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Bien des gens dans le monde sont indépendants, mais très peu sont libres. J. Krishnamurti

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Billet de blog 2 décembre 2023

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Extrait d'écriture - Mémoire et expériences - La mort

Nous ne sommes pas des réactifs chimiques mais bien des effluents qui sédimentent et transportent vers les océans d'humanité qui nous composent les multiples voix qui, un jour, furent jetés en ricochets sur nos eaux. « Mais il ne faut pas toujours tellement épuiser un sujet, qu'on ne laisse rien à faire au lecteur. Il ne s'agit pas de faire lire, mais de faire penser. » Montesquieu.

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Mort.


« Entendons-nous bien : fuir ceci, aller vers cela, éviter ces gens, rechercher manière ou occupation n’est que ton agitation. La cause de tes difficultés n’est pas dans les choses, c’est toi-même dans les choses. C’est pourquoi regarde-toi d’abord et quitte-toi. En vérité, tant que tu ne te libères pas de ton vouloir, tu auras beau fuir, tu retrouveras partout obstacles et inquiétudes.

Chercher quoi que ce soit dans les choses extérieures, la paix, un lieu de retraite, la société des hommes, telle façon d’agir, les nobles œuvres, l’exil, la pauvreté ou l’abandon de tout, quelle qu’en soit la grandeur tout cela n’est rien, ne compte pour rien, ne donne rien — surtout pas la paix. Pareille quête ne mène nulle part : plus on cherche ainsi, moins on trouve. Ayant pris un chemin faux, on ne fait que s’éloigner davantage chaque jour.

Que faut-il donc faire ?

D’abord, s’abandonner soi-même et, de la sorte, abandonner toute chose. En vérité, celui qui renonce à un royaume, au monde même, en se gardant soi-même, ne renonce à rien. Mais l’homme qui se renonce lui-même, quoi qu’il garde, richesse, honneur ou quoi que ce soit, a renoncé à tout. »
Maître Eckhart


Lors de notre arrivée en campagne, j'ai pu découvrir un compagnon de marche inattendu et inhabituel en la personne de B. Ce lien fut le lieu d'une expérience précieuse et rare.

Je me souviens encore de cet homme comme l'on se souviendrait d'un tableau en nature morte. Une pièce humble à vivre sentant la solitude à plein nez, le tabac brun et le vin, dans laquelle une vieille table en bois, trois dés, un cendrier en laiton, une pile étrange de cigarettes bien rangées en pyramide, une bouteille de deux litres d'une limonade présumée dans laquelle un liquide rouge se vidait, le reste d'un nid de guêpe maçonne,  un homme nu et cabossé, rasé, au dos rond et au crane bosselé, au bras tatoué d'un fer à cheval d'une encre délavée et baveuse, un laguiole en corne volé au père, un repas préparé par la mère devant lui, de la poussière qui scintille sous les rayons du soleil froid, le regard loin, absent, parfois rieur, sa toux comme seule parole et deux chaises hors du temps faisaient l'angle.

Le reste n'était que les accessoires d'une modernité prolétarienne sans vie. J'appris à le connaître durant plusieurs années où, de façon très routinières, nous faisions une marche matinale les mardis matin, et où, le reste de la semaine, je venais le visiter en fin de journée pour jeter quelques dés de façon lasse et patiente. Il avait l'art de tomber.

Nous nous sommes reconnus dans notre besoin de ne pas plier aux conventions et surtout dans notre goût pour l'inattendu et la simplicité.

Celui-ci ne pouvait se découvrir chez lui que dans ce qu'il considérait comme la chose la plus intime qui soit, la marche. C'était une chose incroyable de le voir redevenir tous les matin, au lever du soleil, un homme neuf et de le voir mourir, tous les jours, au retour de la randonnée.

Comme il a pu me le dire bien souvent, sa vie s’arrêtait dès qu'il revenait chez lui et qu'il prenait alors son premier verre de la journée. Commençait alors l'attente du jour suivant, de la randonnée prochaine. Sa forge était là, dans ces marches mystérieuses où il se perdait délibérément. Ou il chutait délibérément. Où il souffrait, et riait. 

L'heure pour partir était toujours une demi-heure avant l'heure du lever du soleil. Ce fut une petite épreuve pour moi de devoir le rejoindre chez lui lorsque le village était encore drapé d'obscurité, moi qui ait toujours été bien plus nocturne que matinal. Mais ça en valait toujours la peine.

Lors de ces marches qui duraient toujours le temps qu'il fallait, parfois jusqu'à midi, nous ne marchions pas sur les sentiers, ou si peu. Toujours, il était question de se perdre tout en sachant se retrouver. Nous traversions les champs, grimpions des falaises, enjambions ronciers et barbelés pour pouvoir rencontrer, au détour du hasard, le plaisir de reconnaître où nous étions. Cet homme hors du commun m'amusait beaucoup car il appliquait sans malice un bon sens que j'avais toujours cultivé.

Entre facile et simple, j'ai toujours choisi de faire simple, malgré que ce soit toujours plus difficile. Alors oui, il était adroit et maladroit, avisé et inexpérimenté à la fois. Son adresse était de toujours faire simple, rectiligne, même si c'était idiot. Si, lors d'une rencontre avec une clôture, il y avait la porte du champ à plus de deux mètres, il enjambait celle-ci, qu'elle soit ou pas faite en barbelés, qu'il y passe cinq minutes de plus et la moitié de sa chemise lui importait guère. C'était son aventure à lui. J'y ai toujours vu beaucoup de sagesse.

Maladroit, parfois dénué d'un tel bon-sens qu'il en paraissait naïf, il pouvait, en une action, faire éclater un rire qui en faisait fuir toutes les horreurs du monde et surtout toutes les peurs que l'on pouvait accumuler à ses cotés lorsque l'on pouvait imaginer le pire en le voyant faire preuve d'une maladresse rare et précieuse.

Un jour, il a pu, par exemple, juger bon de prendre une branche comme précaution. C'était un jour torrentiel, dans les parties escarpées du mont Poupet, petit sommet de calcaire et d'argile érodé du jurassique où se trouve des sentiers boueux et maussades sur lesquels le bon-sens invite à la précaution. L'argile mouillé est une véritable savonnette et  la succion d'une flaque de boue est telle, en ces endroits, qu'elle vous déchausse pour peu que vos lacets ne soient pas correctement serrés. Et puis, vous ne voudriez pas non plus tomber parce qu'après tout, au delà de se couvrir d'une boue tenace, il y a le risque réel de trébucher dans la pente raide au milieu d'un récif de calcaires immaculés et saillants.

Nous arrivions en haut du chemin qui allait mourir dans une cuvette de boue avant de continuer vers notre probable destination du jour. Il n'était pas question de la contourner. En amont, nous avions une pente si raide qu'il était étonnant de ne pas y voir chuter des roches et en dessous du chemin continuait un pierrier tout aussi peu praticable, et puis c'était plus simple... Le peu de chemin que nous avions était ce passage fait d'une magnifique flaque qui était déjà le lieu de baignade de son chien, Happy.

Lors de ce genre de sorties, B. était un homme d'une prévoyance amusante. Il sortait en short malgré qu'il ne fasse pas plus de 12 degrés au thermomètre mais il prenait tout de même le temps d'enfiler une paire de bottes en caoutchouc, de mettre son chapeau en cuir qui lui donnait l'air d'un vacher du Kansas, et il mettait un vêtement plus ou moins approprié pour le temps mais définitivement de plusieurs tailles trop grand. Ainsi, sous ses airs d'enfant délaissé, il pouvait marcher des heures durant dans des conditions qui étaient pour moi, depuis des années, considérées comme désuètes et inappropriées.

Les premières fois, je me souviens avoir été déguisé de mes vêtements de montagne, high-tech et bourgeois et j'ai pu rire du contraste avec sa nonchalance face aux éléments. Jouant par la suite le jeu, j'ai pu retrouver avec lui le plaisir d'avoir son t-shirt en coton lourd et mouillé, imbibant jusqu'à ses parties intimes, et de rire de cela au détour d'un café une fois rentré. Mais je lui ai toujours laissé ce plaisir de mettre ces odieuses bottes en caoutchouc qui, faisant office de réceptacle pour la pluie, terminaient toujours par être un meilleur contenant pour l'eau que pour ses pieds.

Et quel bruit elles faisaient. Ce bruit fut celui de ses premiers pas, ce jour là, vers ce passage boueux que nous nous apprêtions à passer. Il avait donc décidé d'user de précaution en se taillant une sorte de bâton de fortune afin de réduire son manque d’équilibre que je reconnaissais comme légendaire.Il avait, par le passé, chuté à de nombreuses occasions où il devait passer un obstacle, que ce soit une clôture de barbelé, un tronc en travers du chemin, ou juste un escargot. Il détestait tout autant que moi l'impression terrible d'écraser une vie dans un fracas de vaisselle et marcher sur escargot était peut être une chose assez désagréable pour justifier de mettre ventre à terre.

Quoiqu'il en soit, dans son esprit plein de religiosité amusante, il ne souhaitait pas non plus découper une branche d'un arbuste vivant, mais préférait toujours ramasser une branche tombée au sol, ce qui était, pour mon éthique, une attitude pleine de de bon sens et d’abnégation. Ce qui m'amusait, c'était aussi de voir que ce n'était pas ce point qui était mis en avant lors de ces choix de fortune.  C'était autant par fainéantise, par soucis de respect pour le vivant que par une volonté inconsciente de créer les conditions d'une chute.

Il décidait ce jour là de prendre une branche desséchée d'un feuillu qui était là, juste à coté de lui et dont les dimensions lui paraissaient parfaites. Elle lui tendait les bras. Il lui faisait confiance. Il était même heureux de constater que le bois était si bien séché par le temps, si mort et cassant, qu'il en était aussi léger qu'un morceau de liège. Je lui formulais alors mes doutes sur l'objet de son désir, sans que, bien entendu, il n'en fasse cas.

S'élançait alors l'énergumène de plus de cinquante années, bâton en main, vers la flaque qui dans un assemblage de mouvements indescriptibles se retrouva alors à perdre une botte restée plantée dans la boue, puis l'autre, puis, s'appuyant sur le bâton pour retrouver son équilibre qui cassa net comme un spagetto, se retrouva à plonger le ventre en tête dans les profondeurs de la flaque, sous les aboiements heureux de son chien.

Le chapeau de cuir s'en est sorti, ce jour là, puisque celui-ci arriva à tomber à l'endroit où, quelques secondes plus tôt, B. idéalisait arriver en trois pas habiles. 


Ni l’eau ni la terre, et pourtant. 

Nous ne voulons plus vivre dans la boue, dans la folie de l’existence. Ni le chaos, ni le monde des mystères ne nous apaisent. Les chemins de terre sous la pluie sont foulés par des inconscients. Et pourtant.

Et pourtant, la terre et la pluie ça amuse les enfants. Ça fait de la boue et s’il y a un peu d’argiles dans tout ça, ça fait créer. 

Ça fait rêver. 

Ça fait rêver d’être découvert, debout sous la pluie. 

Ça fait se tenir sous la création, sans savoir si de dedans ou de dehors l’eau nous inonde. 

Lorsque les larmes de l’Homme rencontrent la pluie et remplissent à nouveau la terre abandonnée, l’Homme à genoux est couvert de boues. 

Et s’il se relève, il devient alors cet Homme revenu du désert, debout. 

Extrait d'une poésie, en hommage à mon ami B.


Cela faisait plus de sept ans qu'il recherchait son fils disparu. Il n'avait aucune nouvelle et si ses journées étaient ainsi une offrande au temps, à la mort et l'attente, c'était en grande partie due à l'absence de son fils et à l'incertitude qu'il soit en vie. Ce fiel noir le rongeait et le détruisait à petit feu au point où j'entrepris de l'aider.

Par le passé, j'ai pu souffrir de constater qu'il est souvent une très mauvaise chose que de prendre part au processus de guérison d'autrui sans connaître réellement les frontières de ce qui peut être solidairement partagé. Il est aisé, par de bonnes intentions, de faire du lien un enfer.  La moindre projection n'est que nuisance regrettable pour l'autre. J'ai donc, depuis quelques années et à cette époque déjà, une retenue dans l’immixtion dans les affaires d'autrui, malgré la prégnance d'une grande et profonde souffrance et mon caractère toujours enclin à aller au plus près du vivant, et donc, souvent, du spectre de la mort.

D'expérience, il est souvent bien plus solidaire et précieux de savoir être à coté de l'autre qu'importe sa souffrance et sans l'alléger pour autant, le nourrir de l'amour que l'on a pour lui sans lui faire porter la culpabilité de nous faire peser sa peine.  Peu de gens acceptent de vivre avec sérénité la souffrance de l'autre et pourtant, c'est un lieu où l'amour de l'autre est parfois vital.

Ce jour là, je décidais de l'aider dans les démarches nécessaires afin de retrouver trace de son fils, afin de casser le confort qu'il trouvait, sans l'admettre, dans cette incertitude. Quelque part, c'était plus facile pour lui de ne pas savoir. Imaginer que son fils pouvait être mort était déjà d'une souffrance indicible alors que pouvait être la certitude qu'il le soit ? Je l'accompagnais donc sur ce chemin de prise de conscience de la valeur du choix en cohérence avec sa marche qui prit, depuis lors, des airs de pèlerinage. Ce choix me fut possible car je savais qu'au fond, je ne le faisais que pour moi.

Il n'y avait ni pitié, ni charité, ni même d'hybris à vouloir quoique ce soit de lui. Je le faisais car de mon coté, j'avais décidé bien des années plus tôt, de ne plus voir mon père. Je savais que d'un coté, ses peurs reflétaient ce que je faisais vivre à Jean. Cependant, je savais aussi que cette distance imposée au père n'était pas, pour moi, une punition, ni le lieu de l'émotion. C'était un choix, un choix fait de sentiments et d'éthique.

Connaissant la force que la disparition du verbe peut causer à l'âme, je savais aussi qu'il était sage de chercher un lieu où l'expression renaîtrait, même si c'était pour nommer la mort du fils et s'ouvrir au deuil. Et puis, parallèlement, je vivais l'absence de M. qui se camouflait dans l'absence des mots et où il était aussi question, ma foi, de paternité et de rupture.

Toutes ces petites choses me donnaient alors l'impression qu'il était naturel de l'aider, au moins un peu, timidement, dans sa recherche de réponses.

Cela pris quelques mois. Son fils était vivant, malheureux, distant, incapable de formuler à son père ce qu'il aurait du lui dire mais pour mon ami, cela n'importait pas. Il était vivant. Depuis ce jour, un relâchement se fit sentir, laissant place à un épuisement de longues années d'attentes et son fils étant lui aussi père, déchargea B. de ses obligations mythologiques. Il pouvait désormais vivre pour lui, dans l'image d'un grand-père qu'il était alors devenu et qui ne signifiait pas grand chose, quoique sa vie ne soit elle-même pas grand chose à ses yeux. 

En une année, le cancer vit jusqu'au cœur de ses os, de sa colonne vertébrale et de ses fluides. On était tous les deux, lui à pleurer de s'être vidé entre son lit et ses latrines, et moi à rire de les éponger, lui à tousser jusqu'à en perdre conscience et moi à éviter une bosse de plus sur son crâne.

On était là à tenter de vivre, et notre lien pu finalement s'ouvrir à des questions faites de mots. Il a pu me parler de ses rêves, et on a pu s'amuser de voir qu'il n'était finalement pas question de beaucoup de choses. Une seule question résistait à l'épreuve de la maladie. Celle de la mère. Celle de son alcoolisme christique qui lui permettait de vivre l'amour filial dans ce qu'il a de plus sacré.

Cet homme ne buvait que du vin, symboliquement celui de son père vigneron, et ne mangeait presque que du pain avec les repas de sa mère, ou un peu de beurre et du jambon blanc.  Il avait également une pomme, son petit morceau d'Eden qu'il trimballait au travers de ses chutes par monts et par vaux, et qu'il découpait au couteau lorsque ses jambes fatiguaient le temps d'une de ces rares pauses sauvages.

Du passé revenait des images, des histoires, et le fil de son existence lui apparu un peu plus clair. Mais la souffrance brisait souvent en mille morceaux l'apaisement des prises de conscience. Il était tard pour recommencer à vivre. Vint alors l'époque du rêve. Nous avions mis presque une année, ce qui est un temps extrêmement long lors de l'épreuve d'une telle maladie, pour arriver à concrétiser son rêve qui était de pouvoir naviguer un temps sur la mer. Toute sa vie était tendue vers cet objectif final.

Durant ce temps, il fut discuté la question de la vie, ainsi que de la mort. Derrière ces approches timides, ne nichait la question difficile pour un chrétien fait de misère païenne, qui était celle du suicide et de sa signification.  Nous arrachâmes durant un hiver passé à l'hospice où plus aucune randonnée n'était possible, où sa tristesse était prégnante et le rêve palpable, toutes les peurs usuelles liées à ce thème. La question désormais libérée pouvait lui être donnée en offrande. Il fut alors le temps du voyage.

Sous des airs d'expédition du XIXe siècle, il fut amené jusqu'à un navire où l'attendait un de ses amis devenu marin de fortune. Revenu de son périple, remplit d'une joie cristalline et vivante, de souvenirs pleins les yeux, repus, quelques semaine plus tard, sans le dire à personne, il se jetait du haut du pont que l'on nomme, par ici, le pont du diable.

Il se jeta du coté est, à la levée du jour, au lieu de se jeter de l'autre coté, vers le couchant, qui était doté d'une chute autrement plus fatale et salutaire.

Sa chute fut douloureuse et pénible, mais également libératoire, et je l'imagine s'incarner au moment même où l'espérance née de l'aurore toucha ses mains.  Jusqu'à la fin, il avait su manquer d'adresse tout en allant au plus simple, et au plus proche de qui il était. Happy fut euthanasié dans la plus terrible des façons, digne de l'actuelle considération, dans l'usage de nos sociétés décadentes, pour le monde des vivants.

Pour ma part, je m'occupai alors de l'office républicaine qui fut en son honneur, afin d'éviter que le point symbolique du suicide revienne à ses proches et faire en sa mémoire, une offrande à son silence. 

Illustration 1
Le Pont du Diable - Crouzet-Migette - Doubs

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