Limoges, le 19 mars 2025
Madame la Présidente,
Vous avez déclaré à la tribune de l’Assemblée Nationale le 10 octobre 2023 :
« Devant cette barbarie, je veux redire ici qu’Israël est un pays ami à qui je veux réaffirmer, au nom de la représentation nationale, notre totale solidarité et notre soutien inconditionnel. »
Face à un drame tel que celui du7 octobre, chacun réagit en fonction de ses origines, de son parcours, de son vécu, de sa religion. Si l’on peut comprendre que devant des évènements aussi tragiques l’on puisse être, comme je l’ai moi-même été, scandalisé, heurté, révolté, par cet horrible massacre, je comprends qu’à titre personnel, vous ayez pu, à ce moment là, apporter un soutien inconditionnel à Israël. Mais vous l’avez fait au nom de la représentation nationale, c-à-dire au nom du peuple français.
Nous sommes 17 mois après cette tragédie. L’armée israélienne poursuit la politique d’extermination du peuple palestinien programmée de longue date par le gouvernement sioniste au pouvoir. Hier, 18 mars, elle a pilonné sans discernement, au milieu de la nuit, la bande de Gaza, faisant 400 morts. Le lendemain elle a renouvelé son forfait, portant le bilan à plus de 900 morts.
Madame la présidente, vous n’êtes pas revenue sur votre déclaration du 10 octobre. Votre soutien à cette barbarie serait-il toujours aussi inconditionnel ? Vous n’avez pas eu un mot de compassion à l’égard de ces civils menacés d’une solution finale.
Tous des combattants du Hamas ? même les femmes enceintes, les vieillards en fauteuil, les enfants de deux ans ?
Israel aura bientôt rattrapé son retard du 7 octobre (1200 morts), compte non tenu des 60000 (soixante mille !) morts précédemment comptabilisés par des organisations indépendantes.
Mais cette guerre, ce ne sont pas que des chiffres ; c‘est le bruit, la poussière des explosions, l’amoncellement des décombres, et c’est aussi les bras et les jambes déchiquetés, amputés, les têtes explosées, les poitrines déchirées, les entrailles dégoulinantes, les mères et leurs enfants dans la même mare des sang, les morts qu’on ne peut pas enterrer. Et les jours suivants, ce sont les mouches, les odeurs pestilentielles, les morts qu’on ne peut pas enterrer.
Madame la présidente, vous devez supposer, comme moi-même, que parmi ces centaines de milliers de gens pris au piège de leurs assassins, il y a des femmes qui accouchent, des femmes qui ont leur règles, en l’absence d’eau et d’électricité. Que ressentez-vous face à cette situation ? Vous n’avez rien à dire ? Toujours un soutien inconditionnel ?
J’AI HONTE POUR LA FRANCE, J’AI HONTE DE LA FRANCE !
Vous êtes le 4ème personnage de l’Etat, après le président du Sénat, Gérard Larcher, le 1er ministre François Bayrou, et le président de la République, Emmanuel Macron.
Aucun d’entre vous n’a exprimé la moindre empathie à l’égard de ces civils voués à l’extermination de masse, aucun mot pour condamner cette barbarie sioniste.
Vous savez que vous pouvez vous appuyer, pour maintenir cette omerta, sur la complicité de médias aux mains d’une poignée de milliardaires qui vomissent leur fiel à longueur de journée, comme l’ont dénoncé les quelques médias indépendants qu’il nous faudra essayer de faire survivre.
La France que j’aime, e n’est pas celle que vous représentez.
La France que j’aime, c’est celle de Voltaire, d’Olympe de Gouges, de Condorcet, de Louise Michel, de Victor Hugo, de Jean Jaurès, c’est celle que chantait Jean Ferrat :
Cet air de liberté au-delà des frontières
Aux peuples étrangers qui donnait le vertige
Et dont vous usurpez aujourd’hui le prestige
Elle répond toujours du nom de Robespierre
MA FRANCE
S’il est un soutien inconditionnel dont vous pourriez être fière, c’est celui que vous refusez à Gideon LEVY, journaliste israélien du quotidien HAARETZ, ou au professeur Norman FINKELSTEIN, fils de survivants juifs du ghetto de Varsovie, exclu de sa faculté américaine pour antisémitisme, ou Ilan PAPPE, professeur d’université israélien auteur de « Nettoyage ethnique en Palestine ». Vous avez fait un autre choix, celui de soutenir ceux contre lesquels Cour Pénale Internationale a émis un mandat d’arrêt international, afin de les juger sur d’éventuels crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Je vous prie d’agréer, Madame la Présidente, mes salutations
Jacques TEXIER
Citoyen français
PS : 1) Si toutefois ce courrier vous parvenait, que vous le lisiez et que vous-même ou l’un(e) de vos assistants(es) souhaitiez me répondre, vous trouverez mon adresse mail dans le courriel d’accompagnement.
2) Je vous écris ce 19 mars, anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie, que notre ministre de l’Intérieur a une bien curieuse et peu diplomatique façon de célébrer
3) Hier 18 mars, est la date anniversaire du début d’un moment important, et lui aussi occulté, de notre histoire, la Commune de Paris : 30000 morts, ou déportés, massacrés par la droite réactionnaire d’Adolphe Thiers