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Billet de blog 24 avril 2025

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Khaled

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les Algériens désignent les Marocains comme des voleurs de patrimoine, des pillards d’histoires, ravisseurs de mélodies et de voiles tissés dans l’argile. Ils s’indignent, comme si leur héritage était une amante qu’on leur dérobe sous les étoiles. On les accuse de s’emparer du raï, des robes et des rêves cousus dans le sable. Mais il y a une exception: Khaled, ce roi aux yeux rieurs, ce fils du peuple qui dansait avec le vin et les nuits libres, gît là, trahi avec sa voix qui faisait trembler les cœurs et les interdits. Ils l’ont laissé s’effacer. Trop ivre, trop joyeux, trop vivant pour ces barbes sévères, ces âmes qui prient en noir et blanc. Ils haïssent sa lumière, ces gardiens de l’ombre. Alors, ils pleurent leur héritage volé, mais c’est eux qui ont fermé la porte au plus grand des leurs. Il restera notre King au sourire allègre, ce fils des ruelles qui chantait la volupté, les verres pleins et les corps déliés.  On l'a abandonné. Trop libre, trop solaire, trop vivant pour ces fronts plissés, ces cœurs drapés de cendres qui psalmodient dans la pénombre. Ils maudissent le voisin pour des larcins d’argile, mais c’est eux qui ont éteint leur propre flamme, par crainte de danser sous leur ciel nu.
Traîné dans la fange des murmures acerbes, non pas pour quelque crime d’État ou forfaiture politique, mais pour le péché impardonnable d’avoir osé encenser le Maroc, ce voisin que nous toisons avec la méfiance d’un chat devant un miroir. Quelle farce ! Quelle tragédie burlesque ! On dirait une pièce de Molière où les personnages, drapés dans leur rigorisme, oublient que le bouffon n’est pas le roi, et que le chanteur n’a pas à porter l’écharpe d’un ambassadeur.  Longue vie à la légende !

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