Suite aux transports terrestres, il sera maintenant question de transports intercontinentaux. La mer donc, cette mer unique, comme les voient les poissons….Une, mais où les frontières invisibles, tuent.
Alors que les navires représentent 13 % de la consommation d'énergie du secteur des transports en 2019, contre 7 % pour les avions, les armateurs cherchent à réduire leur empreinte carbone, en fait surtout améliorer leur image de marque.
Ceci passe par du GPL, et du méthanol « propre », donc de la sale déforestation, sans parler de la pollution extraordinaire engendrée par ce trafic intense, ces millions de tonnes d’acier : les bateaux de 230 000 tonnes, ou plus, se multiplient, 381 ont été commandés en 2021 et il y aurait pénurie de conteneurs , les 500 millions actuels ne suffisant pas : les 7,87 milliards d’humains tiendraient tous dans ces containeurs, à raison de 16 personnes par boite, et 2m2 par personne, pour juste donner une idée…
Ces porte-containeurs apportent tout ce que nous devons parait-il faire venir de si loin : vêtements, acier, machines, électronique…. après l’avoir produit ici, il n’y a guère.
De quoi avons-nous donc besoin, qui doit venir rapidement de l’autre bout du monde ? Pour notre vie quotidienne, pain, légumes, fruits et fromages produits localement suffisent à notre bonheur.
Les navigateurs ont cherché la route des épices, et aussi de l’or. Toutes substances qui se conservent assez bien pour subir un voyage lent. L’organisation des chaînes d’approvisionnement a été évoquée Trace 100, avec Anna Tsing. C’est bien la recherche des flux tendus, pour augmenter le profit, qui nécessite ces voyages rapides. Je peux attendre un sac de café plus longtemps : il suffit de le commander plus tôt. La plupart de ce qui transite ainsi dans les cales peut attendre quelques semaines de plus….C’est sur ces bases de lenteur que se sont développées des idées de retour à la voile :
https://reporterre.net/Le-transport-de-marchandises-a-la-voile-a-le-vent-en-poupe
On peut ainsi consulter :
“Pour forcer le mouvement, l’idée de développer un transport fonctionnant au vent, énergie inépuisable, gratuite et non polluante, séduit depuis plusieurs années. Sa mise à l’eau est plus récente. En novembre, l’entreprise Grain de sail a été la première à lancer un « voilier-cargo » de type moderne. Quinze mille bouteilles de vin ont fait le voyage vers New York, quarante tonnes de cacao feront le voyage retour à destination de leur chocolaterie de Morlaix. Autre solution : passer directement par des armateurs, ces compagnies spécialisées dans le voilier-cargo. Parmi celles-ci, Neoline présente le plus gros projet de voilier. Grand de 136 mètres de long, large de 24, le Neoliner sera capable de transporter 11.000 tonnes de marchandises avec son voilier lourd de 5.000 tonnes. Un cargo à voile plus qu’un voilier-cargo, pour certains concurrents, prévu pour 2023. « C’était à peu près la taille du France II, dernier voilier de ce style au début du XXᵉ siècle », dit Jean Zanuttini, président de Neoline. « La véritable révolution pour nous, c’est l’utilisation de routages, de nouvelles technologies permettant de prendre les meilleures routes avec les meilleurs vents. »
« Du reste, de Neoline aux Frères de la côte, tous les acteurs se retrouvent sur des préceptes simples : consommer moins, être plus local, constituer des flottes de navires de plus petites tailles. Quoi qu’il advienne, les voiliers ne pourront jamais concurrencer les porte-conteneurs. Le plus grand, le MSC Gülsün, est long de 400 mètres et capable de transporter 23.750 conteneurs. En comparaison, le navire pilote de Neoline pourra en transporter 280. Des rapports sans équivalent, expliquant les prix imbattables du transport par les navires classiques. « Attention tout de même, le transport massifié de porte-conteneur aussi est fragile », souligne Jean Zanuttini, de Neoline. L’ancien de la marine marchande rappelle que ces navires ne peuvent circuler qu’à condition d’être remplis. En d’autres termes, si une production locale se développe, ils n’ont plus lieu d’être. Un facteur d’espoir pour les pirates comme pour les nouveaux patrons de voiliers-cargos. » Reporterre
Nous ne rêvons pas ici de recommencer avec des navires en bois, gréés de voiles en coton bio, avec cordages de chanvre…. C’est à un problème d’échelle et de réflexion sur les besoins que ceci veut mener : que l’on s’imagine les arsenaux de Venise, capables de sortir 100 galères en deux mois, il y a quatre siècles. Combien de forêts furent alors décimées, continuant ainsi une histoire de la Méditerranée, où puissances commerciales et militaires se payaient de destructions des forêts, des Phéniciens à l’Espagne du XVIème siècle ? Ce passé là aussi fut destructeur…
Aussi nous faudra-t-il produire ici de nouveau ce qui ne viendra plus de Chine, ou du Bangladesh …s’il reste encore un Bangladesh. Et transporter moins.
Et nous ? Nous, qui faisons partie de l’infime minorité de la population mondiale pouvant nous rendre dans presque tous les pays de la terre, pressés de vérifier que les chutes du Niagara coulent toujours, ou, pire encore, d’aller voir l’Antarctique ou le Groenland avant que n’ y fonde la glace, comment irons-nous encore si loin ?
Et bien, nous irons en bateau à voile. Et pour ceux qui ont le mal de mer ? Un avion solaire, puisqu’au-dessus des nuages, il fait toujours beau, même si parfois c’est un peu venté.
« Plus qu’un exploit dans l’histoire de l’aviation, c’est un exploit dans l’histoire des énergies renouvelables, a déclaré Bertrand Piccard en débarquant de l’aéronef. C’est maintenant à votre tour d’aller plus loin ! Bertrand Piccard parie que d’ici dix ans, nous aurons des avions électriques embarquant une cinquantaine de passagers pour des vols courts et moyens courriers, écrit-il sur son blog » Le Monde, en juin 2016
Encore 5 ans d’attente, donc, aujourd’hui, mais ça avance :
“Grâce à l’énergie solaire et aux énergies renouvelables, nous pouvons faire des choses qui sont impossibles avec les énergies fossiles, assure Raphaël Domjan, interrogé par L’Usine Nouvelle. Le meilleur moyen d’aller en haute altitude est en avion électrique et solaire. Avec un avion thermique, il faut bien sûr de l’essence mais aussi de l’oxygène. Plus on monte avec un avion thermique en altitude, moins il y a d’oxygène donc le rendement du moteur diminue. Avec un avion électrique, le moteur est toujours au maximum de sa rentabilité. Il y a un autre avantage en avion solaire : plus nous montons, plus nous avons d’énergie car le Soleil traverse moins d'atmosphère.” L’Usine Nouvelle 19 aout 2020.
Hommage à Raphael Dinelli , qui au mépris du danger , travaille sur le projet Eraole : un biplan solaire qui peut transporter des passagers .
https://www.transtech.fr/projets/eraole/
“Eraole représente l’aviation du futur, respectueuse de notre environnement. Son design et ses performances en font une machine exceptionnelle unique au monde. Sa traction est assurée par deux moteurs électriques, et une centrale électrique multi-hybride produit de l’électricité à bord de l’avion avec des énergies renouvelables et propres. Les différentes sources de fonctionnement de l’Eraole sont l’énergie solaire, une huile végétale issue du recyclage de déchets de végétaux, du dopage à l’hydrogène et l’excellente finesse de l’avion. Cette chaine de traction permet ainsi de réaliser des vols de longue durée en toute sécurité. » Transtech
En toute sécurité …. Bon, nous espérons un bon rétablissement à l’inventeur !
J’ai maintenant assez prouvé que je ne suis pas le passéiste que l’on pourrait croire…même si, me direz vous, avec ces biplans, on ne pourra pas aller bien loin, ni nombreux : et alors ?
Qu’est-il besoin d’aller aussi loin ? Quand on peut voyager, comme Xavier de Maistre, autour de sa chambre, que l’on soit confiné ou pas : « Il est très-sûr, me disais-je, que les murs de ma chambre ne sont pas aussi magnifiquement décorés que ceux d’une salle de bal : le silence de ma cabine ne vaut pas l’agréable bruit de la musique et de la danse ; mais, parmi les brillants personnages qu’on rencontre dans ces fêtes, il en est certainement de plus ennuyés que moi. » X. De Maistre
Car, enfin, si voyager c’est, comme l’écrivit Montaigne, « limer sa cervelle avec celle d’autruy », que ne laissons-nous pas, au lieu d’envisager de luxueux (pour la planète s’entend) voyages, venir à nous ceux pour qui les traversées sont question de vie ou de mort ?
ll s’agit, plus que tout, en guise de voyage, de développer une certaine forme d’attention au lieu où nous sommes. Quitte à le transformer en un résumé des voyages possibles, ou des voyages bouclés, comme le fit l’empereur Hadrien à la Villa Adriana : la villa évoque par son architecture les ouvrages et les sites qu'Hadrien a vus lors de ses nombreux voyages…Plus loin, les jardins japonais contiennent sur quelques mètres des allusions à de vastes paysages connus.
L’attention, ce sera-là le thème des deux prochaines Traces : A quoi sert la vitesse ? Je ne sais. A quoi sert la lenteur ? A l’attention.