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Billet de blog 17 février 2025

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Trace 157-Synthèse 12

Raymond Williams : « Etre vraiment radical, c’est rendre l’espoir possible plutôt que le désespoir convaincant ».

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Reprenons le résumé des douze dernières Traces : le but général est d’imaginer du possible désirable.

Essayons d’être radicaux, au sens que donne au mot l’essayiste Raymond Williams : « Etre vraiment radical, c’est rendre l’espoir possible plutôt que le désespoir convaincant ».

Trace 144 : En pentes 1

Puisqu’il parait que se réfugier dans des zones montagneuses a du sens, et qu’il faut aussi préserver les terrains agricoles, il nous faudra réapprendre à vivre le long des pentes. Certains villages iraniens ont à cet égard beaucoup à nous apprendre.

« L’une des caractéristiques les plus importantes de Masouleh est que les toits des maisons sont utilisés comme voies d’accès. C’est comme si chaque bâtiment était une cour pour le bâtiment supérieur, et ces cours ont leurs usages sociaux comme marcher et organiser des cérémonies…

L’ensoleillement, la priorité donnée à l’écoulement de l’eau de pluie, la contiguïté appropriée et précise  et le mode de communication ont figuré parmi les critères les plus importants pour la conception de la maison. » Travail étudiant

Ainsi, ce village avec ses caractéristiques  pourrait être une leçon pour son extension future et  celle d’autres villages similaires impliquant les besoins de la vie d’aujourd’hui. 

Traces 145 : En pentes 2

Luigi Piccinato, dans “Urbanistica medievale”(1978),s’exprime sur les villes italiennes , elles aussi souvent construites sur des collines, et suivant de fortes pentes : « Au moyen-âge nous devons reconnaitre la maitrise d’ une vraie et originale technique urbanistique coïncidant avec une esthétique générale : technique des places fermées, des rues et des vues qu’elles offrent, des édifices adossés entre eux, technique de la valeur des terrains, techniques reposant sur une conscience esthétique universelle qui n’est pas l’héritage de quelques artistes comme il adviendra dans les siècles suivants. » LP

Camillo Gubitosi, dans « Siena – Disegno e spazio urbano » (1998) : « Il arrive que, face à des exemples d’architecture spontanée qui résultent d’une activité constructive sans l’appui d’un projet prédéfini, on aperçoive une sensation nette de cohérence structurelle, presque comme si un dessin non intentionnel avait gouverné les formes et les avait disposées selon des configurations géométriques ordonnées.

Un savoir commun a fait ces villes, savoir comprenant urbanisme, géotechnique, architecture, hydraulique,… Savoir exclu des livres où nous l’avons cherché vainement, mais incorporé par les anciens constructeurs. Le défi d’aujourd’hui est de le reconstruire, autrement, patiemment.

Traces 146 : Ré-habiter

Si la France de 2050 est construite à 90% (voire !), il y a un gros travail d’adaptation à faire . L’exemple des amphithéâtres romains montre 4 options claires : servir de carrière pour des matériaux, garder le même usage, être occupé par des logements (arène ou gradins), enfin l’abandon à la « nature ». De la même façon, on peut examiner le sort de ce que nous a légué le XXème siècle, qui a tant construit, avec tant de prétention à dépasser les savoirs anciens, et tant détruit aussi, améliorant sans cesse ses capacités destructrices, sans cependant jamais mettre en relation ces deux faits . Comment cuisiner les restes bâtis de notre civilisation, une fois qu’elle aura chu, voilà le thème de ces deux Traces. Chacun sait que les restes une fois cuisinés peuvent être meilleurs que le plat : ce que nous espérons.

Traces 147 : Ré-habiter 2

Nous nous sommes collés à l’exercice, transformant allègrement les inutiles supermarchés et leurs parkings en étables, les stades en terrasses plantées, les aéroports et leurs avions désormais superflus en autant de lycées agricoles, les millions de m2 de bureaux, à la Défense et partout en logements et jardins ouvriers . Un exercice jubilatoire. La barbarie a du bon, si elle consiste non à apporter la mort, mais à secouer la vie.

« Gazouillez les pinsons à soulever le jour/Et nous autres grinçons, ponts-levis de l'amour » Claude Nougaro

C’est comme si c’était déjà fait même : toutes les idées pour de nouvelles autres transformations sont les bienvenues !

Traces 148 : Re-vivre 1

Quand les diplômés eux-mêmes s’émeuvent du rôle qu’on entend leur faire jouer, c’est bon signe :

« Les diplômés de 2022 sont aujourd’hui réunis une dernière fois après trois ou quatre années à AgroParisTech. Nous sommes plusieurs à ne pas vouloir faire mine d’être fières et méritantes d’obtenir ce diplôme à l’issue d’une formation qui pousse globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours./…/ Nous ne voyons pas les sciences et techniques comme neutres et apolitiques.

Nous pensons que l’innovation technologique ou les start-up ne sauveront rien d’autre que le capitalisme. »

Bravo ! Lucidité nécessaire, même si ce n’est pas suffisant.

Traces 149 : Re-Vivre 2

Si ferment les usines de voitures, d’avions, que feront leurs ouvriers ? La pratique de la perruque nous laisse entrevoir que ce sont bien les ouvriers eux-mêmes qui seront le plus aptes à connaitre quelle nouvelle fabrication envisager, plus conforme à l’état du monde, non pour sauver un emploi, mais pour rester à l’ouvrage. Ce que confirme l’expérience, déjà ancienne, de l’entreprise anglaise Lucas Aerospace : les ouvriers avaient dressé à l’occasion une liste de produits utiles, à fabriquer en lieu et place des armes qu’ils produisaient.

Traces 150 : Traction animale 1

Le contexte : abandonner un point de vue strictement anthropocentrique, et tenter de voir comment partager la Terre et ses ressources entre les hommes et autres animaux non-humains, nos cousins.

Comment s’assurer dans ces conditions que la traction animale, et la relation de domination qu’elle suppose, ne dérive pas, malgré les meilleures intentions du monde, vers de la souffrance, vers un excès de sollicitation, comme ce fut le cas dans notre histoire ?

Traces 151 : Traction animale 2

Pourtant des exemples existent, qui semblent prouver qu’un travail en commun soit possible. Cela suppose que des améliorations soient fournies, que ce soit en matière d’harnachement ou bien d’outillages, à alléger.

Se rappeler  à cet égard que le collier d’épaules, qui a soulagé la souffrance des chevaux au moyen-âge, a pu contribuer à une meilleure alimentation pour tous ; nos intérêts ne sont pas inconciliables. «Le collier d'épaules, rigide, permet de ne pas exercer de compression sur la trachée, tout en préservant la puissance de traction de l'animal. »

  http://www.cheval.culture.fr/fr/page/le_collier_d_epaules

Un témoignage m’a retenu : « Je suis tellement bien avec mes chevaux, tellement bien que j’ai réappris à chanter. On chantait à l’école avant, le prof nous apprenait mais ça c’est perdu et si tu es dans l’agriculture moderne, mais quand est-ce que tu vas chanter ? Tu es stressé et pressé tout le temps. » Hugo Sjongers

Traces 152 : Beauté 1

Si le but reste, comme dit plus haut, d’imaginer du possible désirable, la beauté doit en faire partie. Y compris celle que peut dicter une volonté de sobriété comme ce fut le cas dans un Japon rendu par nécessité conscient des limites de l’archipel, comme nous le sommes aujourd’hui de celles de la planète.

Le concept de Wabi-Sabi, et l’idéal qu’il représenta pour une bourgeoisie japonaise il y a 500 ans peut-il nous guider ?

Traces 153 : Beauté 2

Comment retrouver le gout de la couleur, qui imprégnait temples grecs et romains, églises romanes et gothiques , avant qu’une forme de censure, un peu suspecte , ne nous fasse assimiler bon gout et blancheur absolue : comment nous déjavéliser , en quelque sorte ? Peut-être en retournant au berceau de l’humanité, là où les femmes peignent les murs des maisons.

Traces 154 : Cartographies 1

A la recherche de cartes, nous avons ouvert les atlas.

Un versant de notre terrible réalité est dépeint dans l’ «Atlas de l’Anthropocène » : rien n’y manque : couche d’ozone, bouleversement climatique, atteintes à la biodiversité, pollutions diverses, problèmes démographiques, recours à des institutions toutes plus défaillantes l’une que l’autre … Manque seulement à cet inventaire quelque chose qui pourrait nous faire espérer autre chose qu’une aggravation . Un doute sur la valeur éternelle du capitalisme, de la part des auteurs de ce document émanant de Sciences Po,  qui sait ?

Traces 155 : Cartographies 2

« Cartographie radicale – Explorations »(2021) est bien plus hardi dans ses prises de position. Il s’affronte, contrairement à l’Atlas de l’Anthropocène, à la question des frontières et des murs, montrant leur inanité, et leur rôle meurtrier

Il fait trop chaud dans le monde, on étouffe, ouvrons les frontières, que l’on respire un peu, tel pourrait être le résumé de l’ouvrage.

Par contre, bien des problèmes évoqués dans l’ouvrage précédent semblent absents des préoccupations des auteurs de « Cartographie radicale » : dommage.

Il nous revient de tenir toutes ces brides ensemble, pour reprendre une métaphore liée à la traction animale.

Nous parlerons bientôt  d’espaces publics, de constructions en bois, d’architecture, d’eau encore et toujours, de démographie, d’utopies, de coupe-feux, du développement, si cela existe, des encyclopédistes, de Gaia,  d’improvisation, d’imaginaires : ce projet ne connait pas de vacances. Guerres, destructions de toute sorte non plus.

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