On raconte qu’au Maroc, quand un citoyen a mal à la dent, il a deux options : soit il prie Allah pour que la molaire tombe toute seule, soit il prie encore plus fort pour croiser un dentiste pas encore parti en France. Et quand un citoyen a le malheur de descendre dans la rue pour dire : « Sidi, on veut juste un hôpital qui soigne, pas une morgue avec des rideaux neufs », il se retrouve vite entouré de policiers qui lui expliquent que la douleur, c’est dans la tête, et que la vraie médecine, c’est le silence.
Pendant ce temps-là, à Rabat, dans les palais où le marbre transpire la climatisation et les fontaines tournent en rond comme les discours officiels, le Roi du Maroc s’adonne à une passion secrète mais pas si secrète : l’art du dressing royal. Il ne gouverne pas avec une Constitution, ni avec un plan de santé publique, ni avec des économistes, non, il gouverne avec Gucci, Prada, et parfois, pour les jours patriotiques, une petite touche de Louis Vuitton.
Le peuple crie : « Médecins ! »
Le roi répond : « Mocassins ! »
Le Maroc entier se débat entre les couloirs insalubres des dispensaires et quand une infirmière ose réclamer un stéthoscope, le roi réplique en commandant une nouvelle paire de lunettes de soleil à 3000 euros, pour mieux ne pas voir les problèmes.
Ah, mais attention, Sa Majesté se dit moderne, cool et branché. Il n’est pas comme ces vieux rois figés dans leur protocole. Lui, il se prend en photo en T-shirt comme un influenceur de banlieue parisienne qui aurait gagné au loto. Le peuple crève ? Qu’importe, du moment qu’Instagram respire la fraîcheur. Le roi n’a pas besoin de soigner son peuple, il soigne son image. Et dans ce domaine, c’est un chirurgien esthétique hors pair.
Le ballon comme anesthésiant:
Il paraît que le roi a trouvé le remède miracle à tous les maux : le football.
Tu n’as pas d’hôpital ? Pas grave, tu auras une Coupe du Monde.
Tu n’as pas de médecin ? Tu auras Lamine Yamal qui viendra taper dans un ballon devant toi.
Voilà donc la nouvelle médecine royale : anesthésier la douleur avec deux matches de Coupe du Monde. Le peuple crie de faim ? Peu importe, il pourra se remplir l’estomac avec des chants de supporters.
Le roi croit être une star. Mais il oublie qu’une star, ça brille pour ses fans. Lui, il brille tout seul, dans son miroir en or massif, pendant que le peuple n’a même pas une ampoule électrique pour lire un livre le soir, et une chose est sûre : On ne fait pas disparaître les cris d’un peuple avec deux matches de Coupe du Monde.
Un vieux conte raconte l’histoire d’un roi qui croyait porter des habits merveilleux, alors qu’il était nu. Tout le monde faisait semblant de le trouver magnifique, jusqu’à ce qu’un enfant crie la vérité. Au Maroc, l’histoire se répète. Le roi croit être couvert de Gucci et Prada, mais en réalité, il est nu. Nu de légitimité, nu de compassion, nu d’intelligence politique. Et le peuple, lui, n’attend plus qu’un enfant, une voix, un cri, pour dire : « Le roi est nu, et nous, nous sommes malades ! »
Par: Ismail Zanoune