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Billet de blog 3 juin 2021

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DE DARNA À ARNA, UN THÉÂTRE D’ÉMANCIPATION

Dossier - Reportage sur les traces du théâtre social et politique dans le monde arabe

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Sur un banc sont entassés une dizaine de jeunes garçons. Une femme d’un certain âge s’adresse à l’un d’eux en arabe. « – Pourquoi es-tu en colère Ashraf ?Parce qu’ils ont détruit ma maison, réplique le garçon. – Qui a détruit ta maison Ashraf ?C’est l’armée israélienne qui a détruit ma maison. » La vieille femme se place au centre de la pièce, et lui dit qu’elle représente l’armée israélienne. C’est un jeu, c’est du théâtre. « Qu’est-ce que tu aimerais faire à l’armée israélienne Ashraf ? Exprime ta colère. » Le garçon se lève lentement. –  Je la pousserais, de cette façon. » La femme distribue des bouts de papiers à tous les enfants de la salle qu’ils s’empressent de déchirer dans un élan de colère et de rires.

Cette scène est tirée du documentaire Les Enfants d’Arna de Juliano Mer Khamis. Le film raconte l’histoire d’Arna Mer Khamis, militante juive pro-palestinienne. En 1993, elle a construit un théâtre au milieu d’un camp de réfugiés palestiniens. Le Théâtre de pierre. Le nom a été donné en référence aux cailloux lancés par les palestiniens pour se défendre de l’armée israélienne pendant la première intifada, la guerre des pierres. Ce petit théâtre devient dès lors un haut lieu de la résistance artistique dans le monde. Il permet aux enfants du camp de Jénine traumatisés par la guerre d’exprimer leurs peurs, de mettre des mots sur l’horreur, de libérer leur colère. Au fil du temps et des violences, le théâtre détruit, reconstruit, brûlé, mais ne désemplit pas. Les générations se succèdent et les élèves deviennent professeurs. Sur la scène du Théâtre de la Liberté, on continue de produire des spectacles transgressifs et on lutte pour le changement social.

Ce film va me décider à aller explorer plusieurs initiatives théâtrales dans les régions arabo-musulmanes. Il s’agit d’aller rencontrer ceux qui élargissent l’audience au-delà du cercle des convaincus. Ceux qui n’ont pas peur de critiquer les mœurs, de remettre en cause les élites dirigeantes et le système qui les tient. Dans un horizon hanté par le chaos, ces initiatives individuelles sont un salut, une ode à la vie.

Illustration 1
Fresque face au Théâtre de la Liberté, Jénine. (2019)

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