Le 3 décembre 2019, l’Assemblée Nationale a adopté une résolution assimilant antisionisme et antisémitisme. Ce projet de résolution a semé un trouble dans le groupe LREM,qui en était l’initiateur, puisque 26 députés LREM ont voté contre et 22 se sont abstenus. Cette résolution fait suite à une déclaration d’Emmanuel Macron lors du dîner du CRIF le 20 février 2019 considérant que « l'antisionisme est une des formes modernes de l'antisémitisme ». Dans une adresse aux députés en date du 18 juin 2019, Malik Salemkour, président de la Ligue des Droits de l’Homme, avait d’ailleurs écrit aux députés, concernant ce texte : « nous vous demandons de ne pas l’adopter »
Toute critique de l’attitude colonialiste de l’Etat d’Israël devient de fait une déclaration antisémite, tout comme le soutien aux Palestiniens enfermés à Gaza dans leur prison à ciel ouvert, ou à ceux expulsés de leur maison de Jérusalem-Est ou à ceux dont les villages sont rasés pour y installer des colons.
On a beaucoup parlé d’antisémitisme à propos des manifestations anti-pass, beaucoup plus que de la profanation à 4 reprises de la stèle de Simone Veil à Perros-Guirrec. Cette femme remarquable, rescapée des camps de Auchwitz-Birkenau et Mauthausen, qui s’était battue contre son propre camp ( la droite), pour faire adopter en 1974 la loi sur l’IVG, avancée considérable pour la condition des femmes dans notre société, aurait mérité mieux que quelques annonces épisodiques dans les médias bien-pensants. Au lieu de cela, ils ont fait le choix de verser leur fiel sur les manifestants(es) anti-pass. Il est bon de s’intéresser avec maintenant un peu de recul au processus mis en œuvre. Ces quelques lignes me vaudront sans doute d’être taxé de complotisme, mais peut me chaut.
On peut constater qu’alors que la participation aux manifestations anti-pass augmentait régulièrement depuis le 17 juillet, passant de 114000 à 161000, puis 204000 et 237000 le 7 août, elle a brusquement décru à compter de cette date (214000, 175000, 160000 et 141000 le 4 septembre)
Alors que l’on pouvait s’attendre, avec la rentrée des salariés (ou ce qu’il en reste) à un grossissement des défilés, la décrue s’est amplifiée. A quoi cela tient-il et pourquoi à partir du 7 août ?
Ce 7 août 2021, un évènement attire l’attention de certains médias (en particulier CNews et BFMTV) : parmi les 237000 manifestants on a remarqué ce jour là, à Metz, une femme qui défilait avec une pancarte dont la plupart de nos concitoyens, dont moi-même, ignoraient la connotation antisémite. Immédiatement, les médias s’en emparent et commentaires et débats tournent autour de ce qui devient le sujet du jour : l’antisémitisme dans les manifs anti-pass. La graine est semée, il suffit d’attendre. Cette hystérie médiatique se poursuit jusqu’au samedi suivant, 14 août où on découvre à Besançon, parmi les 214000 manifestants sur le plan national, une autre pancarte du même type. Le préfet de Paris fait un signalement de pancartes antisémites ( ?) dans la manifestation parisienne. Pour accompagner son signalement, il fait état de 2 pancartes portant pour seule inscription « QUI ? » Seuls quelques citoyens avertis ou baignés des infos de chaînes TV « spécialisées » sont à même de décoder ce message, si toutefois il y en a un. Toujours est-il que le résultat escompté était atteint : un certain nombre de citoyens (ennes) opposés au pass sanitaire se sont mis en retrait et l’ampleur des manifestations a diminué. Le pouvoir avait atteint son but avec la complicité de certains médias : l’autocensure des citoyens,
Il faut noter que les organisations politiques et syndicales n’ont pas hésité à ignorer voire à dénigrer ce mouvement populaire qu’ils ne pouvaient contrôler. On se souvient qu’en mai 68, les syndicats de Renault à Billancourt avaient refusé l’entrée de l’usine aux étudiants en grève, craignant alors de perdre la main sur le mouvement ouvrier.
Cette méthode qui consiste à étendre à tout un groupe, pour le salir, le comportement de l’un de ses membres supposé, a déjà fait ses preuves, à 2 reprises au moins, lors de manifestations populaires spontanées :.
Au printemps 2016, des manifestations très importantes regroupent les opposants à la loi El Khomri ; des initiatives « Nuit Debout » ont lieu un peu partout en France. Le 16 avril 2016, Alain Finkielkraut est pris à partie, lors de sa visite au rassemblement place de la République à Paris.
Certains médias affirment même qu’on lui a craché dessus, tel Libération : Les quelques dizaines de béotiens excités qui ont insulté Alain Finkielkraut […] ou qui lui ont craché dessus, …ou Le Figaro : Il assure qu'il se serait fait «cracher dessus» « Je me suis fait cracher dessus », a déclaré M. Finkielkraut en quittant la place. De nombreux éditorialistes se sont alors indignés qu’ont lui ait « craché à la figure ».Dans les vidéos disponibles, les participants à Nuit Debout qui ont invectivé le philosophe n’ont tenu aucun propos antisémite, et malgré les rectificatifs du Monde le 18 avril :(« On a craché dans sa direction, pas sur lui ; c’est la personne qui tient la caméra qui reçoit le crachat.»), le poison fait son œuvre : dans l’inconscient collectif, les participants à Nuit Debout seraient tous des antisémites. Le mouvement s’éteindra alors progressivement pour la plus grande satisfaction du gouvernement Hollande – Valls, qui disparaîtra lui-même dans les oubliettes de l’Histoire
Un scénario analogue a lieu le 16 février 2019 : depuis le 17 novembre 2018, des milliers de citoyens et citoyennes occupent les rond-points avec leurs Gilets Jaunes. Afin de les marginaliser, le président Macron a mis en place un Grand Débat qui doit durer du 15 janvier au 15 mars en impliquant les maires et les citoyens qui se laissent prendre à ce piège. Ce 16 février 2019, quelques individus s’en prennent verbalement à Alain Finkielkraut, tenant des propos intolérables, qui seront fort heureusement sanctionnés comme il se doit. Voilà ce qu’écrivait France info concernant les déclarations d’Alain Finkielkraut au matin du 16 février :(https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets-jaunes/gilets-jaunes-alain-finkielkraut-victime-dinsultes-antisemites_3194593.html).
Cet évènement inadmissible est immédiatement repris par les chaînes d’info en continu qui le font tourner en boucle et ne se privent pas d’assimiler les Gilets Jaunes à ces individus abjects.
Là encore, les médias réactionnaires n’ont pas manqué d’étendre à l’ensemble du mouvement le comportement odieux de ces quelques individus.
L’histoire est truffée de ce genre de manipulations, par exemple :
*concernant les Zadistes de Notre Dame des Landes on a répandu la rumeur qu’il s’agissait ‘un ramassis de drogués, fumeurs de pétards, etc….
*en mai 68, la presse réactionnaire faisait état de la propagation de la syphilis dans la Sorbonne occupée par les étudiants.
*et en 1933, le Reichstag, siège de l’Assemblée Nationale à Berlin, est l’objet d’un incendie imputé, à tort ou à raison, à Marinus van der Lubbe, un communiste néerlandais. Immédiatement, la radio affirme que les communistes ont mis le feu au Reichstag, dans le cadre d’un vaste complot communiste. Des lois d’exception sont alors votées et la chasse aux communistes commence.
Au travers de ces quelques exemples, j’ai voulu montrer qu’il faut se garder de porter des jugements hâtifs sur un groupe au travers de l’attitude de quelques-uns de ses membres. Il est fondamental que citoyens et citoyennes réfléchissent sereinement et posément aux informations reçues en particulier lorsqu’elles émanent de médias aux mains de quelques milliardaires.
Bonne réflexion
Jacky TEXIER septembre 2021