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Billet de blog 4 décembre 2024

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Trace 25 - Synthèse 1

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Après  quatre mois, et 24 « Traces » de passage, il n’est pas inutile de récapituler en tentant une première synthèse. C’est la rentrée scolaire, après tout, et l’heure des révisions…

L’objectif reste le même : dans les prochaines années, les réfugiés climatiques se compteront par millions. Au devoir moral de les accueillir, il est déjà, et il sera opposé une prétendue impossibilité matérielle. Ce projet, qui est voué à se poursuivre longtemps, est une étude de faisabilité visant à la démontrer le contraire, et donc à affirmer que ce que nous pouvons envisager doit être par conséquent fait. Il s’agit d’une exploration obligatoirement multithématique.

Rappelons-en, à l’aide de deux résumés,  les premières étapes, tout en intégrant quelques interviews récentes, en guise de contrepoint :

1 – Villes 1, 6 mai :

Le confinement a montré un certain rejet de la vie en ville. Ce qui est en question ici, c’est bien la métropolisation des villes, leur croissance incontrôlée, et non la ville en soi : la ville est le meilleur moyen de répondre à une croissance démographique, aujourd’hui comme il y a mille ans.

Il est donc fait un bref retour sur la croissance des villes dans l’Italie du Moyen-Age, et l’éclosion (inévitable?) du capitalisme dans ces villes.

Citant Braudel : « le capitalisme ne peut s’effondrer de lui-même, par une détérioration qui serait “exogène” ; il faudrait pour un tel effondrement un choc extérieur d’une extrême violence et une solution de remplacement crédible. », il semble que le choc extérieur (extérieur, mais bien endogène aussi)  soit venu sous forme d’un virus. Reste à établir une solution de remplacement.

2 – Villes 2, 9 mai

Dans un entretien au Monde,

https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2020/08/22/nous-allons-connaitre-les-dix-annees-de-transformation-ecologique-les-plus-remarquables-de-l-histoire_6049616_3451060.html

Rob Hopkins cite Joanna Macy : « Pour la militante et écrivaine américaine Joanna Macy, nous devons nous comporter à l’endroit du vieux paradigme comme des professionnels du soin travaillant dans un hospice, et à l’égard du nouveau comme des sages-femmes. »

Le texte du 9 mai cite abondamment Paola Vigano, comme « professionnelle du soin » et comme « sage-femme » : il n’est pas question ici de renoncer à améliorer les « vieilles » villes, juste d’en faire naître d’autres… Comme l’explique Damien Carême,

https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/deconfinement/grand-entretien-70-de-la-lutte-contre-le-changement-climatique-se-joue-au-niveau-local-l-eurodepute-damien-careme-imagine-la-ville-ecologique-de-demain_4071691.html?fbclid=IwAR2WsRV1940lLs_g1o-ngEei09E6zN_pQbSS-lxkbaWWqoTpPZQg9I2VUEw

« Surtout, il faut arrêter ce phénomène de métropolisation qui est lié à cette compétitivité économique des territoires… Ces phénomènes de métropolisation sont en train de nous poser d'énormes problèmes. » L’accueil de millions de personnes ne peut se faire à ce prix.

 3 – Forêts 1, 11 mai

Opposer les villes aux forêts est une vieille et pernicieuse habitude. Selon Emanuele Coccia : « Cette opposition, qui a guidé notre manière d’imaginer notre cohabitation et notre politique, est tout à la fois illusoire et dangereuse. » (Métamorphoses, 2020). Nous y reviendrons bientôt.

Le texte du 11 mai est, sur les pas de Gaston Roupnel, une invitation à l’orée du bois. Déjà, il y a près de cent ans, il s’inquiétait d’une emprise croissante des forêts. Même si le terme de forêts est parfois on ne peut plus immérité  et fortement contesté par Francis Hallé,

https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/08/15/ne-prenons-plus-les-plantations-d-arbres-pour-des-forets_6049004_3232.html les surfaces boisées ont retrouvé aujourd’hui en France leur surface d’il y a mille ans : qu’en faisons- nous ?

4 – Forêts 2, 21 m

La forêt est, dans l’antiquité, considérée comme « res nullus », n’appartenant à personne, puis accaparée par les féodaux d’abord, les bourgeois ensuite, enfin les  multinationales. Elle est devenue, en maints endroits, une monoculture dangereuse à tous égards. L’idée, ici, est de la rendre, à ceux que Gaspard d’Allens, dans  « Main basse sur les forêts » (2019), nomme les paysans forestiers, et de l’habiter.

5 – Villes 3, 23 mai

Peut-on construire une ville, et y instaurer une forme de démocratie ? Ce sont les « Commune » italiennes du XI au XIII° siècle, dont Sienne, qui sont prises comme exemples ici. Un moment d’histoire, une échelle adaptée, une ardeur de vivre, tout cela qui fut, et que nous pouvons retrouver, différemment…

6  - Villes 4, 25 mai

 Il s’agit ici de Marinaleda, ville andalouse vivant sous une forme d’autogestion depuis 1979.

La construction en commun des maisons par la population est un exemple à suivre, et à développer.

De même que la gestion en commun des terres agricoles du village, conquises de haute lutte.

 7 – Eau 1, 27 mai

Une visite aux puits sacrés de Sardaigne fait songer à ce que serait une civilisation sacralisant cette ressource, et donc sa préservation, ainsi que son libre accès pour tous.

Seules de nouvelles orientations spirituelles (au sens large) peuvent engendrer de nouveaux comportements, dont nous aurons besoin.  

8 – Eau 2, 30 mai

Une exploration des techniques existant depuis 5000 ans ou plus, dans des régions arides, devrait nous permettre de relativiser les difficultés à venir du fait du changement climatique, et nous servir d’inspiration. De même la venue d’habitants de pays chauds doit nous aider à envisager techniques et modes de vie adaptés au réchauffement climatique.

 9 – Animaux non humains 1, 1er juin

Mettre fin à l’anthropocentrisme requiert de se pencher sur ses origines. Ici, ce fut avec Jean Rouaud, et son livre : « La splendeur escamotée de frère Cheval » (2018) : comment l’animal respecté comme un dieu perd de son prestige au néolithique, devenant  peu à peu simplement « utilisable ».

10 – Animaux non humains 2, 11 juin

Le loup, approché par Baptiste Morizot, dans « Les diplomates » (2018), semble nous montrer, par sa dispersion dans des territoires, précisément, où il est possible d’imaginer repeupler la terre, paisiblement, diplomatiquement. Il nous montre le chemin, si nous savons le suivre.

 11 – Toucher terre 1, 15 juin

Bâtir, oui, mais sans détruire le vivant. A la recherche de techniques, réversibles, permettant de concilier habitations et végétations, un voyage dans le temps, au néolithique, mais aussi dans l’espace, au Japon, avec un point commun : l’utilisation de pilotis.

12 – Toucher terre 2, 18 juin

Encore au Japon, où, comme le rapporte Bruno Taut : « Pour le constructeur japonais, le matériau qu’il utilise, qu’il s’agisse du bois ou d’un minéral, est vivant. » 

Cérémonies propitiatoires à la construction, ou à la pose de la poutre maîtresse en sont témoin.

Au-delà de notions techniques, le Japon a aussi une leçon plus large, plus philosophique à notre égard : Un concept, « wa », l’harmonie, peut le résumer : « … Wa prend le sens de conclure un pacte… et décrit autant une situation relative aux hommes, aux dieux, à l’être humain, qu’à la nature.

Ainsi, « wa » s’avère une problématique de la relation et non de l’essence, de la relation d’hommes à hommes, et des hommes avec la nature. » Vocabulaire de la spatialité japonaise (2018)

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