Poésie d'urgence et de circonstance.
Ce sont d'abord des images qui flottent dans la tête, comme sorties de l'univers de Brueghel l'Ancien par leurs couleurs sombres, mais à d'autres moments on a la sensation de voir des personnages tels le violoniste de Chagall, personnage figé flottant, le violon à la main, les yeux dans le vague : un voyage en suspension où tout enracinement est impossible. Ce sont des mots riches que Mathilde Tixier lance si puissamment, "...des valises lourdes de mots en vrac...", des univers mouvants, bien à elle, des mots âpres et sans concession, élaborés en vers ou en prose ; elle dit comme elle chante... comme elle danse... chapeau claque, personnage élégant de noir vêtu, tel un funambule de la vie dans "...le grand vide des poches trouées...", filant au-dessus de la terre dans un ciel noir peuplé de mondes étranges, de créatures non moins étranges... à tel point que les murs s'effacent, que la scène de la Maison de la Parole navigue et vire de bord au milieu de nulle part. Le violoncelle d'Automne Lajeat renforce les sensations d'orage et de discorde, de navigation au jugé, "...Alors s'il le faut, volons sa fougue au vent, il en a tant que parfois il s'en fait tempête...".
Un moment d'absolu, en traversant le miroir, pour vibrer aux sons du "verbe" de Mathilde, de la virtuosité d'Automne et se laisser emporter par une énergie d'écriture exceptionnelle.
*passages en italiques : extraits du texte de Mathilde Tixier
Joëlle Cousinaud
Courrez vite au
THÉÂTRE LA MAISON DE LA PAROLE