Décarboner, se décarboner, voilà l’urgence.
Je vois encore, en entendant ces mots, la cave, pleine d’anthracite luisant sous le soupirail, de boulets mats et poussiéreux, où j’allais avec mon grand-père soutirer le vin d’une cantine, cette odeur de vin et charbon mêlés , il faudra l’oublier, surtout le charbon… pour le vin on verra . Un apprentissage du noir, en tout cas.
Le Monde prend l’affaire au sérieux, et nous explique comment faire :
« Une fois cette simulation effectuée, il vous faut connaître certains ordres de grandeur : l’empreinte carbone des Français s’élevait à 11,2 tonnes par habitant en 2018, selon le commissariat général au développement durable (CGDD). Or, il faudrait atteindre environ 2 tonnes par habitant en moyenne d’ici à 2050 pour respecter l’accord de Paris sur le climat. Vous avez bien lu : il s’agit de diviser d’au moins par six ses émissions. » Le Monde
Et puis, reprenant les simulations de l’ADEME, qui présente la vie quotidienne des français en 2050, nous raconte notre vie dans 30 ans, dans une France neutre en carbone, et apparemment inchangée pour le reste ! A n’y pas croire !
Dans un premier temps, quitte à déflorer un peu le contenu de certaines des prochaines rubriques, nous examinerons les pistes évoquées par le journal, et verrons comment elles pourraient être mises en musique dans ce que nous projetons.
Dans un second temps, nous confronterons les vies des trois familles décrites dans l’article du Monde, en y substituant un avenir dans une des « utopies » que nous essayons de construire.
D’abord, suivons notre guide :
« Par où commencer ? Selon les données du CGDD – qui datent toutefois de 2012 –, 27 % de l’empreinte carbone moyenne provient du logement, 27 % également des transports, 20 % des biens et services personnels (équipements, habillement, loisirs, etc.), 16 % de l’alimentation et 9 % des services publics (santé, éducation, etc.). Commençons maintenant la chasse au CO2. » Le Monde.
Le logement ?
D’abord, remettre en question les idéaux de confort :
Selon Brillat-Savarin : « La physionomie du goût » (1848) , la température optimum pour une salle à manger (bourgeoise , cela va sans dire) est de 13°c : nous avons pris quelques mauvaises habitudes depuis.
Ensuite sérier les espaces : séjour ? Chambres, salle de bain ? … pourquoi la même température ?
Inclure, comme au Japon les enveloppes les unes dans les autres : nous avons bien plusieurs couches de vêtement, pourquoi pas plusieurs couches de maison.
Concevoir en se basant sur l’hiver, à l’occidentale, ou sur l’été, à la japonaise ? Les étés seront bientôt plus durs à franchir que les hivers.
Construire en retrouvant des techniques anciennes : nous y reviendrons plus amplement dans 12 articles à venir, je vous rassure, amis architectes, avec de la terre et du bois, comme matériaux locaux, et de la pierre aussi.
Les transports ?
Où va-t-on ? Pourquoi ? Au travail ? En vacances ? En ville ? A la campagne ?
Imaginer une ville où on se sente à la campagne, une campagne où la ville serait proche, un travail qui se fait dans la ville même, pour y satisfaire des besoins communs (à redéfinir), des vacances inutiles désormais car pourquoi partir si vivre ici est bien et qu’on y rencontre le monde entier ?
Dès lors, si les distances sont réduites au minimum, deux jambes suffisent, et mieux vaut s’en servir pour se déplacer que pour faire du sur-place, comme ici :
https://www.fitoffice.ch/homme-pas-fait-pour-etre-assis/
« Un tapis de marche installé sous votre bureau peut faire une vraie différence Le Bureau de Marche permet de concilier le besoin de bouger et le travail de bureau. Il ne s’agit pas de marcher toute la journée: 30 minutes, 1 heure, 2 heures, chacun choisira le temps de marche qui lui convient. Ce qui est certain c’est que pendant ce temps vous aurez à la fois avancé dans votre travail tout en marchant quelques milliers de pas. » Publicité.
Au lieu d’aller tranquillement au bureau à pied, saluant le ciel, la vie, piétons, oiseaux et plantes, au passage.
Les prochains textes : Chemins 1 et 2, porteront sur les chemins : les routes elles-mêmes, les travaux publics, sont très émetteurs de CO2.
Biens et services personnels ? Equipement, habillement, loisirs.
Pas question d’aller nus, sous-équipés, et sans loisir, bien sûr, quoique …
Mais définir quel habillement, venu d’où, et comment ? utilisé combien de fois ? et pourquoi pas recycler les tissus ? il y en a qui font cela très bien : https://laroue.org/listing/eclectic-lisa-land/
Quel équipement ?
Parle-t-on là de téléphones ?d’électro-ménager ? d’outillages divers ? de meubles ? voilà un terme bien vague. Essayons de ne rien acheter dans un premier temps : de toute façon il n’y aura bientôt plus de grandes surfaces pour y être soumis à la tentation (je vous dirai ce qu’elles sont devenues).
Loisir ? jouer au ballon, ou aux échecs n’a pas l’air bien gourmand en énergie, lire encore moins. De quels loisirs parlent-ils ? Faire vrombir sans fin un scooter sur la mer infinie ?
Alimentation ?
Ce qui est émetteur, c’est l’élevage, surtout de bovins, au niveau mondial :
Les poulets, en plein air, pourquoi pas, pour les œufs surtout : c’est beaucoup moins émetteur, six fois moins que l’agneau ou le bœuf.
Il ne m’appartient pas de dicter ici un régime, mais définir des jours de fête, où l’on mange autrement, plus richement, comme disait Henri IV, « une poule au pot le dimanche », c’est à la fois se donner un rythme, et distinguer le jour de fête comme différent, dans son menu, comme dans le partage, et cela même nous manque. Au lieu des 87.5 kg par an, comme aujourd’hui en France, 150 g x 52 semaines font 7.8 kg, soit 11 fois moins, par exemple. Mais j’ai plein d’amis végétariens…et je les comprends parfaitement.
Comment produire notre nourriture avec moins de tracteurs, moins de transport, moins d’industrie chimique : vaste sujet, qui sera traité en son temps, à commencer avec les articles Clairières 1 et 2.
Services publics : santé, éducation ?
Il y aura des textes consacrés à la pédagogie.
Pour ce qui est de la santé, je bois à la vôtre, en attendant ! Là se limitent mes compétences.
Voilà bien des pistes lancées, et à peine effleurées … patience.
Allons maintenant voir la vie des trois familles prises par l’ADEME comme témoins des changements, dans l’an 2050.