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Billet de blog 11 avril 2025

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Trace 202-Exils climatiques 4

« Aujourd’hui, on reste dans une logique strictement réactive envers les migrations comme envers les impacts du changement climatique. On refuse l’idée d’organiser les choses et on n’accepte pas de tenir un discours politique qui soit un discours d’organisation. » François Gemenne. Ce qui motive ce présent parcours des Traces.

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Les réfugiés climatiques sont  en augmentation : https://www.oxfamfrance.org/migrations/vers-une-augmentation-croissante-du-nombre-de-refugies-climatiques/

Tournons-nous vers François Gemenne , ici dans une interview récente à REGARDS , du 1er septembre 2022 : http://www.regards.fr/actu/article/partir-est-un-droit-fondamental

François Gemenne , membre du GIEC, est directeur de l’Observatoire Hugo consacré aux migrations environnementales à l’université de Liège, https://www.ulb-cooperation.org/fr/actualites/hugo-observatoire-mondial-des-migrations-environnementales/

« L’idée selon laquelle l’Europe est au bord de l’implosion et qu’elle n’a pas de capacité d’accueil des réfugiés est dominante. » FG

REGARDS : Cette perspective s’inverse avec la crise ukrainienne…

« On découvre aussi que des pays hostiles à l’accueil font aujourd’hui preuve d’une grande générosité : la population de Varsovie a augmenté de 20% avec l’arrivée des réfugiés ukrainiens. C’est le cas aussi en Slovaquie et, dans une moindre mesure, en Roumanie ou en Hongrie. On voit donc que les lignes sont en train de bouger. Par exemple, l’idée d’héberger des migrants – qui a été longtemps criminalisée – est devenue une politique publique. On lance une application pour héberger, on demande aux gens de se porter volontaires, la solidarité européenne s’est mise en place en un temps record. » FG

« Il y a aussi l’effet de la communication : aux yeux des Européens, les Ukrainiens étant des héros de guerre, l’accueil constituerait une participation à l’effort de guerre. Enfin, les réfugiés sont en majorité des femmes et des enfants. Ces spécificités expliquent en partie cet élan, en comparaison de la guerre en Syrie, mal comprise par les Européens. Enfin, il y a une question plus fondamentale de racisme.  » FG

« Les catégories juridiques déterminent un jugement normatif. Les Syriens ont été appelés « migrants » et les Ukrainiens « réfugiés » – alors que techniquement, ils n’ont pas le statut de réfugiés, mais sont protégés par la directive sur la protection temporaire. » FG

« Le classement des gens selon leurs motifs de migration est une façon de justifier nos politiques européennes d’accueil très restrictives plutôt que de décrire la réalité sur le terrain. » FG

« Le premier quinquennat Macron est un quinquennat de très grande régression du droit des étrangers et des politiques d’accueil et d’hospitalité. » FG

« Qui se bat, aujourd’hui, pour ce qui est selon moi la première des injustices, celle du lieu de naissance ? Votre vie est déterminée par le fait que vous naissiez sur la rive nord ou la rive sud de la Méditerranée : personne ne se bat contre cela. Il faut pouvoir revenir à la Déclaration universelle des droits de l’Homme, article 13, alinéa 2 : « Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien. » On doit pouvoir dire et assumer l’idée que toute personne a le droit de s’installer dans tout pays. » FG

« Le problème actuellement, tant à gauche qu’à droite, est l’incapacité à penser une politique d’immigration car on considère que l’immigration est une forme d’anomalie politique, venant casser les codes du traité westphalien selon lesquels une population serait nécessairement attachée à un territoire. On ne parvient pas à accepter que l’immigration soit un élément structurel du monde qui a toujours existé et existera vraisemblablement toujours. » FG

« D’abord, je pense qu’une des erreurs fondamentales consiste à penser, systématiquement, que l’ouverture des frontières va provoquer plus de migrations. Les études historiques, sociologiques et prospectives montrent qu’elle se traduit par les mêmes niveaux de migrations, mais dans de meilleures conditions. Si l’on ouvrait les frontières, les gens arriveraient en vie à destination sans avoir subi de violences physiques ou psychologiques pendant leur traversée. Ils arriveraient sans s’être délestés de toutes leurs économies et seraient moins dépendants des aides des pays d’accueil. L’ouverture permet aussi de démanteler largement l’industrie des passeurs et des trafiquants. Les personnes arriveraient aussi plus enthousiastes dans le pays d’accueil, ce qui faciliterait leur insertion dans le tissu social et économique. Cela permettrait donc de mieux les considérer comme faisant désormais partie d’une communauté nationale. » FG

REGARDS : « Brigitte Fontaine, lors de la mobilisation pour l’accueil des migrants en octobre 2018, avait dit : « Bientôt, frères humains, il fera si chaud qu’on grillera comme des harengs. On se précipitera vers les Eskimos et les Lapons qui nous recevront avec des barbelés et des kalachnikovs. Et ça sera bien fait pour nous. » 

« Aujourd’hui, on reste dans une logique strictement réactive envers les migrations comme envers les impacts du changement climatique. On refuse l’idée d’organiser les choses et on n’accepte pas de tenir un discours politique qui soit un discours d’organisation. » FG

C’EST EXACTEMENT CE REFUS EUROPEEN D’ANTICIPER CE QUI EST PLUS QUE PREVISIBLE QUI EST A LA NAISSANCE DE L’ACTUEL PROJET .

« En 2021, neuf pays de l’Afrique de l’Est ont décidé de créer une zone de libre circulation entre eux – une sorte de Schengen est-africain –, notamment pour faciliter les mouvements migratoires liés au changement climatique et pour éviter les tensions aux frontières. » FG

 « Je suis également frappé de voir qu’on considère les ministres et les politiques du Sud comme des incompétents notoires, corrompus, alors que sur les sujets migratoires et climatiques, ils sont bien plus en avance, pour leurs capacités d’anticipation et d’organisation, que les responsables politiques européens. Dans ces pays, il y a une acceptation que les migrations constituent une transformation structurelle des sociétés et qu’il faut les organiser et les anticiper. En Europe, on s’en tient à une approche strictement idéologique – parfois simplement sondagière – de l’immigration. » FG

« On doit se battre sur la question du droit à la mobilité, laissée complètement en déshérence. Si l’on pense à la Convention de Genève, par exemple, il faut bien réaliser qu’il s’agit à l’origine d’une convention pour gérer le problème des réfugiés juifs après la seconde guerre mondiale. On en fait aujourd’hui une sorte de pierre angulaire du droit international mais, au départ, il ne s’agit que d’un arrangement entre grandes puissances pour gérer un problème spécifique. Aujourd’hui, il y a une urgence à développer d’autres formes de protection. Malheureusement, dans le climat politique actuel, ce serait un suicide politique que de vouloir réviser la Convention de Genève – parce qu’elle tient encore peu ou prou. Mais on doit absolument développer une série de protections complémentaires à côté de cette convention. » FG

Convention de Genève arrivée 15 ans trop tard ! Faisons mieux .

« Pour les déplacés environnementaux, on a créé l’agenda de protection de l’initiative Nansen, adopté par cent dix gouvernements en octobre 2015. Il a donné naissance à une nouvelle plateforme internationale : « The Platform on Disaster Displacement », consacrée aux déplacements consécutifs aux catastrophes… La France a même une ambassadrice dédiée aux réfugiés climatiques, Caroline Dumas.. La France s’est donc engagée à donner des protections et des droits à l’information aux personnes en exil climatique. Il n’existe cependant pas encore de statut de réfugié climatique en France : nous avons besoin de faire vivre et de faire connaître les textes sur lesquels la France est engagée. » FG

On peut donc lire que, sous la direction de Mme Dumas , l’OIM a consacré UNE HEURE ENTIERE au sujet , le 1er mars dernier,: https://www.iom.int/sites/g/files/tmzbdl486/files/idm/2022/ordre-du-jour-idm-28-fevrier-2-mars.pdf : PANEL 3 : MIGRATION, ENVIRONNEMENT ET CHANGEMENT CLIMATIQUE : DE L’ADAPTATION AUX VOIES REGULIERES : « Questions proposées pour orienter les débats : • Quelles sont les possibilités qui s’offrent aux gouvernements en ce qui concerne les voies de migration régulières dans le contexte des catastrophes, du changement climatique et de la dégradation de l’environnement ? • Comment faire de la migration une solution pour fuir les catastrophes mortelles et s’adapter au changement climatique ? • Comment les États peuvent-ils mettre en œuvre de manière cohérente les engagements énoncés dans le Pacte mondial sur les migrations, l’Accord de Paris et le Cadre de Sendai ? • Comment mesurer les progrès accomplis en ce qui concerne la migration dans le contexte des catastrophes, du changement climatique et de la dégradation de l’environnement ? • Quelles sont les difficultés auxquelles se heurte la mise en œuvre de l’objectif 2 du Pacte mondial – Lutter contre les facteurs négatifs et les problèmes structurels qui poussent des personnes à quitter leur pays d’origine – dans le contexte des catastrophes, du changement climatique et de la dégradation de l’environnement ? Quels sont les progrès réalisés par votre gouvernement ? • Quelles sont les difficultés auxquelles se heurte la mise en œuvre de l’objectif 5 du Pacte mondial – Faire en sorte que les filières de migration régulière soient accessibles et plus souples – dans le contexte des catastrophes, du changement climatique et de la dégradation de l’environnement ? Quels sont les progrès réalisés par votre gouvernement ? • Quelles voies régulières votre gouvernement a-t-il créées/mises en place pour la migration dans le contexte des catastrophes, du changement climatique et de la dégradation de l’environnement ? • Que fait votre gouvernement pour atténuer les catastrophes, le changement climatique et la dégradation de l’environnement et y faire face ? » OIM

Pour le moment pas de nouvelles des réponses…. En attendant, visite des Indiens d’Amérique.

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