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Billet de blog 12 octobre 2025

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Xavier Driencourt : comment j’ai cessé d’être diplomate pour devenir polémiste.

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Un militant d’un camp de base situé entre Neuilly et la mauvaise foi. Depuis sa retraite, il est là, quelque part entre Twitter et CNews. Il s’est reconverti en grand mufti du ressentiment post-colonial.

Il hante les plateaux comme un fantôme en quête de projecteurs. Dès qu’un présentateur lance un débat du style « L’Algérie : chaos ou méga-chaos ? », Xavier surgit : « L’Algérie ? Un labyrinthe sans issue ! », clame-t-il, le regard fiévreux.
Mais le vrai Colisée de notre héros, c’est Twitter, l’arène où il se rêve en gladiateur du retweet. Là, Xavier déploie une frénésie digne d’un hamster dopé. Chaque post anti-algérien, même le plus farfelu, est repêché avec l’enthousiasme d’un collectionneur de coquillages. Amirdz, le légendaire camelot des sextapes, tweete une ânerie ?  Retweet ! Aïnouche, le caricaturiste dont les dessins font regretter l’invention du papier, pond un gribouillage ? Retweet !  

Et puis, il y a eu l’affaire Boualem Sansal, que Xavier a transformé en étendard de sa croisade. Non pas par amour de la littérature, soyons sérieux, il préfère les tweets aux romans, mais parce que chaque polémique est une nouvelle flèche à son arc de justicier autoproclamé. 

L’ex-ambassadeur de France, jadis incarnation du raffinement républicain, du tact, retweete aujourd’hui des énergumènes. Oui, la chute est verticale. Mais il sait tirer profit de la situation. Dès qu’un plateau français a besoin de dézinguer l’Algérie entre deux pubs pour paris sportifs, Xavier arrive, sourire pincé, regard de curé outragé. Il ajuste sa chemise, parle d’un ton grave et commence à réciter ses psaumes préférés :
— “L’Algérie va mal.”
— “Les jeunes veulent tous partir.”
— “J’ai vu ça de mes yeux, en 2007, dans un salon de thé.”

Mais en réalité, Xavier ne veut pas sauver l’Algérie. Il veut qu’elle échoue, pour pouvoir dire "je vous l’avais dit" avec une petite larme de fierté au coin de l’œil. Il ne rêve pas d’une Algérie meilleure, il rêve d’une Algérie ratée, pour que son livre en solde ait l’air d’une prophétie.

Et le soir, juste avant de dormir, Xavier refait le monde avec son chat (nommé "Bugeaud", probablement). Il dit à haute voix :
— “Je te l’avais dit ! L’Algérie va tomber ! Elle est en train de tomber !”

Mais elle ne tombe pas. Elle reste là, tranquillement. Et elle a le droit de chasser le français de son paysage culturel car le français n'est plus un butin de guerre. En tout cas, les enfants jouent déjà avec un autre trésor: l'anglais. Qui contrairement au français, ne porte pas le poids des souvenirs, des rancunes, de la guerre et des promesses non tenues. Il est presque neutre, fonctionnel, comme un scalpel bien aiguisé et est déjà prisée par la jeunesse algérienne.

Par Ismail Zanoune.

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