Après des années de déconfiture, ces derniers mois ont marqué sa dégringolade à des profondeurs abyssales.
Après sa réélection et les législatives subséquentes, il a refusé de chercher une coalition et exigé un gouvernement minoritaire et soumis, formé uniquement de ses militants et obligés. Il a tordu les institutions pour imposer ses marottes et a abîmé la démocratie.
Après la victoire du RN aux élections européennes, il a refusé d'essayer d'unir le pays pour lutter contre la xénophobie et les divisions. Au contraire, il a dissout l'assemblée nationale dans une pulsion destructrice et apparemment ivre d'hubris. Avait-il un plan ? La suite a prouvé que non. Il a joué la démocratie à la roulette russe, espéré une disparition électorale de la gauche ne laissant plus que la droite, macroniste ou non, et l'extrême droite comme forces conséquentes à l'assemblée nationale. Si par miracle, suite à un front républicain improbable, son camp était sorti majoritaire il aurait pu continuer comme si de rien n'était. Sinon, il semble qu'il était prêt à laisser l'extrême droite gouverner ou à gouverner avec elle.
Après sa défaite aux élections législatives et celle de l'extrême droite, il a nié les leçons des urnes, refoulé la déconfiture de son camp, prétendu n'avoir pas de responsabilité dans la situation et n'avoir pas perdu son pari insensé. La gauche s'est unie pour faire front à l'extrême droite, elle s'est mobilisée, elle a milité et travaillé sans relâche pour convaincre et éviter l'abîme autoritaire et xénophobe, et pour sauver ce qu'il restait de la démocratie. Au deuxième tour, les études l'ont montré, ce sont encore les électeurs de gauche qui ont permis que les forces de droites, macronistes ou non, ne disparaissent pas sous la vague d'extrême droite. Il est difficilement contestable que c'est la gauche qui a sauvé la démocratie à l'insu de Macron et de toute la droite trop occupée à essayer de doubler le RN par sa droite dans une surenchère xénophobe. Refusant d'en tenir compte, Macron a exclu la coalition de gauche, arrivée en tête, de la recherche d'une solution.
Finalement, il a nommé un premier ministre LR, membre du bloc le plus faible numériquement, le plus à droite (après le RN (quoique...) ), coupé en deux par son alliance avec le RN, désavoué dans les urnes et ne devant sa survie politique qu'aux électeurs de gauche faisant barrage au RN et ses relents fascisants. Ce premier ministre ne pourrait gouverner qu'avec le soutien du RN qui a déjà indiqué ses bonnes dispositions et se retrouve donc à contrôler de fait le gouvernement.
Le RN, qui n'est arrivé que troisième grâce aux électeurs de gauche qui s'y sont éthiquement opposés en nombre et ont permis à Macron de sauver les apparences, s'est retrouvé en faiseur de roi avec la bienveillance du jupiter déchu. On ne peut humainement tomber plus bas, ni faire plus vil. Mais cet homme là semble toujours narcissiquement ébloui par son propre génie imaginé dans son miroir. Finalement, cela donne l'impression que Macron a eu ce qu'il semble avoir voulu : gouverner avec le RN. Le soutien du RN est la condition sine qua non du gouvernement Barnier. Un gouvernement soutenu par l'extrême droite, c'est exactement le contraire de ce pour quoi les députés non RN ont presque tous été élus ! Les seuls vainqueurs de cette ignominie sont la xénophobie et l'autoritarisme qui semblent si bien seoir aux alliés de Macron. Cet homo lamentabilis, quant à lui, est tombé, oxymoriquement, au fond de l'abîme.