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Billet de blog 9 décembre 2024

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En lieu et place des fictions concoctées par l’Ademe et ses mille salariés,

https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/visions-energie-climat-2030-2050-partie-1-2014-8102.pdf

 pour nous faire miroiter un changement possible pour 2050, mais dans un monde immobile, ce qui est en effet pure fiction, voici les trois solutions variantes illustrant des modes de vie alternatifs, d’abord selon l’Ademe, et dans l’article du Monde, et puis dans des villes construites suivant les « codes génétiques » que nous avons commencé à définir, et continuerons à établir : ce sera juste une fenêtre entrebaillée donc, sur un futur envisageable, comme une récréation, avant de poursuivre le travail. Nous sommes donc en 2050 :

Version Ademe :

« Philippine et Abel, la quarantaine, deux enfants, résident dans une maison à énergie positive – isolation en fibres végétales, ventilation, pompe à chaleur, toiture et vitrages équipés de cellules photovoltaïques – qu’ils partagent avec deux autres familles. Ils cultivent un petit potager. Pour se déplacer dans leur ville moyenne, en complément des transports en commun, ils possèdent une vieille voiture hybride rechargeable, en auto-partage. Pour leurs vacances, ils ont programmé de longue date un grand voyage en Chine, pour lequel ils ont obtenu de leurs employeurs la possibilité de cumuler leurs congés payés. » Le Monde

La nôtre :

Teata et Abel, la quarantaine, deux enfants, résident dans un quartier.

Teata vient des Iles Kiribati, qui sont aujourd’hui signalées dans l’Océan Pacifique par une bouée, pour éviter d’ajouter des naufrages à l’exil forcé de tous les habitants.

Elle a rencontré Abel pendant le chantier de la maison d’un voisin, où ils sont allés aider à damer le pisé.

Leur maison à eux, qu’ils ont faites aussi en pisé, n’est pas à énergie positive, mais ils ont peu de besoins d’énergie. Il n’y a pas de toitures ni de vitrages photo-voltaïques, sur la maison qu’ils partagent aussi avec deux voisins, car trop chers, trop coûteux en énergie grise et produits trop loin. Ils cultivent un potager assez grand, car le temps ne leur manque pas. Ils sont dans une ville qui intègrent les potagers, et ne passent ni temps, ni énergie à se rendre en ville : tout est accessible dans un rayon de 2.5 km, soit une demi-heure à pied. Ils aiment marcher : ainsi, on rencontre les voisins, et on se parle. Ils n’ont pas de voiture, et s’en passent. Pour les vacances, ils ne savent pas s’ils ne vont pas rester chez eux : après tout on y est bien, et Teata a assez voyagé comme cela, depuis les îles Karibati, imaginez ! Faire qu’ici soit aussi bien qu’ailleurs, où l’on n’ira jamais, est assez excitant comme cela.

Version Ademe :

« Léa, 30 ans, vit seule avec sa fille en périphérie urbaine, dans un quartier autrefois difficile qui a fait l’objet d’un programme de rénovation, avec un centre-ville rapidement accessible en tramway, en bus, en vélo ou en voiture en libre-service. Son logement social a été entièrement réhabilité pour réaliser des économies d’énergie. Elle se fournit en produits frais auprès d’associations pour le maintien d’une agriculture paysanne. Cet été, elle projette de passer une semaine ou deux en camping, au bord de la mer. » Le Monde

La nôtre :

Hêlin : ce nom veut dire « nid ». C’est le nom d'une femme kurde de 30 ans, née en 2020. Ses parents l’ont appelée ainsi en mémoire de Hêlin Bolek, morte d’une grève de la faim cette année-là. Elle a finalement trouvé un nid à elle. Il est en bordure d’une nouvelle ville, donc quasi dans les arbres. Quel raffut d’oiseaux le matin !  C’est un peu à la montagne, comme au Kurdistan, mais ici l’été est bien plus frais qu’au Moyen Orient, où le thermomètre dépasse désormais les 50° bien trop souvent : qui peut survivre  à ça ? Pour elle,  qui a tant marché, le kilomètre quotidien pour accompagner sa fille à l’école est une plaisanterie, agréable, car il n’y a aucune circulation sur la route : juste quelques ânes, qui lui rappellent son pays natal. Elle travaille à fournir en produits frais ses voisins : elle a acclimaté en France quelques façons de cultiver avec peu d’eau, qui sont devenues bien précieuses. L’été, la rivière qui passe dans la vallée est devenue le rendez-vous de toutes les familles, et sa fille adore jouer avec les cailloux : tout le monde dit que ce sera une excellente maçonne : du boulot, elle en aura : la ville est loin d’être finie. Les vieux disent qu’il faut un siècle pour cela, mais que ce qui existe, est déjà beau : ils en ont rêvé depuis 30 ans.

Version Ademe :

Isabelle et Olivier, octogénaires, ont quitté leur maison, trop grande et trop chère à entretenir, pour une résidence rurale où cohabitent plusieurs couples de retraités, au centre d’un bourg. Mutualisant certains services (visites d’infirmière, aides à domicile) avec les autres résidents, ils entretiennent un potager avec composteur, qui leur fournit fruits et légumes, se font livrer leurs courses en commun par camionnette électrique et, pour leurs déplacements, utilisent une navette intercommunale fonctionnant au biogaz. »Le Monde

La nôtre :

Isabelle et Toumani sont octogénaires, et se sont un peu rétrécis avec l’âge. Du coup, ils habitent une toute petite maison, qui est comme un vêtement, mais un vêtement avec deux personnes dedans, on y est bien, surtout quand il y a de la musique, et il y en a ! Ils disent : « on est au centre ». Mais tous disent la même chose, car cette ville a son centre partout, et sa circonférence nulle part, comme dirait Pascal . Drôle de ville : les infirmiers sont aussi jardiniers le matin, et ils apportent des carottes, en venant faire les soins. Toumani apprécie : à 80 ans, il en a trop fait du jardinage, et préfère écrire des chansons qu’il joue à la kora (il est malien, vous l’ai-je dit ?). Isabelle l’accompagne au violoncelle, en attendant la navette, qui est tirée par un cheval gris, nommé Luigi. Luigi adore les carottes, lui aussi. Il est italien, par ailleurs : il y en a eu, des voyages, dans la vie de tous… Vous savez tout, maintenant.

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