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Billet de blog 8 janvier 2025

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Trace 93-Cité-jardin 3

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

De Geddes, nous savons qu’il influença John Turner (Traces 40) et Giancarlo De Carlo (Traces 64), rencontra   Kropotkine (Traces 71), avant d’influencer Howard, dont il sera question dans Traces 94.

Cela en fait un membre de cette famille de pensée qui nous intéresse ici.

Nous puiserons à trois sources : l’article de Wikipedia, assez enthousiaste (trop ?), et « Patrick Geddes en héritage » de Alessia de Biase, Albert Levy, et  María Castrillo Romón (2016), avant de lire un compatriote écossais, Kenneth White.

« Sir Patrick Geddes, né le 2 octobre 1854 en Écosse et mort le 17 avril 1932 à Montpellier, est un biologiste et sociologue écossais, connu aussi comme un précurseur dans de nombreux domaines, notamment l’éducation, l’économie, l’urbanisme, la géographie, la muséographie et surtout l’écologie./…/ Par ses connaissances scientifiques et par le caractère général de sa pensée, Geddes était déjà un écologiste avant que cette branche de la biologie n’obtienne le statut d’une discipline séparée… Et ce fut moins comme innovateur de la planification urbaine que comme écologiste, patient inventeur des filiations historiques et des relations biologiques et sociales, que Geddes fit son plus important travail sur les cités. /…/ Inextricablement lié à la justice sociale, l’urbanisme de Geddes vise toujours à faire contribuer activement les habitants à l’entretien, l’amélioration et la gestion de leur environnement. Une conception qu’il va développer et enrichir par sa pratique au Royaume-Uni et à l’étranger, dans le souci constant d’équilibrer le respect de la nature avec celui des cultures locales./…/ Sa devise combinait respectivement la main, le cœur et la tête : d’où la création dans les espaces urbains délaissés de jardins d’agrément, botaniques et potagers, visant non seulement à produire de la nourriture localement, mais aussi à étudier et observer la biodiversité, les formes de la vie et les changements saisonniers, tout en renforçant la cohésion sociale par la prise de conscience écologique et la participation des habitants de tous âges. Il est le premier à avoir mis en évidence la nécessité de préserver autour des villes des ceintures vertes, à la fois maraîchères et d’agrément, notion qui va considérablement influencer le mouvement des cités-jardins fondé par Ebenezer Howard, préconisant entre autres de limiter la taille des villes afin de maintenir des échanges vivants entre la cité, les terres agricoles et les espaces naturels alentour. »Wikipedia

Geddes visionnaire, c’est aussi ceci : « C’est par les feuilles que nous vivons. Certains ont l’idée étrange que ce serait la monnaie qui les fait vivre. Ils croient que l’énergie est générée par la circulation de l’argent. Alors que le monde est essentiellement une gigantesque colonie de feuillage, se développant et formant non seulement une masse minérale mais une véritable terre de feuilles. Ce n’est pas le tintement des pièces qui nous fait vivre mais bel et bien la plénitude de nos moissons.» Wikipedia

Cette dernière citation fait penser à Emanuele Coccia, et sa « Vie des plantes» (2016)

Geddes est un précurseur qui ne fut pas seulement théoricien, mais s’est également impliqué dans la création, ou l’amélioration de villes : « Dans le cadre du projet pour Dunfermline, j’ai fait des suggestions précises en vue de la réalisation d’une Cité idéale, y compris des plans architecturaux permettant son exécution, en sorte que l’on voit combien l’étude locale et une planification adaptative sont nécessaires pour chaque ville en particulier, voire pour chaque point de chaque ville. C’est ainsi et ainsi seulement que nous pouvons espérer parvenir à un développement réellement évolutif, c’est-à-dire tenant compte des particularités locales, des avantages et des possibilités en termes de lieu, activités, habitants, place, occupation, and people. » Wikipedia

« Enquête préliminaire approfondie et pluridisciplinaire, souci de l’équilibre entre espaces naturels et surfaces bâties, attention portée aux approvisionnements en énergie, participation des habitants à l’aménagement et à l’entretien de lieux autogérés, respect de l’histoire et des cultures régionales, c’est probablement dans le domaine de l’urbanisme que l’influence théorique et pratique de Geddes va s’avérer la plus marquante. » Wikipedia

« De la théorie à la pratique, il a anticipé un urbanisme participatif avec son survey de 1918 pour la ville d’Indore en Inde, où il « proposait d’associer la petite échelle de la maison à la grande échelle de la ville, avec une évolution par étapes et une « auto-construction aidée » patiemment conçue. Cette même pratique sera reproduite dans les années 1980 par l’architecte indien Balkrishna Vithaldas Doshi, collaborateur de Le Corbusier pour la ville de Chandigarh, pour le quartier d’habitat populaire d’Aranya à Indore ». Tout comme son souci de ne négliger aucune dimension de l’environnement ni aucune échelle de l’existence préfigure la géo-histoire de l’École des Annales et, bien sûr, le bio régionalisme géographe des Territorialistes, très actifs en Italie, notamment à Florence autour de l’architecte Alberto Magnaghi.(voir Traces 46) » Wikipedia

Comment se nourrir de cette pensée foisonnante ? C’est ce que tentent de développer Alessia de Biase, Albert Levy , María Castrillo Romón dans  : « Patrick Geddes en héritage » (2016) : « À une époque où les spécialisations scientifiques devenaient de plus en plus pointues et solitaires, Geddes, au contraire, élargissait ses intérêts de généraliste en provoquant des occasions d’échange. Son but était de développer des communautés scientifiques œuvrant ensemble en « s’appliquant pratiquement à concevoir des villes meilleures, des villes pour tous, des villes où toutes les classes et tous les genres vivent en harmonie » ABALMCR

« Non seulement il reconfigure les temporalités du plan en y incluant la partie analytique, mais il fait aussi entrer les habitants dans ce processus. Nous pensons ici au texte manifeste de Giancarlo De Carlo (De Carlo, 1970), « L’architettura della participazione », où il reprend ces enseignements geddesiens en s’inscrivant ouvertement dans sa lignée, dans son héritage. »ABALMCR

« Pour Geddes, concevoir une ville c’est d’abord penser et créer une superstructure culturelle, éducative et politique indispensable à l’existence d’une cité, avant d’organiser des fonctions, d’installer un zonage et de tracer des voies. Sa théorie du town planning s’oppose ici radicalement aux principes de l’urbanisme moderne, que les partisans des CIAM ont tenté, tant bien que mal, de corriger en se référant à ses écrits. La démarche de Geddes réfute l’urbanisme de modèle du mouvement moderne, car il y a pour lui autant de solutions que de villes : c’est surtout et d’abord une méthode, un processus de projet qu’il élabore et défend, où cité et société sont indissociables. »ABALMCR

«  Il ne préconisait qu’une méthode et des principes à observer, comme on l’a vu, bien qu’il suggérait trois solutions possibles : premièrement, d’une façon générale, ne pas concevoir la ville sans sa région (biorégionalisme) dont l’héritage est évident aujourd’hui dans la pensée d’Alberto Magnaghi et des « territorialistes » ; deuxièmement pour la ville nouvelle, s’inspirer du modèle de la cité-jardin qui a su le mieux incorporer la nature dans la ville ; troisièmement pour la ville ancienne, pratiquer la méthode du conservative surgery (appliquée à Édimbourg et surtout en Inde), une pratique qui s’apparente à la réhabilitation urbaine par conservation/transformation des tissus anciens. »ABALMCR

« Un autre auteur, architecte, John F. C. Turner, ayant eu une grande influence dans le dernier tiers du XXème siècle sur certains cercles d’architecture et d’urbanisme, se réclame de P.Geddes. Ses idées (« autoconstruction aidée » et maison par étapes) ont été, en effet, inspirées par l’œuvre de Geddes…. la pensée de l’auteur de « Cities in Evolution » (1915) fut fondamentale pour la « philosophie du logement et la conception des rapports espace-société » élaborées par Turner. » ABALMCR

Il sera sans doute question ici un jour de « Géopoétique » : http://www.kennethwhite.org/geopoetique/

En attendant, suivons son inventeur, Kenneth White, dans sa vision, plus large, de Geddes :

« Geddes va insister de plus en plus sur le possible. Il arrive, dit-il, qu’un individu réussisse à jeter un coup d’œil par la «fenêtre étroite» de son existence, momentanément conscient de possibilités latentes — mais la plupart du temps on l’arrachera de ce moment de vision pour le conduire «à l’atelier, au lit ou à la table». De ceux qui, malgré tout, restent obstinément à leur fenêtre, la plupart se consacreront à l’une ou à l’autre spécialité de telle discipline donnée. Il existe pourtant aussi la possibilité d’ouvrir, au-delà de toutes les «fenêtres étroites», au-delà de toutes les disciplines séparées, «une vue plus large de la nature et de la vie». On assiste alors à des «conceptions synthétiques», où l’art et la science, la physique et l’esthétique, l’économie et l’éthique convergent et se conjuguent — comme chez Léonard de Vinci, par exemple. En partant de sa propre époque, Geddes déclare que et le matérialisme et le spiritualisme (ces résultats jumeaux d’un dualisme mécanique) ont fait leur temps, et que la voie est ouverte à une «discipline unitaire» (complexe, certes, mais ni labyrinthique ni chaotique), qui introduise à «un cosmos en évolution, un Uni-vers en mouvement.» KW

Essayons …

Le prochain épisode de Cité-jardin sera consacré à Ebenezer Howard, qui théorisa le concept en 1898.

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