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Billet de blog 8 septembre 2012

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La tuerie d'Annecy révèle de manière éclatante l'incompatibilité des avis péremptoires des psys des deux côtés de la manche!

Je voulais résilier cet abonnement Mediapart et ne plus écrire de billets mais cet espace est finalement précieux car il permet à une obscure psychiatre de montrer à qui veut bien lire et voir que nous sommes abreuvés d'avis d'experts péremptoires alors que la psychiatrie et la psychologie clinique sont bien loin d'être des sciences.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je voulais résilier cet abonnement Mediapart et ne plus écrire de billets mais cet espace est finalement précieux car il permet à une obscure psychiatre de montrer à qui veut bien lire et voir que nous sommes abreuvés d'avis d'experts péremptoires alors que la psychiatrie et la psychologie clinique sont bien loin d'être des sciences.

La tuerie d'Annecy donne l'occasion de confronter l'avis péremptoire d'une psychologue experte française qui, sur un point absolument essentiel, assène  le contraire exact de sa collègue experte de GB:

Tant que l'on se contente des titres  "le  Figaro " et  "The Guardian" les experts française et britanniques (NB:  les britanniques prennent la précaution de demander l'avis de deux experts une psychiatre et une psychologue  ) tout va bien et nous recevonsd l'assurance que les fillettes peuvent "surmonter le drame " coté français et "vivre malgré tout une vie normale" coté britannique "still live normal lives"

http://sante.lefigaro.fr/actualite/2012/09/06/18999-haute-savoie-fillettes-peuvent-surmonter-drame

"INTERVIEW - Hélène Romano, psychologue clinicienne au CHU Henri-Mondor de Créteil, spécialisée dans le psychotraumatisme, revient sur le cas de la petite fille de quatre ans rescapée de la tuerie."

http://www.guardian.co.uk/world/2012/sep/06/young-alps-shooting-victims?intcmp=239

Les expertes anglaises n'apparraissent nominalement que dans le corps de l'article mais leurs états de service et positions de responsabilité valent ceux de notre psychologue française:

Les avis d'experts divergent ensuite tant entre les britanniques et la française que le bon sens imposerait  de mettre le mot expert entre guillemets en attendant de savoir qui est dans l'erreur ou plutôt si une expertise existe!

1)  Faut-il que l'enfant parle des conditions de la mort de ses parents "que cela sorte" "que l'enfant "mette des mots sur ce qui s'est passé"?

Et là les avis sont juste exactement précisément opposés avec une experte anglaise qui précise sa peur que les policiers français ne commette un gros dommage en empechant l'enfant de ne pas conserver de souvenirs.

Côté experte française il faut que les paroles de l'enfant prouvant qu'elle se souveint des circonstances du drame vienne la rassurer sur le pronostic. pas question de salutaire amnésie qui serait un mecchanisme de défense pour l'experte anglaise. L'experte française interpête une amnésie des faits éventuelle et  nous est servi le « clivage traumatique » nécessairement néfaste. Quand un psy  français parle de clivage, cela n’est en général pas bon :

///Chez l'enfant, les troubles post-traumatiques peuvent se manifester tout de suite: cauchemar, anxiété constante, difficulté à sortir, réactivation de la scène de tuerie s'il entend des bruits forts… Parfois, ces troubles se manifestent longtemps après. Dans ce cas, l'enfant vit un moment de latence où il ne montre pas toute sa détresse. Cela peut lui porter préjudice car les adultes pensent alors qu'il n'a compris les événements et sa prise en charge peut en souffrir. C'est ce qu'on appelle le clivage traumatique. Une partie de l'enfant sait ce qu'il a vécu et l'autre partie delui-même se dit qu'il ne doit pas en parler.///

 Et l'experte française enfonce le clou: « Il faut également lui raconter le cas d'autres enfants qui ont connu des drames pour désamorcer un sentiment de culpabilité. » car évidemment si un enfant "avait besoin d'oublier" lui raconter des histoires atroces et similaires ne risquerait pas de l'aider.

De l’autre côté de la Manche ce "clivage" est considéré comme un meccanisme adaptatif à respecter et les expertres britanniques s'inquiètent des fautes psychologiques que les policiers français sont susceptibles de faire . Le gros mot "clivage"  n'y est évidemment pas  mais le sens des propos est limpide : il faut respecter l'amnésie de l'enfant.

« Les enfants peuvent quelquefois métaboliser un traumatisme en l’éliminant. Souvent ils ne se rappellent absolument pas quelque chose qu’un adulte penserait trop horrible pour être oublié. Il est important qu'un des interrogatoire par des policiers ne fasse  pas exploser  des souvenirs que l’enfant a mis dans un endroit où ils n’ont pas besoin d’être métabolisés"

« Children can sometimes process trauma by automatically filtering it out. "Often, they literally don't remember something an adult would think is too horrific to be forgotten," Stokes said. "It's important any questioning by the police doesn't ignite memories the child has put in a place where they don't need to be processed."///

Conclusion: C'est des experts français que les experts britanniques devraient avoir peur !

 2) Il est préconisé, côté britannique seulement, de montrer à l'enfant les cadavres de ses parents  et sa soeur dans le coma  "car une enfant de 4 ans ne comprend pas la différence entre vivant et mort et elle a besoin d'êtrte auidée à comprendre que ses parents ne bougent plus, ne parlent plus, n'ont plus de sensation (ne ressentent plus rien)".

//Black said the girl should see her sister as soon as possible, and that she also needs to be shown her parents' bodies. "Children as young as four don't understand the difference between life and death," Black said. "She needs to be helped to understand by seeing for herself that her parents no longer move or speak or feel."///

2) Les deux expertes britanniques seulement préconisent de manière urgente  comme mesure essentielle  que cette enfant retrouve le plus possible ses habitudes de vie , des adultes qui ont sa confiance, qu'elle aille à l'école si c'était prévu et que l'idée lui plaisait beaucoup-

"She needs to be back in her own home, in her own bedroom, being looked after by adults she trusts. If she was just about to go to school and was excited about that, then that routine should be maintained."

3) Manque de sérieux dans la communication au sens de publicité "pour sa boutique" de l'experte française qui, rappelons -le, est interrogée sur le pronostic psychologique d'une victime précise  et en psy, il faut savoir individualiser diagnostic et traitement y compris quand on est cognitiviste mais alors quand on a le clivage à la bouche il me semble que c'est encotre plus impératif  de considérer le cas individuellement . Or je lis :

« Il faut également lui raconter le cas d'autres enfants qui ont connu des drames pour désamorcer un sentiment de culpabilité. »

 Comme le père de cette petite orpheline de 4 ans était  un ingénieur irakien (immigré depuis 20 ans en GB pour des raisons politiques selon The Guardian), cette  petite fille  aura nécessairement une multitude d'exemples dans sa famille et dans leurs relations d'autres enfants irakiens rendus orphelins par une fusillade ou une bombe- sans compter la télévision! (Dégâts collatéraux par des soldats ou actes de terrorisme qui font fuir d'Irak en grand nombre les personnes éduquées dont les médecins, les ingénieurs, qui se retrouvent assez souvent en GB bref l'entourage en GB de cette petite fille).

4) Afin de ne provoquer personne, je ne mentionnerai pas  que certains chercheurs en psychiatrie doutent du bénéfice des prises en charges psychiatriques systématiques après de tels événements, ni que d’autres soutiennent que la psychiatrie occidentale fait des dégâts dans certaines cultures possédant une grande solidarité sociale permettant de métaboliser les traumatismes…

Ou alors seulement pour donner à lire à propos du  Dr Pat Bracken

http://www.irishtimes.com/newspaper/health/2012/0821/1224322572691.html

 ///Après son doctorat en médecine obtenu à University College  de Cork en 1982 , il perdit ses illusions sur la psychiatrie institutionnelle en travaillant dans des hôpitaux de Cork. en 1987, il quitta l'Irlande pour aller travailler en Uganda dans le cadre d'une fondation médicale dédiée aux soins des victimes de torture en Uganda.

"Je me rendis compte que ces communautés rurales en afrique possèdaient leurs propres ressources face à la souffrance et que l'introduction de la psychiatrie occidentale était susceptibel de faire plus de mal que de bien. j'appris que la détresse peut se manifester de différentes manières et que son soulagement peut survenir par des voies très différentes et très variées. Il est dangereux d'essayer d'imposer une unique manière de comprendre et de répondre aux problèmes mentaux."///

///"Following his graduation from Medical School at University College Cork in 1982, he became deeply disillusioned by his experience of institutional psychiatry while working in hospitals in Cork city. In 1987, he left Ireland to work with the Medical Foundation for the Care of Victims of Torture in Uganda.

I became aware that these rural communities in Africa had their own strengths in the face of suffering and the introduction of western psychiatry could possibly do more harm than good. I learned that distress can manifest in different ways and that healing takes place along many diverse paths. One can do damage by trying to impose a singular way of understanding and responding to mental health problems."///

Dr Ivana Fulli 

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