Monsieur le ministre,
Vous vous étiez engagé publiquement à saisir l’Inspection Générale de la Justice (IGJ) dans l’affaire de Souheil El Khalfaoui en cas de non-réapparition des scellés sous 24 heures. Ces scellés sont miraculeusement réapparus dans le bureau du même juge qui avait annoncé leur perte et commencé une enquête interne pour les retrouver. Cette disparition est la deuxième signalée dans le dossier de Souheil, ces disparitions chroniques interrogent.
À ce jour, vous n’avez ordonné aucune saisine de l’IGJ. Pourtant, nous vous le rappelons ici solennellement : les éléments disparus n’étaient pas accessoires. La Justice ne peut faire l’ensemble de la vérité, selon vos mots, quand de telles pratiques dilatoires ont lieu dans les parquets placés sous votre responsabilité et sans qu’elles ne soient sanctionnées.
Nous vous joignons le courrier de la juge d’instruction précisant que le bureau dudit juge d’instruction avait déjà été fouillé. Aussi, nous portons à votre attention le fait que ce juge d’instruction a été en charge du dossier de Souheil pendant pratiquement deux ans, qu’il n’a constaté la perte des scellés qu’une semaine avant sa mutation, ce qui ne l’a pas empêché de placer le policier tireur sous le statut très favorable de témoin assisté. Nous souhaitons donc que les responsabilités de ces manquements soient établies.
Depuis quatre ans, notre famille fait face à une série de dysfonctionnements majeurs, sous la responsabilité de personnalités judiciaires aujourd’hui promues. Ne rien faire vous rendrait complice du déni de justice auquel ces lacunes, carences ou malveillances procédurales nous exposent. La promesse d’une Justice indépendante et impartiale apparait suspendue lorsqu’il s’agit de crimes impliquant des agents de police. Il nous apparaît aujourd’hui nécessaire de réaliser cette enquête afin que de telles pratiques n’aient plus cours.
Souheil avait 19 ans. Il a été tué. Il est de votre devoir, en tant que ministre de la Justice, de garantir que la vérité ne soit pas enterrée. Votre promesse et vos fonctions vous obligent. Vos paroles vous engagent et votre silence, s’il continuait, vous accablerait.
Tenez votre promesse. Saisissez l’Inspection Générale de la Justice. Montrez que l’État n’est pas complice du silence et des manœuvres visant à retarder et fausser l’instruction.
La famille de Souheil El Khalfaoui