Le 25 mars à Sainte Soline, Gérald Darmanin, avait présagé les heurts avec les manifestants, puisque depuis plusieurs jours, il avait alerté sur des éléments violents, qu'il faudrait repousser quoi qu'il en coûte pour protéger cette fameuse bassine qui n'était qu'un trou vide au beau milieu d'une campagne niortaise dévastée. Il a tenu parole et peut se féliciter des 200 blessés, certains défigurés, d'autres amputés et deux dans le coma dont l'un vient juste d'en sortir au bout d'un mois sans que l'on sache s'il pourra retrouver parole et motricité. Non content de ces exactions policières, il a couvert les ordres consistant à interdire l'accès aux services d'urgence alors que des blessés avaient été signalés en urgence absolue par des médecins sur place. Il s'est permis de critiquer l'attitude de la Ligue des Droits de l'Homme qui dénonçait le commandement des forces de gendarmerie sur la non-assistance aux blessés et l'usage aberrant de la force de manière disproportionnée et indifférenciée. Sa menace de dissolution des Soulèvements de la Terre aussitôt évoquée est resté sans suite, tout comme celle de Nantes Révoltée, et la dissolution du GALE (Groupe Antifasciste de Lyon et Environs) décidée en conseil des ministres et annulée par le Conseil d'Etat.
Fort de sa performance à Sainte Soline, Darmanin a envoyé à Mayotte une unité d'élite, la CRS 8,et le RAID pour "nettoyer" l'île dans le cadre de l'opération Wuambushu. Mauvais départ, cette opération a été stoppée par décision de justice en raison des conditions totalement inhumaines dans lesquelles elle était réalisée. Au delà de la question sécuritaire, il faudrait sans doute se demander comment on en est arrivé là.
Les Comores formaient une entité de quatre îles. Jusqu'en 1975, les quatre îles situées au large du Mozambique, à l'est de l'Afrique, constituent un territoire d'Outre-mer. L'archipel, dans la foulée du mouvement de décolonisation débuté après la Seconde Guerre mondiale, souhaite accéder à son indépendance. Le 22 décembre 1974, à l'occasion d'une consultation d'autodétermination des Comores, les habitants d'Anjouan, de Moheli et Grand Comore votent à plus de 95% pour l'indépendance. Seuls les habitants de Mayotte votent largement (64%) pour le maintien au sein de la République française. La France décide alors de prendre en compte les résultats île par île, et ce, en violation du droit international. L'ONU avait d'ailleurs mis en garde la France dans une résolution adoptée par l'Assemblée Générale quelques jours avant le scrutin. Elle priait "le Gouvernement français de faire en sorte que l'unité et l'intégrité territoriale de l'archipel des Comores soient respectées".
L’Assemblée générale des Nations unies se saisit immédiatement de la question, condamne les agissements de l’État français et affirme la souveraineté comorienne sur l’île de Mayotte. A cette condamnation, la France rétorque par le principe des peuples à disposer d’eux-mêmes et, de ce fait, considère sa décision comme conforme au droit international (une attitude française à géométrie variable !) et use de son droit de veto au Conseil de Sécurité. La France affirme clairement sa volonté de préférer l’avis du peuple à celui des instances internationales. Mayotte devient le 101e département français en 2011 et une région ultrapériphérique (RUP) de l’Union européenne en 2014. Ce dernier statut a été obtenu suite à un vote unanime du Conseil européen désignant de facto Mayotte comme française, tandis qu’aucun des États membres n’a relevé une contradiction avec sa propre position au sein de l’ONU.
En passant outre, la France a été condamnée à plus de 20 reprises par l'Assemblée Générale de l'ONU. Par exemple, le 21 octobre 2016, une résolution"condamne énergiquement la présence de la France à Mayotte, qui constitue une violation de l'unité nationale, de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de la République indépendante des Comores."
A partir de là, les Comoriens qui affluent à Mayotte doivent-ils être considérés comme des étrangers ou des migrants, ou tout simplement comme des Comoriens qui se déplacent à l'intérieur de leur pays spolié par l'état français ?
Concernant la situation actuelle, les médias serviles à la solde du pouvoir ont passé sous silence la phrase de Salime Mdéré, élu de droite, vice-président du conseil départemental : "(...) à un moment donné, il faut peut-être en tuer, je pèse mes mots. Il faut peut-être en tuer.(...)" . Les médias en continu ont été beaucoup plus virulents à l'égard du député Insoumis qui a osé mettre le pied sur un ballon à l'effigie de Olivier Dussopt. Crime de lèse-majesté !
Cette phrase venant d'un élu de la majorité, vice-président du Conseil Départemental donne une appréciation de l'orientation fascisante de l'administration locale.
Pour ce qui est de la métropole, on doit s'interroger sur le sens de toutes ces interdictions de casseroles, de cartons rouges au Stade de France, de l'utilisation de drones qui nous rappellent les méthodes utilisées par la Chine, modèle de démocratie, lors du confinement, l'utilisation de "barbouzes" comme ce fut le cas avec Benalla le 1er mai 2018, le refus d'examiner l'éventualité de la dissolution des BRAV-M, dont la pétition avait reçu en quelques jours 265000 signatures etc...
Tout ceci n'augure rien de bon pour ce qui reste de notre démocratie.