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Billet de blog 13 janvier 2015

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Blasphème, outrage et bienséance

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dieudonné n'a pas besoin qu'on le défende, il le fait très bien tout seul, avec suffisamment de faconde et, quand besoin est, de mauvaise foi. Il n'empêche que j'ai envie de réagir aux poursuites pour « apologie du terrorisme » dont il est menacé. Qu'aurait-il écrit (puis rapidement effacé) sur son blog ? Qu'il se sentait  « autant Charlie que Coubaly ». Dit de façon un peu moins provocatrice, cela ne veut-il pas dire « Charlie, autrement dit les morts et les survivants de la rédaction de Charlie Hebdo, tout autant que Coubaly sont mes frères en humanité » ? ou de façon formellement beaucoup plus acceptable : « Charlie et Coubaly sont des hommes, comme moi (et vous) », ou, pour plagier Marguerite Duras, "Coubaly, humain, forcément humain" ?

Tous les monstres appartiennent à l'Humanité, tout le monde le sait, tout le monde le dit, au point que c'en est même une banalité, ce qu'on à Dieudonné, et ce pourquoi on le menace des foudres de la justice, c'est donc pour la façon, considérée comme provocatrice, dont il l'a dit. Au moment précisément, où, dans une unanimité qui, comme toute unanimité est forcément un peu suspecte, c'est à qui chantera le plus haut les louanges de l'esprit de provocation de Charlie. Il est de bon ton aujourd'hui, puisque tout le monde "est Charlie" (parait-il) de rappeler que le blasphème n'étant pas interdit en France (exception faite de l'Alsace-Lorraine), celui-ci est donc un droit. Mais qu'est-ce qu'un blasphème, sinon un outrage, autrement dit un mot, une phrase, un cri, passe qui outre à la dignité d'une divinité , mais aussi, qu'on le veuille on non s'ils le ressentent ainsi, à la dignité des croyants en cette divinité ? Pour en revenir à Dieudonné, il est fort probable que certains parents, accablés de douleur, auront ressenti comme un outrage à la mémoire de leurs morts, l'expression de Dieudonné. Il me semble qu'ils ont eu tort, mais, ici et maintenant, et par respect pour leur douleur, il faut reconnaître que la formule était inutilement provocatrice. Dieudonné s'en est sans doute rendu compte, puisqu'il l'a, paraît-il, rapidement supprimée de son blog. Mais que penser d'un ministre qui, dimanche, battait le pavé pour défendre le droit à la provocation et même au blasphème, et qui, lundi, traîne Dieudonné devant les tribunaux, pur avoir dit ce qui, si l'on y réfléchit un tout petit peu, n'est qu'une évidence, mais dite de façon provocatrice ? Dimanche, il était bienséant d'affirmer le droit à la provocation. Lundi il était malséant de faire valoir ce droit. 

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