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Billet de blog 14 avril 2015

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Liberté, Laïcité, Minorité

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Prenant mon courage (et mon clavier) à deux mains, je me décide à poster mon premier billet.

Je ne sais pas si Malraux a effectivement prononcé un jour une phrase relative à la religiosité, au mysticisme ou à la spiritualité du XXIème siècle, toujours est-il que, dans les faits, le religieux est au coeur des débats qui agitent le monde en ce nouveau millénaire, particulièrement en France.

Une grande confusion règne. La laïcité sert de pretexte pour masquer un racisme devenu islamophobie ; le racisme et l'islamophobie servent de prétexte pour détourner des valeurs républicaines et démocratiques.

Je reste convaincu que les religions dans leur ensemble demeurent des institutions archaïques, obscurantistes et porteuses d'intolérance, comme toute institutionnalisation d'une croyance ou d'une spiritualité. Cependant, les musulmans sont aujourd'hui stigmatisés, discriminés, insultés, aggréssés, en tant que musulmans, c'est indéniable et quel que soit notre sentiment vis à vis du fait relgieux, il est de notre devoir de combattre cette stigmatisation.

D'aucuns, notamment sur Médiapart, sont venus défendre la liberté de conscience et dénoncer les atteintes dont elle a fait l'objet récemment ; beaucoup ont inclu l'interdiction des signes religieux à l'école dans ces atteintes.

Il y a là une dérive grave car il est systématiquement oublié que les jeunes filles concernées sont mineures.

La liberté est le principe de l'état de droit mais, comme tout principe, la liberté ne peut être absolue sans devenir un totalitarisme. Notamment, il est primordial de protéger les mineurs par une restriction de leurs libertés.

Si un enfant de 12 ans a envie de travailler, boire de l'alcool, fumer, coucher avec un adulte, jouer au casino, conduire une voiture, ouvrir un commerce, quitter l'école, militer dans un parti politique, tourner dans un film pornographique... doit-on le laisser faire au nom de la "liberté"?

Non, car dans un état de droit un mineur doit être considéré comme incapable de jouir des libertés dont un majeur peut profiter.

Comment peut-on imaginer qu'une jeune fille de 12 ans puisse avoir la maturité suffisante pour avoir arrêté sa spiritualité? Comment peut-on imaginer qu'elle ait suffisamment d'autonomie vis à vis de ses parents et de son éducation pour faire le choix de porter le voile sans influence? Alors comment peut-on invoquer le port du voile par ces jeunes filles comme une expression de liberté?

Les religions influencent déjà grandement les enfants par le biais des rites pratiqués sur des mineurs et d'une éducation religieuse qui a tout du prosélytisme. Il est dans les attribtutions de l'école de la République de permettre à chaque citoyen en devenir de se développer librement y compris vis à vis de ses influences familiales et communautaires.

Qu'un parent refuse que sa fille enlève le voile à l'entrée du collège, ou qu'il laisse sa fille refuser de le faire ne peut être admis comme une liberté républicaine. L'école de la République n'est pas née en 1905 mais 20 ans auparavant. Avant même la loi de séparation des Eglises et de l'Etat, l'école de la Répulique a été fondée, entre autre, pour protéger les enfants du prosélytisme des curés qui avaient à l'époque le quasi monopole de l'éducation scolaire. Et, pour protéger les enfants de l'influence des parents ou des curés, il a été nécessaire de rendre cette école républicaine obligatoire. L'école de la République est donc légitme à restreindre les libertés des parents et à imposer une neutralité à ses elèves. En effet, le voile, ou tout signe religieux ostentatoire, n'est pas seulement une expression de la foi. Il est aussi un élément d'identification systématique à cette foi.Or, il est du devoir originel de l'école de permettre aux élèves de se définir en dehors de leur éducation familiale.

Bien entendu, ceci ne doit par occulter le fait que, de nombreuses atteintes à l'esprit de l'école de Jules Ferry demeurent aujourd'hui : le concordat en Alsace-Moselle, l'enseignement privé sous contrat et même le recours à des répétiteurs individuels privés...

Cependant, les doutes légitimes sur les motivations du gouvernement à l'origine de la loi de 2004 ne doit pas conduire à nier que voiler des enfant de 12 ans n'est pas acceptable et que cette loi était nécessaire. Au contraire, il faut se servir de cette loi pour exiger de supprimer toutes les influences que les Eglises ont regagnées sur l'école au cours du XXème siècle.

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