forme

une photo. des êtres humains pressés les uns contre les autres - ni pour se réchauffer, ni pour combattre ni pour fuir, ni pour faire front - une foule, pour entrer dans un magasin. pour acheter. c'est noël bientôt. ce n'est pas là dans cette rue bondée que les êtres marchent pour la liberté, pour d'autres façons de vivre. être là dans cette foule s'est vouloir encore le monde tel qu'il est sans considérer ce qu'il est devenu ni ce qu'il sera bientôt. c'est accepter toutes les technologies qui seront inutiles mais qui paraitront indispensables. c'est être une foule mais ne pas être une intelligence collective. c'est être contre son prochain et non avec. chacun se presse pour avoir. avoir des choses. peut-être pour faire des cadeaux de noël. je n'ai jamais trop aimé noël. une résistance, une douleur qui traîne de l'enfance. fête religieuse, fête commerciale. fête familiale où l'on se retrouve. je reconnais que j'ai aimé noël dernier, nous étions bien ensemble, pas très nombreux, avec les deux enfants de la famille proche. ce que j'aime en cette période, c'est la descente depuis l'automne vers l'hiver. c'est les jours qui raccourcissent et si l'on peut, être au chaud et hiberner un brin, pour s'ouvrir à nouveau lorsque le jour redevient majoritaire. l'être humain est riche. si on enlevait tous les chiffres, tous les nombres. si on enlevait les heures et les comptes. si on effaçait les histoires, les dominations, les désirs de pouvoir et d'appropriation. si nous étions seulement là, des humains debout. nous verrions notre richesse. nous verrions que nous pouvons nous augmenter nous-mêmes, nous aiguiser les uns aux autres. nous utiliserions la technique avec raison et sagesse. nous tenterions une autre façon d'être au monde. avec intelligence. le chaos est là, il est la dislocation et la perte d'une forme, et porte en lui une énergie qui donnera naissance à une nouvelle forme.