Il fait beau, ce 26 octobre 2024 ; il est à peine 17 heures, nous sommes encore à l'heure d'été, les jours sont longs, le temps est clair, mais le soleil n'éblouit pas. Alain et Annick sont 2 cavaliers expérimentés ( Annick galop7, licenciée FFE depuis 1968, et Alain galop7, licencié FFE depuis 1960 et 40 ans d'expérience professionnelle dans le domaine équestre ). Toutes les conditions sont favorables à une petite promenade à cheval dont ils sont coutumiers sur les chemins proches de leur domicile. C'est là que tout va se jouer. Ils cheminent au pas depuis environ un quart d'heure. Alain est devant, montant son cheval Spirit, il est suivi à quelques mètres de la jument Lorette, que monte Annick. Au bout d'une portion droite, ils voient arriver à une allure qu'ils jugent excessive par rapport à l'état du chemin un véhicule qui à quelques dizaines de mètres, semble accélérer au lieu de ralentir à la vue des deux cavaliers. Le choc est alors violent. Alain est projeté au sol, avec une très forte douleur à l'épaule ; son cheval Spirit est gravement blessé, il sera euthanasié 3 jours plus tard. Après ce premier choc, le véhicule poursuit sa route et heurte violemment Lorette ; Annick est projetée au sol, elle sera évacuée par les pompiers avec des blessures importantes (fracture du fémur, atteinte aux vertèbres, contusions multiples), et un traumatisme qui s'ensuivra lorsqu'elle apprendra 3 semaines plus tard que l'on doit euthanasier sa jument.
Deux blessés, dont un grave, deux chevaux euthanasiés suite à des blessures irréversibles, voilà le bilan de cette dernière journée ensoleillée de l'heure d'été 2024 !
Ces faits sont d'une extrême gravité et sont un stigmate de ce que l'on peut rencontrer dans les campagnes lorsque la loi perd sa place et où certains s'octroient des pouvoirs et des droits particuliers; l'auteur des faits n'en est pas à son premier "exploit". Par le passé, une main courante et une plainte dont vous trouverez ci-dessous quelques extraits ont déjà été déposées à son encontre.
Main courante du 6/09/2018 pour des faits du 1/09/2018 :
"C'est alors qu'il m'a parlé avec agressivité à propos d'un terrain que je souhaitais garder et ne pas échanger avec lui. Il était très énervé. Il est remonté dans sa pelleteuse, il en a déplié le bras et par un mouvement de rotation a tenté de me heurter.
Suite à cela, je suis monté dans ma voiture, il est alors descendu de son engin, a ouvert ma portière et m'a menacé de mort, il a dit ces mots : " je vais te mettre la tête dans la Marchadaine jusqu'à ce que tu crèves"
Plainte du 29/12/2018
(...) A ce moment-là, W.T. est descendu de son tracteur. W.T. s'est saisi de la tronçonneuse et il m'a hurlé dessus qu'il commençait à en avoir marre de moi. J'avais mon téléphone en main de manière à prendre une photo de ce qu'il s'apprêtait à faire. J'ai réussi à prendre une photo de W.T, alors qu'il me fonçait dessus. Il a jeté la tronçonneuse, est venu m'arracher mon téléphone en même temps qu'il me donnait des coups de poing au visage. Je suis tombé en arrière, je suis tombé par terre. Là, il m'a relevé et projeté contre le mur de ma maison. Quand il a vu que j'avais de la peine à me relever, il est revenu chercher sa tronçonneuse, l'a brandie au-dessus de ma tête et c'est l'homme à qui j'avais demandé au début de stopper l'abattage qui s'est interposé. Monsieur W.T.m'a alors dit que j'avais de la chance que le monsieur l'ait stoppé sinon il me tuait comme il avait déjà promis de le faire.
J'ai été transporté au CH de Saint-Junien car j'avais des douleurs au niveau du visage, la lèvre supérieure, mal à ma hanche droite qui a une prothèse totale. (...)
Le médecin des urgences m'a remis un certificat médical avec une ITT inférieure à 8 jours, qui est provisoire, car je dois aller voir mon chirurgien pour ma prothèse de hanche, ainsi qu'un dentiste car j'ai des dents de devant qui ont été touchées. J'ai plusieurs points de suture au niveau de la lèvre supérieure (...)
Dans un courrier au procureur du Tribunal judiciaire d'Angoulême du 10 mars 2023, Annick a dénoncé les injures, menaces, occupations illicites de terrains émanant de cet individu. A ce jour, aucune suite ne semble être donnée concernant ces faits.
Tout ceci est d'une extrême gravité, et met en évidence le comportement intolérable de ces nouveaux seigneurs, propriétaires de centaines d'hectares, qui traitent l'entourage comme des serfs, qui s'approprient l'espace public - et parfois privé - des campagnes, et se considèrent dépositaires de la loi de la République. Au-delà du comportement inacceptable de ces petits hobereaux, l'attitude des services de l'État qui, par leur inaction, couvrent ce genre de comportement alors qu'ils devraient se porter garant de la paix civile, pose question.
Il faut se souvenir des termes utilisés par un syndicat agricole dans ses vœux de janvier 2021 :
« intégristes écolos », ou « cette nouvelle race d’emmerdeurs, les bien-nommés écolos » auxquels on veut faire « baisser le nez et rentrer chez eux ». Le président de la Coordination Rurale 87, qui gère la Chambre d’Agriculture, auteur de ce texte, motive ses troupes : « nous les affronterons, ils n’auront jamais la paix ».
Saint-Junien Environnement a alerté le préfet sur cette dérive, qui à l'époque n'était que verbale. Voici un extrait de cette lettre :
(...) Afin d’évoquer de façon concrète ces faits indignes du climat républicain dans lequel Saint-Junien Environnement, comme les autres Associations concernées, mène des actions en faveur d’un développement rural respectueux des citoyens et de leur terre, nous vous demandons de nous fixer une réunion prochainement afin que nous puissions connaître la véritable position de l’État face aux actions illégales et propos injurieux tenus par l’organisation susvisée.(...)
Il n'y a pas eu de suite à ce courrier et depuis cette date, se sont multipliées les attaques à l'environnement avec la bienveillance complice des représentants de l'Etat.
Vous pouvez retrouver l'émission de France 3 du 6 janvier 2021 avec ce lien : https://we.tl/t-HUAUxipIbU
Il appartient aux citoyens et citoyennes qui n'acceptent pas de se faire piétiner de se mobiliser !
Jacky Texier