Un spectacle de clown, déroutant parce qu’il parle de l’infime, hors des codes de ce genre-même. Ce clown, sorti de nulle part est en recherche de la « beauté », de la « perfection » mais par le petit bout de la lorgnette comme seul l’art du clown peut se le permettre et c’est, semble-t-il le sens de la mise en scène d’Adèll Nodé-Langlois. On ne peut pas y rire d’évidences tant le jeu est décalé. Ce clown casse nos repères même si ses maladresses nous renvoient à l’absurdité des gestes somme toute habituels. Il cherche l’insaisissable, l’inatteignable, l’Amour certainement. Il utilise la partie pour le tout, une synecdoque de la vie. Il prend le côté rêche de celle-ci, celui du manque de sens objectif, les oiseaux sont des ailes mouvantes, des plumes qui ne s’envolent pas, une femme est réduite à sa tête, ses yeux sont fixes et mouvants au gré du jeu de l’acteur... Il échange le mouvement avec l’immobilité mais cela fonctionne-t-il ? il est dans le doute. Il joue avec les mots parfois comme pour nous raccrocher à ses tentatives vers la vie. C’est un clown de la métamorphose qui tourne en rond dans l’absurde et qui, jamais, ne peut se payer le luxe d’aboutir à ses désirs. C’est un clown de la dérision triste.
On appréciera le talent d’acteur de Daniel Gulko, sa souplesse et la subtilité de son jeu.
La compagnie Cahin-Caha a le mérite de ne pas nous montrer un spectacle convenu ni facile.
Joëlle Cousinaud – 12.07.2017
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