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Billet de blog 4 septembre 2011

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Doit on prendre nos amis juifs au sérieux ?

La lecture de la diatribe "Contre le bannissement du mot Shoah des manuels scolaires" de Claude Lanzmann, l'auteur du film Shoah, dans le très sérieux jusque là Le Monde, daté 31 août dernier, me laisse perplexe.L'auteur prévient dés le début que ce qu'il dénonce est un fait de "négationnisme particulièrement pervers".

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La lecture de la diatribe "Contre le bannissement du mot Shoah des manuels scolaires" de Claude Lanzmann, l'auteur du film Shoah, dans le très sérieux jusque là Le Monde, daté 31 août dernier, me laisse perplexe.

L'auteur prévient dés le début que ce qu'il dénonce est un fait de "négationnisme particulièrement pervers".

Voilà une accusation suffisamment grave pour que l'on aille voir de plus près. (D'autant plus qu'elle parait juste quelques jours après qu'un animateur de SudRadio s'est trouvé mis à pied pour avoir pris la liberté de proposer aux auditeurs de s'exprimer sur le reproche qu'un autre auditeur venait de faire à l'endroit d'une hypothétique influence du lobby juif. Mal lui en a pris.)

Alors qu'est-ce donc pour Lanzmann ce négationnisme particulièrement pervers?

Franciser un terme hébraïque et proposer, dans les livres d'école, le génocide de juifs ou l'anéantissement des juifs plutôt que le terme Shoah.

Et qui est donc à l'origine de cette initiative de francisation? "Une caste" des rédacteurs du Bulletin Officiel de l'Education Nationale. Avec en tête, selon Lanzmann, Dominique Borne ancien doyen de l'inspection générale d'histoire au ministère de l'éducation nationale, et "ceux qui ont embrassé sa cause". Lanzmann depuis la tribune du quotidien le Monde, appelle à témoins et au secours le président Sarkozy et le premier ministre François Fillon.

Tandis que l'AFP nous apprend le jour même que Luc Chatel le ministre de l'éducation nationale vient de rassurer Claude Lanzmann (et, sans doute, "ceux qui ont embrassé sa cause"), qu'il n'en est rien, que Lanzmann se trompe et que le terme Shoah figure bien dans les nouveaux manuels scolaires.

Personnellement je ne suis pas tout à fait d'accord sur l'intouchabilité du terme Shoah. Je ne vois pas en quoi cette supposée intention serait inacceptable dans notre communauté nationale régie par un contrat social laïque.

Si j'ai bien compris il ne s'agit nullement d'empêcher quiconque, ni les juifs français ni les non juifs français, d'utiliser le terme. Mais si naturellement la communauté juive y est particulièrement sensible, pour un esprit laïque qu'il soit juif ou autre, le génocide de juifs, fait partie de toute une série des génocides. Tout comme en privé, l'annonce de la mort subite de mon frère est pour moi unique et plus grave de ce fait qu'une nouvelle faisant état d'un accident dans lequel périt tout une famille que je ne connais pas.

Par ailleurs je suis choqué par le décompte morbide que se permet de faire Lanzmann pour mettre en valeur la hiérarchie entre le génocide des juifs et le génocide des Tziganes.

Et puis, assimiler cette francisation du terme hébraïque au "négationnisme particulièrement pervers", comme le fait Lanzmann, me semble démesuré sinon franchement grotesque.

Et pour finir, l'arrogance de l'auteur qui nous fait la morale m'indispose.

Je me pose donc à nouveau cette question récurrente: Nos amis juifs qui ne cessent de se plaindre de l'antisémitisme, que font ils pour que l'on les aime mieux?

A la lecture de Lanzmann je les aime moins.

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