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Billet de blog 19 novembre 2024

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Murray Bookchin est un des rares au XXème siècle à avoir  tiré parti de cette expérience des Communes italiennes, vues précédemment. Ce dont témoigne ici Janet Biehl, qui travailla avec lui :

« Aussi incomplète qu’ait été la démocratisation des communes médiévales, elle réveilla une sphère politique assoupie et la mit en marche pour plusieurs siècles, sur les places et d’autres lieux

publics. En ce sens, ces communes sont un moment important du développement d’une tradition de démocratie directe. » Janet Biehl – Le municipalisme libertaire (2013)

« Bookchin a répé­té à l’envi qu’il n’existait aucun modèle mais seule­ment des ins­pi­ra­tions : Athènes, les com­munes de l’Europe médié­vale, la Nouvelle-Angleterre, le Paris révo­lu­tion­naire ou l’Espagne anar­chiste. »EB-2018

On peut lire « L’écologie sociale »(2020), et tant d’autres traductions de Murray Bookchin…

J’ai choisi des extraits de la revue Ballast, qui résument très bien sa vie et son travail :

D’Adeline Baldacchino :

https://www.revue-ballast.fr/bookchin-ecologie-radicale-et-municipalisme-libertaire/

D’Elias Boisjean

https://www.revue-ballast.fr/le-municipalisme-libertaire-quest-ce-donc/

Quelques extraits donc, de ces deux articles de Ballast :

 « Le pari de Bookchin  car c’en est un  est le sui­vant : la pro­pa­ga­tion libre et volon­taire des muni­ci­pa­li­tés démo­cra­tiques entraî­ne­ra de nom­breux bien­faits tan­gibles et redon­ne­ra un sens aux exis­tences de mil­lions de citoyens jusqu’alors ané­miés, assu­jet­tis, pri­va­ti­sés, abru­tis par le mar­ché de l’emploi et dépos­sé­dés de tout pou­voir, excep­té celui de consom­mer » EB-2018

« À terme, cette confédération communale, Commune des communes fonctionnant en réseau et sans chef unique, a bien pour vocation de remplacer les États-nations et de se doter d’une constitution et de règles « qui soient aussi démocratiques, aussi rationnelles, aussi flexibles, et aussi créatrices que possible. Rejeter une telle constitution […] serait retomber encore une fois dans les jugements arbitraires, fondés sur la croyance mystique en une nature humaine invariable qui est magiquement bienveillante ».AB-2015

« Il faudrait aller voir du côté du Rojava, dans le Kurdistan syrien, comme l’a récemment fait Janet Biehl, ce que peut devenir une société qui se construit consciemment et explicitement sur un modèle politique tiré des travaux de Bookchin. Il faudrait avoir une vision très claire des parallèles à faire entre l’expérience zapatiste au Chiapas et cette tentative kurde. » AB-2015

Oui, il faudra lire, et prendre la leçon des textes parus sur la Rojava, dans la même revue Ballast.

Mais aussi relire le sous-commandant Marcos…nous y reviendrons.

 Pour l’heure, c’est un souvenir de voyage en 2010 à Marinaleda : comme beaucoup, je suis allé à Marinaleda, petite ville de 3000 habitants, en Andalousie, pour voir de mes yeux, échanger avec les habitants, et ramener l’huile de la coopérative.

Nombreux sont les moyens de s’informer sur Marinaleda, village autogéré depuis 1979 jusqu’à aujourd’hui, soit plus 40 ans :

https://www.prendreparti.com/2020/03/10/marinaleda-un-village-andalou-100-autogere/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Marinaleda

https://la-bas.org/spip.php?page=article&id_article=2664

https://toba60.com/marinaleda-il-paese-senza-disoccupati-ne-mutui-da-pagare/

https://www.ambientebio.it/ambiente/green-economy/marinaleda-la-comunita-dove-la-forza-viene-dalla-terra-e-la-disoccupazione-non-esiste/

Pour en rester sur la construction commune de logements, qui n’est que l’un des multiples aspects de cette expérience, voici un extrait de : Imagine_97_marinaleda.pdf :  https://www.cncd.be/IMG/pdf/imagine_97_marinaleda.pdf

« L’assemblée désigne également les bénéficiaires des prochaines maisons en auto-construction, la perle du modèle social développé dans le village pour rendre effectif le droit au logement. Ce système réunit les candidats propriétaires et deux autres parties : la Région d’Andalousie, qui subventionne les matériaux, et la commune, qui prête le terrain et gère l’avancement des travaux. Les futurs propriétaires, eux, fournissent la main d’oeuvre nécessaire pour la construction des maisons. « Les auto-constructeurs se rassemblent pour travailler sur plusieurs chantiers en même temps, explique Eduardo Valderrama, responsable des travaux à la commune. Des équipes se forment pour faire avancer le chantier, et tant que les maisons ne sont pas terminées, aucun des futurs propriétaires ne sait quelle sera la maison qui lui reviendra. Cela garantit un travail bien fait sur tous les chantiers. » Les habitations terminées, les auto-constructeurs paient un « loyer » de 15 euros par mois, qui sert à rembourser les matériaux. Si un jour, un propriétaire décide de vendre son bien, la commune en fixera d’autorité le prix pour empêcher toute spéculation immobilière. Le prix de revente d’une maison auto-construite est celui de la main d’oeuvre mobilisée pour sa construction, rémunérée au barème du village, soit 47 euros la journée. En pratique, personne ne vend. Actuellement, pour 3 000 habitants, Marinaleda compte 350 maisons sociales, dont 200 auto-construites. La crise a cependant ralenti le rythme des constructions, faute d’argent pour payer les matériaux. Des 200 maisons promises par l’avant-dernière administration, seules 25 vont pouvoir être construites. N’empêche, le village est resté l’un des rares endroits où des maisons sortent encore de terre en Espagne. »

 Mais Marinaleda n’a pu renaître qu’une fois réglée par la lutte la question de l’eau :

« Sous la houlette de sa nouvelle majorité, le village va s’attacher à sortir de la servitude. D’abord, il faut trouver de l’eau pour arroser les terres. Le village occupe donc le barrage de Cordobilla pour réclamer sa part d’or bleu. Ce combat, couronné par un premier succès, se révélera fondateur.

«C’est avec cette action qu’est née Marinaleda, reprend Eduardo Valderrama, déjà conseiller municipal à l’époque. On a vu qu’en se mobilisant on pouvait obtenir de l’eau. Pourquoi ne pas essayer d’obtenir la terre ? »

Il sera question désormais de l’eau, qui, dans le contexte de changement climatique, va devenir bientôt le problème principal de l’humanité.

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