Monsieur le Président de la République,
Ce 8 juillet 2025, un certain nombre- certes majoritaire - de députés a voté la loi «visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » aussi dénommée « loi DUPLOMB ».
Deux jours plus tard, le 10 juillet, une jeune étudiante en Master QSE et RSE, totalement inconnue, déposait sur le site de l’Assemblée Nationale une pétition qui demandait :
-Son abrogation immédiate ;
- La révision démocratique des conditions dans lesquelles elle a été adoptée ;
- La consultation citoyenne des acteurs de la santé, de l’agriculture, de l’écologie et du droit.
Elle terminait cette pétition par : Aujourd'hui je suis seule à écrire, mais non seule à le penser. »
Effectivement, puisqu’en deux semaines et demie, le 27 juillet, cette pétition dépassait les deux millions de signataires. Vous conviendrez qu’il s’agit là d’une situation exceptionnelle dans laquelle les élus qui l’ont votée sont massivement désavoués par les électeurs, les médecins, les scientifiques, les grands chefs cuisiniers, qui se sont exprimés chacun à leur manière.
Dans votre conférence de presse du 25 avril 2019, vous avez exprimé votre intention « d’aller au référendum » dès lors qu’une pétition recueillerait un million de signatures.
Je vous rappelle les propos que vous avez tenus à cette occasion :
« Enfin, il y a eu la question du Référendum d’Initiative Citoyenne. Tel qu’il est proposé, il me semble remettre en cause la démocratie représentative, mais je crois malgré tout que nous devrions donner plus de place à la voie référendaire dans notre démocratie. Ce que je souhaite, c’est que dans le cadre de notre réforme constitutionnelle, nous puissions aller plus loin sur le Référendum d’Initiative Partagée qui a été créé il y a maintenant 11 ans dans notre Constitution, en en simplifiant les règles, en permettant que l’initiative puisse venir de citoyens, un million de citoyens qui signeraient une pétition et qu’elle puisse prospérer en projet de loi et si elle n’était pas examinée par les assemblées, aller au référendum. Je crois que c’est une bonne voie qui respecte la démocratie représentative, mais qui permet à un million de citoyens qui se rassemblent de pousser le Parlement à discuter d’un texte ou bien d’aller au référendum »
Au cas - inenvisageable - où votre mémoire vous ferait défaut, je vous adresse le lien de votre intervention :
Le passage que je viens de citer se situe entre les minutes 16’30 et 17’22.
Nous sommes à plus de deux millions de signataires. ( 2 099 245 à l’instant où j’écris).
Il vous appartient de tenir parole et de respecter les engagements que vous aviez pris ce 29 avril 2019. Dans le cas contraire, il vous prendriez le risque d’accroître la fracture qui s’est manifestée à cette occasion entre le peuple et sa représentation nationale et pourriez donner l’impression que toutes ces annonces n’avaient pour but que de gagner du temps en comptant sur l’affaiblissement des revendications du moment.
Je ne doute pas que vous choisissiez l’option de respecter vos engagements et je vous en remercie par avance au nom des 2 099 245 signataires (ou plus).
Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma respectueuse considération.
Jacques TEXIER