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Billet de blog 9 octobre 2025

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Algérie-France : Chronique d’une panique aérienne.

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Rien n’effraie plus la presse parisienne qu’un pays du Sud qui décide de s’équiper sans demander la permission.

Un matin de grande inquiétude journalistique, Le Parisien s’est réveillé le front perlé de sueur : « Une arme très puissante à 140 millions de dollars : et si l’Algérie se dotait de chasseurs russes Su-57 ? »
Ah ! Le frisson ! On devine déjà le rédacteur tremblant, la main sur la souris, l’œil rivé sur Flight Radar pour vérifier si les avions ne sont pas déjà en train de décoller d’Oran direction… Versailles !

L'Algérie n'achètera jamais de Rafales. Parce que oui, figurez-vous, elle a le droit. Un droit souverain, inscrit nulle part dans Les journaux français mais bel et bien dans la réalité.  Mais l'Europe voudrait voir l'Algérie boycotter la Russie, or, l'Algérie a 6500 km de frontières terrestres à contrôler et voilà qu’on voudrait qu’elle se contente de jumelles et de prières !

Le journaliste, sans doute depuis sa terrasse du Marais, s’interroge : « Mais pourquoi dépenser 25 milliards de dollars pour la défense ? »
Parce qu’ici, cher ami, on n’a pas la chance d’avoir la Suisse pour voisine. On a le chaos libyen, la voracité marocaine et les mirages terroristes du Sahel. Ici, la stabilité se paie en vigilance...et en Su-57.

D’ailleurs, entre nous, si la France peut dépenser 50 milliards d’euros par an pour entretenir une armée qui bombarde au Mali, au Niger ou en Syrie, sans que personne au Parisien ne s’en étrangle, pourquoi l’Algérie n’aurait-elle pas le droit de simplement se protéger ?

Mais ne soyons pas injustes : il faut reconnaître au journal français un talent particulier, celui de s’inquiéter à la carte.
Quand la France vend des armes à l’Arabie Saoudite, tout va bien. On appelle cela « coopération stratégique ».
Quand l’Algérie achète un avion pour surveiller ses frontières, cela devient presque « une escalade inquiétante ».
C’est la magie de la grammaire diplomatique made in Paris : “nos bombes” apportent la paix, “leurs missiles” annoncent la guerre.

Et puis, rappelons-le : l’armée algérienne, depuis son indépendance, n’a jamais bombardé un seul village africain. Pas un. Ni à Bamako, ni à Tripoli.
Elle ne s’invite pas chez les autres pour “restaurer la démocratie” à coups de missiles, ni pour “protéger les populations” en vidant leurs maisons !

Alors oui, demain l’Algérie aura des Su-57. Mais ce qui semble insupportable à certains, c’est moins la machine que le symbole : celui d’un pays africain, souverain, qui n’attend plus qu’on lui dicte ses priorités.
Un pays qui sait que la sécurité ne se quémande pas, elle se construit.

Alors, cher Parisien, respirez. L’Algérie ne vous bombardera pas.
Mais elle continuera de voler, au propre comme au figuré, bien au-dessus de vos préjugés.

Par: Ismail Zanoune.

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