L’ECOLE DU FUTUR selon MACRON
Tout comme dans le secteur hospitalier, la pénurie de personnels enseignants est flagrante et les démissions ne cessent d’augmenter : 804 en 2014-2015, 1417 en 2017-2018, 1554 en 2019-2020 et 1648 en 2020-2021.
L’attractivité du métier est en berne. Dans la totalité des disciplines, il y a moins de candidatures que de postes au concours et parmi les candidats et candidates admissibles, un certain nombre sont refusés (es) par les jurys, en raison d’un niveau trop faible.
Cette année 2022, au Capes externe de Mathématiques, il y a 818 candidats admissibles pour 1035 postes à pourvoir, et tous ne seront pas reçus. Le déficit en profs de maths sera donc considérable. Idem en allemand : 83 admissibles pour 215 postes. La situation est pire en ce qui concerne les professeurs des écoles. Pour l’académie de Versailles, pour 1430 postes vacants, il y a 484 admissibles ; combien parmi eux seront reçus(es). La situation est à ce point dramatique que cette académie (Versailles) a organisé un « job dating » afin de pourvoir ces postes vacants par des contractuels, après un entretien de 30 minutes.
Cette destruction de l’enseignement public est engagé de longue date. Revenons en arrière :
En Août 2007, sous la présidence Sarkozy, le ministère Fillon, avec Valérie Pécresse comme ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, est votée la loi LRU (Libertés et Responsabilités des Universités). C’est la mise en place de l’autonomie des Universités qui les amène, du fait du désengagement de l’Etat à rechercher des financements auprès d’acteurs privés.
A cela s’ajoute une désorganisation des inscriptions liée à la mise en place de Parcours Sup et une atteinte psychologique sur les futurs bacheliers.
Au niveau des lycées, Jospin, en 1989, ministre de l’Education Nationale (Rocard 1er ministre) met en place les projets d’établissement, votés chaque année en conseil d’administration ; le contrôle continu prend une part de plus en plus importante (40% cette année) ; un classement national est publié indiquant les résultats au baccalauréat. On entre alors dans un système de concurrence qui favorise évidemment les classes dominantes.
En collège aussi, on élabore un projet d’établissement voté en CA. Le brevet des collèges repose lui-même pour une grande partie sur le contrôle continu.
C’est la fin des diplômes nationaux et l’anonymat des examens qui assure une réelle égalité des candidats.
Qu’en est-il de l’enseignement primaire ?
L’enseignement primaire va mal, c’est un fait.
Voilà quelques lignes écrites par Christine Renon, directrice de l’école maternelle Méhul à Pantin le samedi 21 septembre 2019, dont un agent de service retrouvera le corps sans vie dans le hall de l’école le lundi 23 au matin :
(…)je n’ai pas confiance au soutien et à la protection que devrait nous apporter notre institution (…) L’idée est de ne pas faire de vagues et de sacrifier les naufragés dans la tempête (…) Je laisse à la cellule de l’éducation nationale le soin de gérer au mieux le mal être qui va suivre suite au choix du lieu de ma fin de vie. Et surtout cette phrase :
Je remercie l’institution de ne pas salir mon nom
Christine Renon
Directrice épuisée.
Ce 2 juin à Marseille, alors que les établissements scolaires sont dans une situation déplorable, Emmanuel Macron précise ses objectifs de destruction de l’école républicaine.
Les enseignants réclament, à juste titre, une revalorisation de leur salaire.
Que leur propose Macron ? leur imposer des tâches supplémentaires en échange d’une augmentation de salaire, alors que l’exemple de Christine Renon parle de lui-même sur l’état psychologique des directeurs, directrices et personnels en général.
En outre il décide que dans 59 écoles marseillaises, les directeurs, sous réserve de l’acceptation de la mise en place de projets autonomes, auront la possibilité de recruter eux-mêmes leurs enseignants
Ce n’est rien d’autre qu’une vision marchande et concurrentielle de l’école. C’est la voie ouverte au népotisme, au copinage, au recrutement sur des bases de relations amicales, politiques, religieuses, philosophiques, ou par le biais de petites annonces ou Pôle Emploi, au détriment d’un recrutement sur la base d’un concours, d’une formation, d’une qualification.
C’est aussi le glissement inévitable vers la concurrence entre établissements et la perspective d’une ségrégation sociale à outrance.
De fait l’école, et à terme, la fonction publique, change de nature
L’école du futur de Macron, c’est un nouveau mode de management de l’école, inspiré des Etats-Unis via une association qui s’est implantée en France en 2015, sous le nom de Teach for France. En 2016, elle change de nom pour s’appeler « Le choix de l’Ecole » et signe un partenariat avec l’Education Nationale et la ministre Najat Valaud-Belkacem.
Fonctionnement :
Cette orientation a pénétré l’Education Nationale au point d’y introduire un système parallèle de formation et de nominations :
Au collège Jean Vigo de Epinay sur Seine, un professeur de Maths contractuel, en poste depuis 4 ans a été licencié pour installer à sa place un contractuel débutant appartenant au « Choix de l’Ecole ». Même scénario au collège De Geyter de Saint-Denis, au collège Courbet à Pierrefitte-sur-Seine, au collège Paul Bert à Drancy.
Les conventions signées entre le rectorat de Créteil et "Le Choix de l’école" sont tenues secrètes. L’affectation des personnels recrutés n’est pas communiquée aux élu-e-s du personnel.
Le premier président du « Choix de l’Ecole » sera Olivier Duhamel, son successeur, Laurent Bigorgne,est le président de l’Institut Montaigne. Tous les deux ont eu maille à partir avec la justice pour des faits peu reluisants.
La présidente actuelle en est Patricia Barbizet, passée par les multinationales François Pinault, AXA, Total
Selon l'inspecteur Paul Devin, l’association favoriserait une évolution vers la privatisation de l’Éducation nationale : « On est en présence d’un réseau idéologique où, ce qui compte, ce n’est pas tellement la réalité de ce que l’on met en œuvre [...]. Le but est de faire avancer les idées du libéralisme sur le service public pour y substituer des initiatives privées
Financement :
D'après Mediapart, l'association reçoit en 2019 150 000 euros de subventions publiques. Elle n'a cependant pas rendu publics ses comptes ni ses rapports d'activité4.
L'association est également soutenue financièrement par la Fondation La France s'engage7, les fondations de multinationales comme Total, Safran, Engie ou Société Générale, et des membres de ces entreprises sont invités à participer au jury de sélection des candidatures
Formation des enseignants :
Extrait du site : https://www.lechoixdelecole.org
Campus d'été 2022 Le Choix de l'école
Le Campus d’été 2022 du Choix de l’école se tiendra du 4 au 22 juillet et du 25 au 29 août en Île-de-France. Pendant un mois, les futurs enseignants prépareront leur première rentrée au primaire, en collège ou en lycée professionnel en quartiers prioritaires.
Voilà un nouveau type de formation : en 4 semaines, on vous fabrique un enseignant
Face à cette désaffection du métier en raison des conditions de travail et des rémunérations, « le Choix de l’Ecole » est la solution miracle : 4 semaines de formation , une employabilité immédiate et du personnel sans statut recruté par le chef d’établissement. Cela s’appelle la privatisation de l’école.
Cette association »Le choix de l’Ecole » a noué des partenariats avec les académies de Créteil, Versailles, Paris, Aix-Marseille. C’est sans doute ce qui explique que Macron ait choisi ce lieu pour annoncer ses futurs méfaits
Ayant sans doute pris conscience des remous prévisibles suite à ses annonces, Emmanuel Macron revient à sa méthode habituelle pour déminer : organiser une consultation. C’est un habitué de cette pratique :
Le mouvement des Gilets Jaunes, débuté le 17/11/2018, a donné lieu à un Grand débat du 15 janvier au 15 mars 2019, puis ce fut la Convention Citoyenne sur le Climat (7 WE de 3 jours du 4 Octobre 2019 au 30 juin 2020) dont les conclusions devaient être soumises « sans filtre » . On sait ce qu’il en est advenu. Se sont ensuite succédés le Ségur de la Santé, le Varenne de l’eau, le Beauveau de la Sécurité ...
Le nouveau ministre de l’Education Nationale vient d’être chargé d’organiser une grande concertation autour de l’école de septembre à décembre 2022.
Enfin Macron vient de nous promettre prochainement un Conseil National de la Refondation, dont le sigle CNR constitue une injure aux membres du Conseil National de la Résistance qui avaient mis en place entre autres. la nationalisation de l'énergie (création d’Électricité de France en 1946), des assurances (AGF en 1945) et des banques (Crédit lyonnais en 1945, Société générale en 1946), la création du régime général de la Sécurité sociale. Ces actions ont constitué jusqu'à aujourd'hui une grande partie des acquis sociaux de la seconde partie du XXe siècle, que Denis Kessler, ex numéro 2 du MEDEF, s’est juré de détruire : «Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! 4/10/2007 »
Défenseurs de la République et de son école, nous ne pouvons accepter que Macron les livre ainsi aux appétits des capitalistes.
Le Conseil National de la Refondation est une insulte aux défenseurs du service public!