNT, le POUM a une responsabilité majeure dans cette défaite (La CNT étant bien supérieur en capacité militante au POUM, mais en proie à de fortes contradictions politique interne). La CNT refuse de prendre le pouvoir, mais accepte ensuite d’avoir des ministres (et participe donc à la reconstruction de l’Etat bourgeois) le tout sous les pressions et la justification « Solidarité contre le fascisme »… Hors le POUM aurait pu jouer le rôle d’une direction politique de rechange (Et pousser la CNT ou du moins ses militants à rompre définitivement avec la bourgeoisie) Hors la réponse des dirigeants du POUM fut claire : Il n’y avait pas d’autres politique possible (« C’est la CNT qui a les moyens, pas nous »).

Malgré tout, il existe une situation particulière où le POUM avait la possibilité de gagner en importance (1937) → Récit de Félix Morrow En 1937, alors que la Révolution commence à refluer, l’écart devient considérable entre Une partie importante des militants de la CNT (qui veulent balayer le gouvernement) et leur direction. Malheureusement, le POUM n’ose pas ou refuse de s’imposer et subit immédiatement la répression des staliniens qui ont désormais les moyens d’appliquer une véritable politique de terreur. Si vous souhaitez davantage d’informations sur cet épisode, je vous conseil le récit de Félix Morrow, Révolution et contre-Révolution en Espagne (1938).

La discussion autour du POUM devient un véritable enjeu pour construire une 4ème Internationale Pour Trotski, l’enjeu est d’éviter deux écueils : un regroupement ultra-minoritaire qui n’a pas les moyens de peser sur les événements ; un regroupement informe qui a plus de militants mais pas de politique et qui du coup ne pèsera pas plus sur les événements. C’est une discussion assez abstraite jusque en 1936. Mais avec l’Espagne, c’est la possibilité d’une vérification grandeur nature. Pourtant chacun tire une conclusion opposée. Pour Trotski, l’absence d’une politique et d’une direction révolutionnaire ne pouvait amener le POUM qu’à la catastrophe. → « La ligne de moindre résistance s'avère, dans la révolution, la ligne de la pire faillite. La peur de s'isoler de la bourgeoisie conduit à s'isoler des masses L'adaptation aux préjugés conservateurs de l'aristocratie ouvrière signifie la trahison des ouvriers et de la révolution. L'excès de prudence est l'imprudence la plus funeste. Telle est la principale leçon de l'effondrement de l'organisation politique la plus honnête de l'Espagne, le P.O.U.M., parti centriste. Les troupes du Bureau de Londres ne veulent ou ne savent manifestement pas tirer les conclusions nécessaires du dernier avertissement de l'Histoire. Par là même ils se vouent eux- mêmes à leur perte. » Pour les autres, la politique jugée « sectaire » de Trotski n’est pas plus probante puisqu’elle conduit à l’impuissance (il n’y a pas eu de parti trotskyste en Espagne). C’est un point de rupture. La IV° est crée en novembre 1938 sans les partis « centristes ». Mais depuis la discussion ne s’est pas non plus arrêtée : comment créer un parti révolutionnaire, en évitant deux écueils, une construction ultra- minoritaire ou un regroupement politiquement informe...

« Elle a appris à juger les anarchistes, non pas sur leurs paroles, mais sur leurs actes. » « Aucun sophisme ne fera disparaître de l'histoire le fait que l'anarchisme et le stalinisme se sont trouvés du même côté de la barricade, les masses révolutionnaires et les marxistes de l'autre. Telle est la vérité qui entrera pour toujours dans la conscience du prolétariat. »

Citations tirés du texte de L. Trotsky, Leçons d'Espagne : dernier avertissement. Le 17 décembre 1937,

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