Donald Trump ou l’Amérique ridiculisée :
On se souvient tous de cette scène de Barry Lyndon de Stanley Kubrick où le personnage principal, une sorte de parvenu qui a réussi à rejoindre les sphères de la noblesse passe à tabac son beau-fils pour lui donner une correction devant des invités horrifiés et indignés de la violence de la scène.
A quoi donc avons-nous eu affaire sinon à une réédition de cette scène avec Donald Trump qui s’offrit en spectacle devant le Président Volodimir Zelenskyy en lui assenant des propos outrageant d’une morale lacunaire et en faisant étalage au grand public de reproches qu’on ne fait jamais qu’en privé ?
Ceci pose une question plus générale et cruciale qui fut notamment posée par le philosophe Friedrich Nietzsche : qu’est ce qui est vulgaire et pourquoi la vulgarité quand elle s’introduit dans la sphère publique est-elle si dangereuse ? Que quelqu’un comme Trump appartienne à cette humanité qui estime que la réussite ne consiste jamais que dans le fait d’avoir plus d’argent que les autres et que la vie est une compétition (où les dés sont, soit dit en passant complètement pipés, lui-même n’ayant d’ailleurs que fait fructifier une fortune déjà colossale héritée de son père) pour la richesse ne fait pas de doute. Que cette compétition soit vile et sans valeur humaine ne fait aucun doute non plus. Emmanuel Kant dans ses fondements de la métaphysique des mœurs tirait la conclusion suivante : « dans le règne des fins tout a un prix ou une dignité ».
Il est évident que Trump ne voit jamais que le prix des choses. Ayant des goûts vulgaires comme le montre sa relation avec une actrice pornographique (ce qui montre qu’il a voulu coucher avec une femme qui a montré ses ébats sexuels à qui souhaitent les voir et qu’il manque de toute pudeur, ce qui est tout de même le sommet de la vulgarité), il impose des normes sans valeur à l’espace public américain. Tout cela est fort regrettable puisqu’il y a un lien incontestable entre sa manière de traiter le Président Zelenskyy et ses goûts sexuels vulgaires.
Il est indigne de penser que les relations internationales doivent en passer par là. Mais cela est imposé par une Amérique qui en toute connaissance de cause a choisi cet homme pour discuter en son nom. L’absence de pudeur, puisque c’est de cela qui s’agit, impose le mépris. Il ne s’agit pas là d’un point de détail. Les sociétés humaines se fondent et se constituent sur le problème de savoir ce qu’il convient de montrer ou de cacher dans l’espace public. Le philosophe Maurice Merleau-Ponty analysait ainsi dans un texte particulièrement dense de la phénoménologie de la perception le problème de la pudeur :« Il faut sans aucun doute reconnaître que la pudeur, le désir, l'amour en général ont une signification métaphysique, c'est-à-dire qu'ils sont incompréhensibles si l'on traite l'homme comme une machine gouvernée par des lois naturelles, ou même comme un « faisceau d'instincts », et qu'ils concernent l'homme comme conscience et comme liberté. L'homme ne montre pas ordinairement son corps, et, quand il le fait, c'est tantôt avec crainte, tantôt dans l'intention de fasciner. Il lui semble que le regard étranger qui parcourt son corps le dérobe à lui-même ou qu'au contraire l'exposition de son corps va lui livrer autrui sans défense, et c'est alors autrui qui sera réduit à l'esclavage. La pudeur et l'impudeur prennent donc place dans une dialectique du moi et d'autrui qui est celle du maître et de l'esclave : en tant que j'ai un corps, je peux être réduit en objet sous le regard d'autrui et ne plus compter pour lui comme personne, ou bien, au contraire, je peux devenir son maître et le regarder à mon tour, mais cette maîtrise est une impasse, puisque, au moment où ma valeur est reconnue par le désir d'autrui, autrui n'est plus la personne par qui je souhaitais d'être reconnu, c'est un être fasciné, sans liberté, et qui à ce titre ne compte plus pour [195] moi. Dire que j'ai un corps est donc une manière de dire que je peux être vu comme un objet et que je cherche à être vu comme sujet, qu'autrui peut être mon maître ou mon esclave, de sorte que la pudeur et l'impudeur expriment la dialectique de la pluralité des consciences et qu'elles ont bien une signification métaphysique ».
On retiendra ici l’idée que la pudeur est liée à une question politique : celle de la maitrise et de la servitude et celle de l’esclavage. Tout cela relève certainement de spéculation sur une « métaphysique du désir » dans laquelle nous n’entreront pas ici dans les détails faute de place. En revanche on fera remarquer que ces analyses de Maurice Merleau-Ponty éclairent parfaitement la réunion à la maison blanche (l’absence de majuscule est volontaire signalant ici que ce lieu jadis hautement symbolique s’est rétréci avec l’avènement d’un plouc –terme technique désignant les gens de cette nature — comme Trump) entre les ploucs américains et le Président Ukrainien Volodimyr Zelenskyy).
On se réjouit à Moscou de cette réunion, moins parce que les Américains ont plus ou moins tacitement refusé leur aide aux Ukrainiens , mais parce que l’Amérique s’est ridiculisée en montrant la nature de son régime politique : d'une part, en ne donnant aux fins qu’un prix et jamais de dignité et d'autre part, en commercialisant tout, y compris la sexualité, ce régime a montré au monde entier qu’il devait être ignoré à la manière dont les anciens amis de Lyndon Barry l’ont laissé tomber et laissé mourir tout seul.
Comme le disait le Zarathoustra de Nietzsche : « Et j’ai tourné le dos aux gouvernants quand j’ai vu ce qu’ils appellent aujourd’hui gouverner : trafiquer et marchander le pouvoir –avec la racaille ! ».L’Amérique s’est livré à un tel trafic et un tel marchandage. L’élection de Trump montre la réalité de ce régime et de cette société. C’est un état de fait Il conviendrait que les dirigeants de l’Europe s’entendent entre eux et mènent une politique commune efficace en se détournant de l’Amérique. Il s’agit d’une simple question de dignité.
Billet de blog 1 mars 2025
TRUMP et l'INDIGNITE de l'AMERIQUE
L'attitude indigne du président américain n'est que le produit de la situation actuelle d'une population que ne considère que prix de choses L'Amérique n'est plus une référence et nous devons la bannir
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