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Billet de blog 17 février 2025

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Trace 156-Synthèse 11

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Accueillir dignement des millions de réfugiés dans une Europe en proie à la fois aux bouleversements climatiques et à de sévères restrictions concernant l’usage des carburants fossiles ? Tel est, extrêmement résumé, l’argument central de cette recherche, initiée en mai 2020. Je ne pensais pas alors que de telles conditions pouvaient survenir aussi vite, pensant à une échéance vers 2050. Pourtant nous y sommes presque :

Les marchands de gaz, essence et électricité eux-mêmes nous demandent de consommer moins :

https://www.lejdd.fr/Societe/tribune-nous-devons-collectivement-agir-sur-la-demande-en-energie-4119737

L’Italie est dès juin, menacée par la sécheresse :

https://www.lemonde.fr/international/article/2022/06/27/en-italie-une-secheresse-historique-affecte-la-production-agricole-et-energetique_6132164_3210.html

Et les courageuses familles d’accueil en France se lassent déjà d’accueillir les quelques 100 000  réfugiés Ukrainiens, sur les 5.2 millions ayant dû fuir leur pays.

 https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/06/27/hebergement-des-ukrainiens-les-limites-de-l-accueil-a-domicile-quatre-mois-apres-le-debut-de-la-guerre_6132199_3224.html

C’est dire l’urgence de cette recherche transversale, quand, bien souvent, les trois thèmes sont traités abondamment mais séparément. Quelques repères sur les 24 dernières Traces, qui vont d’économie en sociologie, de préservation des sols  aux technologies énergétiques, jusqu’à l’usage de nos déjections, en suivant un itinéraire moins hasardeux qu’il n’y paraît.

  1. Economie 1

A travers philosophie et  littérature, de Montaigne à Socrate, de Lewis Carroll à Gilles Deleuze, Sandra Lucbert, dans «Ministère des contes publics »(2021), montre quelle fiction est en marche, en quel rêve nous sommes pris quand on nous parle de la dette, qu’elle nomme  LaDettePubliqueC’estMal.

« Les discours officiels gagnent une consistance de rêves, analysables comme tels. Du moins est-ce notre hypothèse. Gilles Deleuze nous avait avertis : « Le rêve est une terrible volonté de puissance … Si vous êtes pris dans le rêve de l’autre, vous êtes foutus. »SL

Comment la littérature peut faire mieux comprendre ce que l’on nous nomme économie ? « La littérature peut : ramener de l’indicible dans le dicible, figurer de l’infigurable, rétablir des prédicats effacés.  Le reste : retrouver taille collective et terminer le jeu, ce n’est pas dans un livre. » SL

  1. Economie 2

Hélène Tordjman, avec « La croissance verte contre la nature » (2021), analyse quelques traits de l’idéologie techniciste, au pouvoir en Europe. Tordjman situe le cadre des « innovations » promises : « Les « solutions » envisagées aujourd’hui pour répondre à la crise écologique témoignent du rapport à la nature qui domine nos sociétés, rapport caractérisé par une volonté de maitrise, une instrumentalisation de toutes les formes de vie sur terre, en sus d’une foi inébranlable dans le mécanisme de marché. Or c’est justement une telle perspective anthropocentrique qui a engendré la catastrophe écologique. »HT

La finance comme guide de l’humanité ? « Lorsque la spéculation domine, il n’y a aucune raison pour que ces mouvements indiquent aux financiers quels sont les investissements socialement avantageux. Les marchés financiers sont aveugles et structurellement incapables de contribuer au bien commun. Dans l’architecture actuelle des marchés, la finance verte est vouée à l’échec. » HT

Avis !

  1. Ages 1 : les vieux.

Dans « Réparons le monde » (2021), Corine Pelluchon  rappelle quel bouleversement de nos conceptions  cela suppose : entre autre, l’abandon de l’ « éthique de l’autonomie » : « La dignité d’une personne est donnée, elle n’est pas subordonnée à la possession de la raison, du langage articulé et de la mémoire et n’est pas relative à mon point de vue. » CP

Sortir du modèle économique dominant s’avère nécessaire : « Reconnaître les services que rendent les personnes âgées quand elles s’occupent de leurs petits-enfants et qu’elles contribuent à la transmission de la culture et des savoir-faire est déjà un acte politique. Mais pour tenir ces promesses, cela exigerait de rompre complètement avec le modèle fordiste qui sépare la formation, le travail et la retraite, condamnant à l’invisibilité les retraités et ne leur offrant comme seules perspectives que la consommation et la distraction. » CP

  1. Ages 2 : Enfants

Deux exemples entre mille , entre angoisse et solutions :

Belle colère de Greta Thunberg devant l’assemblée de l’ONU :

« Vous venez tous nous demander d'espérer à nous les jeunes. Comment osez-vous ? Vous avez volé mes rêves et ma jeunesse avec vos mots creux. Et encore, je fais partie des plus chanceux ! Des gens souffrent, des gens meurent, et des écosystèmes s'écroulent. Nous sommes au début d'une extinction de masse, et tout ce dont vous parlez c'est d'argent, et de contes de fées racontant une croissance économique éternelle. Comment osez-vous ? »

Et un parlement d’enfants à Tilonia au Rajahstan :

«Le contrôle et la supervision des 150 écoles du soir sont assurés par un Parlement des enfants dont les membres sont élus par 3 000 enfants âgés de 9 à 14 ans. Le « premier ministre » forme un cabinet de dix ministres pourvus de portefeuilles spécifiques : éducation, énergie alternative, développement féminin, emploi, intérieur, etc. Les ministres, garçons et filles de 9 à 14 ans, ont le pouvoir de recruter et licencier les enseignants, de visiter chaque école du soir et de faire un rapport au cabinet qui prend toutes les décisions importantes. »

  1. Sols 1

Comment construire, s’il faut construire, en portant le moins possible atteinte au sol ? Diverses solutions sont évoquées, des pilotis aux constructions provisoires, voire biodégradables.

« Commune frugale », (2022), du Mouvement pour une frugalité heureuse et créative, promeut une dissociation de la propriété de l’existant et de l’habitat : « En confiant à des personnes habitant un lieu la responsabilité collective de sa pérennité, par le biais de baux emphytéotiques ou leurs équivalents, la capacité d’agir sur les espaces construits devient une partie du vivre-ensemble. » MHFC

  1. Sols 2

Un détour par l’Ukraine d’il y a 6500 ans, et les villes de la civilisation Trypillia montre des villes de plus de trente mille habitants, faites de maisons de bois et torchis, quasiment biodégradables. Les habitants procédaient même à des destructions, rituelles semble-t-il, de temps à autre : ils n’étaient pas poussés par l’idée de laisser une trace. Qui sait si ce ne fut pas plutôt le souci légitime de respecter le sol sur lequel ils bâtirent ?

  1. Moulins 1 : le vent

« Le gigantisme de l’éolien moderne entraîne – par son insertion dans des campagnes industrielles en déclin et majoritairement constituées des classes populaires – une spatialisation inégalitaire et une territorialisation imposée et conflictuelle à rebours des aspirations initiales défendues par les premiers écologistes et antinucléaires. » Jimmy Grimault, qui résume bien le problème : l’éolien a confisqué la notion d’énergie liée au vent, la réduisant à un modèle dominant. Des alternatives sont à développer. La construction d’un moulin à vent à voilure réglable sur l’ile d’Yeu pourrait en être un beau symbole.

  1. Moulins 2 : l’eau

Si l’utilisation de l’énergie hydraulique est bien la moins polluante possible, il convient aussi de s’interroger sur ses possibles conséquences sur la fragile vie des rivières. L’échelle des projets doit être questionnée pour que le cumul des usages n’entraine pas, réchauffement climatique aidant, la mort de toute vie dans les ruisseaux.

Le texte aura permis de rappeler notre opposition à l’énergie nucléaire…

  1. Solaire 1

Revenons un instant au passé : Dans nos régions tempérées, aux hivers froids, chacun, construisant sa maison, a eu soin depuis toujours de l’orienter vers le soleil, autant que possible. Loin des fièvres de spéculation sur des matériaux clés, qui seront sans doute l’objet des prochains conflits, tentons de dégager des leçons de l’architecture vernaculaire, dans un premier temps, pour une approche lente de la question

  1. Solaire 2

Depuis 500 millions d’années, il est un laboratoire où s’affinent les stratégies pour mieux capter l’énergie solaire, et en tirer de quoi vivre, et faire vivre alentour : ce sont les plantes, de l’algue à l’arbre, passant par mousses et fougères. Rivaliser avec la photosynthèse, ces 500 millions d’années d’expérience, pas possible. Chaque feuille est un chef d’œuvre. Toutes sont différentes. Chacune, suite à la construction de la structure de l’arbre, vient à la place idéale pour capter l’énergie solaire… Si l’on ajoute que l’ensemble de ces dispositions est par ailleurs lui-même toujours mouvement, car en croissance permanente, on imagine là l’intelligence globale mise en œuvre.

  1. Eloge de l’ombre 1

Selon Cyrille Harpet : « Les grands réseaux unitaires et séparatifs des eaux historiquement implantés dans les villes anciennes d’Europe, contreviennent au fonctionnement des écosystèmes (rejets de polluants dans l’environnement), et obligent à des coûts d’investissement et de maintenance élevés. Le modèle qui a ainsi prévalu et qui aura mis un siècle et demi à se mettre en place en Europe semble difficile à développer rapidement dans des villes en pleine explosion démographique. Aussi est-ce un modèle hérité qui est à revisiter à l’heure du processus d’urbanisation mondiale. » CH

  1. Eloge de l’ombre 2

Comment choisir entre toilette sèche, phyto-épuration ? Ces systèmes sont-ils utilisables en zone urbaine ? Comment faire revenir au sol le produit de nos digestions ? La question est loin d’être simple, pourtant de sa résolution dépend sans doute la fin de notre dépendance aux engrais chimiques …

A bientôt pour un nouveau résumé, des Traces 144 à 155.

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