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Billet de blog 14 décembre 2020

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fissure structurelle

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

je l'ai entendu parler. je suis dans la deuxième partie de ma vie, lui dans la première ; je ne crois pas que ce soit une question d'âge. j'ai eu l'impression que nous ne faisions pas partie du même monde. ça fait un moment que l'on en parle, du surgissement de plusieurs types d'humains, structurellement différents. là, sans même besoin de modification génétique, je sentais l'incommunicabilité primordiale, dans la perception même de la vie, du vivant, de ce que nous sommes en tant qu'humain. ce n'est pas une question de génération ; nous allons réellement vers ce monde là. il y avait, à un moment donné de notre conversation avec ce jeune homme, un blanc, une sorte de mur mental infranchissable. il ne comprenait pas de quoi je parlais. un rapport au monde inconnu pour lui. ce n'est pas une question de progrès ni de modernité, c'est plutôt il me semble, une question philosophique. une question de ce qu'est pour nous l'humain, profondément. ce qu'est le vivant. pour faire vite, si le vivant est une chose à notre disposition, inférieure, alors on peut aisément basculer dans une nouvelle version de l'humain, fabriqué, augmenté, surveillé, contrôlé. une partie d'un tout, technologiquement attaché. le désir d'un monde sans maladie, sans mort, sans saleté. un monde propre, où le vivant passe complètement sous le contrôle humain. où les films de science-fiction nourrissent l'imaginaire de nombreuses personnes, avec l'idée que cela est le progrès, le futur inéluctable, la seule voix possible, pour le bien de l'humanité. 

lorsque j'ai découvert tard des films de science-fiction qui avait bercé toute ma génération, ce n'était pour moi que de films distractifs (qui ne permettent pas de réfléchir) de propagande, afin de faire accepter les robots, la séparation des humains entre dominants et dominés. une perte totale de vie personnelle et privée. 

je crois énormément en l'intelligence collective, chez les animaux. que nous sommes. mais malheureusement, l'humanité a globalement préféré penser que l'animalité était une chose forcément basse qu'il fallait dominer. à l'extérieur de nous et en nous. on a saccagé les notions d'instinct, d'intuition et de confiance. on a inventé le sauvage et le civilisé. tout cela, je n'y ai jamais cru. ni à aucun autre terme binaire. il suffit d'observer le monde et l'on sait. l'humain possède en lui des potentiels et des intelligences inexplorées. au lieu d'aller de surenchères en création de problème et de création de solutions en création d'autres problèmes. certains sont insatiables. l'esprit de découverte et d'innovation - mot tellement à la mode - pourrait aller dans d'autres directions. 

mais cette part là du monde est obnubilée par le "scientifiquement prouvé" et par le "sauver des vies". quels intérêts cela sert-il ?

tout est tellement plus vaste que ce rétrécissement du monde auquel nous assistons et prenons part. 

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