
"La méditerranée est contagieuse. Elle l'a toujours été. Aujourd'hui comme hier, dans sa capacité à répandre les bienfaits comme les maux de ses peuples mais reste porteuse de dynamiques complexes faites de forces contraires, opposées mais qui font sens."
Pourtant dans cette période difficile avec la présence du Covid 19 et le confinement obligé, une grande partie des ports comme le Portde Marseille -Fos sont restés ouverts seulement aux opérations de fret mais fermés au trafic des passagers. Une crise qui est venue stopper net l'élan formidable de l'attractivité du Port de Marseille-Fos y compris dans sa filière attrayante,la croisière, qui a touché de plein fouet le tourisme.
Invité à nous répondre au cours d'un entretien sur les nombreuses interrogations qui touchent cette problématique principalement, Jean François SUHAS, Officier de la marine marchande, issu de l'ENSM, pilote à la station de pilotage de Marseille Fos, président du Club de la Croisière Marseille Provence depuis 2015, président du Conseil de développement du GPMM depuis janvier 2020 et membre élu de la Chambre de commerce et d'Industrie depuis 2011, s'est exprimé largement à ce t
ENTRETIEN
JACKY NAIDJA : Quel regard portez-vous sur le Grand Port de Marseille par rapport à son évolution et sur quoi faut-il compter pour qu'il reste le leader face à la concurrence des ports du Nord et du Sud de la Méditerranée ?
Jean François SUHAS : Quand on regarde la décennie écoulée qui a suivi la mise en place de la réforme des ports de 2008, initiée par le gouvernement Fillon, on ne peut que constater une forte progression des trafics conteneurs ou de croisière, symboles de ce renouveau industriel. Sans discussion possible, elle trouve son origine dans les investissements majeurs portés par les opérateurs devenus pleinement responsables du destin de leurs terminaux. Cette évolution vertueuse doit se poursuivre et s'amplifier autour d'autres secteurs historiques comme les vracs liquides ou solides qui constitueront encore pour longtemps une bonne part du fond de commerce du Grand Port. Enfin, Marseille-Fos avec son savoir faire industriel unique dans la pétrochimie qui doit devenir une référence mondiale dans la transition énergétique de carburants alternatifs dé carbonés.
Jacky NAIDJA : Selon vous où se situent les plus grands enjeux à 'heure actuelle pour le Port de Marseille-Fos ?
Jran François SUHAS : En premier lieu, dans la réussite de son intégration territoriale, à savoir créer un lien privilégié avec les populations riveraines qui soit conforme avec son histoire millénaire de prospérité heureuse dans une période où les questions environnementales et de santé sont essentielles. Cette condition remplie, il est viatl de poursuivre son développement sur une large palette de trafics dans cette complémentarité unique entre les bassins Est Ouest. Les besoins logistiques industriels ou énergétiques sont une réalité pour de nombreuses décennies. Concernant plus précisèment la Méditerranée, les relations commerciales mais aussi institutionnelles sont toijours fortes avec les pays du Sud en particulier ceux du Maghreb.Seule la Lybie a disparu peu à peu avec la crise politique qui y sévit. On ne peut le nier, la concurrence est féroce avec les ports espagnols ou italiens, qu'ils s'agisse du transport des maerchandises du Sud de la Méditerranée ou celles des chargeurs français. La vraie question reste la confiance des opérateurs, condition indispensable aux investissements nécessaires au développement futur.
Jacky NAIDJA : Vous êtes le Président du Club de la Croisière Marseille Provence, une des filières touristiques du GPMM.Pouvez-vous nous dire quelle est la situation actuelle de cette activité gravement touchée par le crise sanitaire ?
Jean François SUHAS : La filière du transport des passagers qu'il s'agissent des ferrys d'ailleurs mais aussi de la Croisière n'a jamais connu depuis sa naissance une telle crise. Car aucun pauebot n'a embarqué de passagers depuis plus de trois mois. Marseille a joué un rôle majeur au zénith de la crise sanitaire courant mars et avril en assurant le rapatriement de 6.500 personnes grâce à la solidarité de la place portuaire et de tous les services de l'Etat. Cette collaboration unique s'est poursuivie puisque 11 navires de croisière stationnent aujourd'hui sur nos quais. C'est une grande fierté d'avoir pu trouver aussi une solution pour des milliers de marins en détresse qui ont pu regagner leurs foyers en toute sécurité. A Marseille, le secteurde la Coisière représente plus de 3.000 emplois et les pertes à ce jour se chiffrent à 120 millions d'euros début juin 2020.
Jacky NAIDJA : Comment alors envisagez- vous la reprise de la Croisière au sortir de la période de confinement avec des compagnies obligées aux règles très strictes indispensebles ?
Jean François SUHAS : Alors que se profile un dé confinement graduel et maitrisé dans une grande majorité des pays d'Europe, les premiers projets de reprise se dessinent avec en premier lieu dans des compagnies de luxe comme SeaDream ou le marseillais Ponant dès juillet avec quelques dizaines de passagers uniquement français. Les majors du secteur aux capacités bien supérieures, divent tant au plan commercial que sanitaire, initier des procédures complexes spécifiques à l'exploitation de leurs navires de grande taille. Il s'agit aussi d'aligner la vie des passagers en escale dans les terminaux ou dans les cités visités, après de nombreuses discussions et échanges avec diverses autorités.Cette reprise sera lente, progressive par pallier en parallèle de celle de l'aérien mais le véritable espoir réside dans l'ouverture concomitante des frontièressans quarantaine des trois principaux acteurs de la croisière Mad in Med que sont l'Italie, la France et l'Espagne.
Jacky NAIDJA : Quel est d'après vous l'avenir de la filière Croisière quand on sait que deux millions de passagers transitaient par Marseille il y a peu ?
Jean François SUHAS :cette crise sans patrillr marque un arrêt brutal à ce qui s'annonçait comme la décennie de tous les records.Qu'il s'agisse des chantiers navals comme celui de Saint Nazaire ou de destination phare comme la n^tre. A l'évidence, de nombreux concepts spécifiques aux maritimes ou mode de vie à bord devront ^ztre interceptés à court terme même si cette industrie avait une réelle longueur d'avance sur la gestion du risque sanitaire à bord par la prévention avec l'utilisation massive de gel hydro alcoolique mais aussi par la présence d'équipement médicaux en nombre et de personnels embarqués. Mais je garde confiance en l'avenir car il existera toujours un rêve de la mer que nos contemporains souhaiteront accomplir dans le confort feutré d'un liner ou l'effervescence d'un paquebot ultramoderne.
Jacky NAIDJA :Depuis le 10 janvier 2020 vous êtes le nouveau président élu pour 5 ans au conseil de développement du Port de Marseille-Fos,. A ce titre, quelles ont été vos premières propositions par exemple en la matière?
Jean François SUHAS :Ma prise de fonction s'est effectuée au coeur d'une grève brutale et inattendue qui ne concernait pas directement les statuts des portuaires détruisant le sannées d'efforts de la place pour conquérir la confiance des chargeurs et des opérateurs. Face à cette situation, les acteurs soutenus par la Région ont réagi positivement en proposant un pacte d'engagement qui va s'étaler sur les prochains mois à travers des remises commerciales ou des aides ciblées sur de nouveaux trafics. Le confinement n'a pas douché les enthousiasmes puisque nous avons poursuivi nos nombreuses réunions et travaux, en particulier sur des propositions liées à l'élaboration du projet stratégique. Dans cette période clé, cet espace unique de proposition et de discussion conserve plus que jamais tout son sens pour imaginer le monde portuaire de demain.
Jacky NAIDJA : Parlez-nous des raisons de votre fort engagement dans ces rouages importants du Port de Maeseille-Fos et comment voyez-vois sa place dans la compétition face à ses concurrents européens notamment ?
Jean François SUHAS : Ma motivation principale réside dans ma volonté de créer un collectif au sein de cette place portuaire qui représente aujourd'hui 45.000 emplois. A savoir pour paraphraser un célèbre président américain : "que chacun s'interroge sur ce qu'il peut apporter à cette collectivité qui reste difficile à matérialiser, à rendre une et indivisible." A minima, ne pas chercher à la maltraiter car à chaque coup de canif au contrat, ceux sont bien des emplois qui disparaissent et des milliers que nous n'avons pas su créer dans la logistique. J'ai coutume de dire que nous avons subi une forme de double peine en France avec une sésindustrialisation majeure depuis 30 ans qui à minima aurait dû être compensée par de l'emplo dans la logistique nécessaire à l'impiort des biens et marchandises produits ailleurs. On ne peut que constater que nos voisins au Nord comme au Sud ont bmieux gérer que nous cette conversion. Mais rien n'est figé à jamais et gageons que dans ce 21è siècle naissant, la prospérité et le destin de la métropole mreillaise seront comme 2600 ans étroitement liés à celui de notre port, infrastructure majeure et pièce maitresse d'u terrritoire.
Jacky NAIDJA : Quel a été l'effet du Covid 19 sur les activités maritimes et particulièrement sur les ports ?
Jean François SUHAS : L'effet est dévastateur sur les entreprises et le port lui-même? car la capacité des trafics sont en forte chute,avec des niveaux nuls pour les passagers ou les transports de voitures neuves par exemple. Toutefois on doit noter à Marseille comme ailleurs la solidarité et le courage de tous les acteurs de la filière qui ont assuré avec cette précieuse deuxième ligne la continuité de l'approvisionnement du territoire national. La reprise qui commence à se faire sentir dans de nombreux secteurs va permettre d'apercevoir le bout du tunnel de ce qui restera sans nul doute comme un coup de frein aussi brutal qu'inattendu à nos activités. Même si certains besoins seront toujours présents dans la vie d'après le Covid, et malgré tous les efforts locaux ou nationaux, la remise en route sera là aussi progressive cotrairement à l'arrêt brutal que nous avons connu ces derniers mois.
Entretien réalisé par Jacky NAIDJA